Vidéo. Brahim Ghali parle de son séjour en Espagne et joue la carte de l’ignorance

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Brahim Ghali lors d'une interview accordée à la chaîne espagnole Antena 3./DR

Le chef du Polisario, Brahim Ghali, s’est exprimé pour la première fois sur son séjour en Espagne où il était hospitalisé pour cause de Covid. Interrogé sur les conditions de son entrée sur le sol ibérique, il a joué la carte de l’ignorance en se cachant derrière son état de santé. 

Présent lors du sixième sommet Union européenne-Union africaine organisé à Bruxelles les 17 et 18 février 2022, le chef des séparatistes Brahim Ghali s’est prononcé pour la première fois sur son séjour en Espagne, à l’origine d’une crise sans précédent entre Rabat et Madrid.

Ultrasecrète, l’entrée de Ghali à Logroño (ville du nord de l’Espagne), le 18 avril dernier pour y être soigné du Covid, a eu de lourdes conséquences sur le gouvernement de Pedro Sanchez. L’affaire fait actuellement l’objet d’une enquête judiciaire qui dure depuis plusieurs mois.

Une enquête menée par le juge Rafael Lasala, du tribunal d’Instruction numéro 7 de Saragosse, tente d’ailleurs de découvrir les noms de ceux qui ont orchestré cette opération, entachée d’irrégularités. Interviewé par la chaîne Antena 3, Brahim Ghali a refusé de dévoiler des noms. «Mon état de santé m’a empêché d’être au courant (…) je suis rentré sans savoir où j’étais», a-t-il dit.

Le journaliste a insisté, mais le chef des séparatistes n’a rien lâché. «Ne continuez pas sur ce sujet… ma santé était mauvaise… si je le savais, je l’aurais dit mais je ne sais pas, je sais que c’était un geste humanitaire que j’apprécie et je n’en sais pas plus», a-t-il affirmé.

Interrogé par l’agence de presse EFE, Ghali rectifie cette fois-ci ces propos en affirmant que «tout le monde connaît les conditions de (son) arrivé en Espagne. Le motif de (son) accueil était purement humanitaire». Pourtant, ce séjour est entouré de plusieurs zones d’ombre.

Le 18 avril dernier, Brahim Ghali est arrivé en Espagne à bord d’un avion médicalisé affrété par la présidence algérienne aux côtés d’un médecin et d’un de ses fils. Une fois en Espagne, ils ne subiront aucun contrôle et Brahim Ghali sera admis à l’hôpital sous une fausse identité.

Une procédure illégale qui a enclanché un tsunami politico-diplomatique. L’ex-ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya s’est ainsi retrouvée dans le collimateur. Emportée par un remaniement ministériel, elle ne dira toutefois rien devant le juge Lasala, évoquant le «secret d’État» et les «raisons humanitaires» derrière le geste de Madrid sur une demande d’Alger.

Lire aussi: Le PP demande les noms de tous les responsables impliqués dans «l’affaire Brahim Ghali»

«J’apprécie profondément le geste humanitaire du gouvernement espagnol, qui m’a permis d’être soigné à Logroño», a déclaré Brahim Ghali, disant «ne pas se sentir responsable des conséquences de son séjour», bien qu’il les «regrette profondément».

Quant à la procédure judiciaire déjà lancée sur son entrée illégale, il a affirmé qu’il a une «confiance totale dans la justice espagnole». La justice espagnole s’est vue confrontée au mutisme du gouvernement de Pedro Sanchez qui a tenté à deux reprises de classer l’affaire, affirmant que «certains dossiers ne peuvent être divulgués», car ils affecteraient «la politique étrangère de l’Espagne» et pourraient compromettre «les intérêts fondamentaux de la nation». L’enquête n’est toujours pas classée (au moment où nous écrivons ces lignes).

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