Tunisie: les autorités ferment les bureaux d’Ennahdha

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es autorités tunisiennes ont fermé mardi les bureaux du mouvement islamo-conservateur Ennahdha

Les autorités tunisiennes ont fermé mardi les bureaux du mouvement islamo-conservateur Ennahdha dans tout le pays, au lendemain de l’arrestation de son chef, Rached Ghannouchi, suscitant une réaction de forte « inquiétude » de l’Union européenne. 

« Une force de police s’est présentée au siège principal du parti (à Tunis) et a ordonné à tous ceux qui s’y trouvaient d’en sortir avant de le fermer », a affirmé à l’AFP un des dirigeants d’Ennahdha, Riadh Chaibi.

« La police a aussi fermé les autres bureaux du parti partout dans le pays et interdit toute réunion dans ces locaux », a-t-il ajouté. Cette mesure a été prise au lendemain de l’arrestation du chef du parti, Rached Ghannouchi, à son domicile à Tunis.

Par ailleurs, le chef du Front de salut national (FSN), principale coalition d’opposition dont fait partie Ennahdha, a affirmé que la police avait interdit mardi une conférence de presse que son groupe s’apprêtait à tenir pour réagir à l’arrestation de M. Ghannouchi.

« La police a empêché la tenue de la conférence de presse et déployé des barrières devant le siège du parti », a déclaré Ahmed Néjib Chebbi à l’AFP.

Selon une circulaire du ministère de l’Intérieur reproduites par les médias, les réunions dans les bureaux d’Ennhadha sur tout le territoire et celle du FSN dans la région du Grand Tunis ont été interdites à partir de mardi en vertu de l’Etat d’urgence en vigueur dans le pays.

Sans évoquer l’arrestation de M. Ghannouchi, le président Saied, parlant lors d’une cérémonie d’hommage aux service de sécurité, a appelé la justice à « assumer son rôle dans cette phase que le pays traverse ».

« Nous menons une guerre sans merci contre ceux qui cherchent à porter atteinte à l’Etat et à ses institutions », a-t-il ajouté.

L’UE, un partenaire clef de la Tunisie, a affirmé suivre « avec beaucoup d’inquiétude les derniers développements » dans le pays, « notamment l’arrestation hier soir (lundi) de M. Rached Ghannouchi ainsi que les informations concernant la fermeture du siège du parti Ennahdha à Tunis ».

« Pluralisme politique »

Bruxelles a rappelé « l’importance du respect des droits de la défense ainsi que du droit à un procès équitable ». Et concernant la fermeture des locaux d’Ennahdha, l’Union européenne a souligné « le principe fondamental du pluralisme politique », estimant que tous ces éléments étaient « essentiels pour toute démocratie » et constituaient « la base du partenariat de l’Union européenne avec la Tunisie ».

Depuis novembre 2012, la Tunisie bénéficie du statut de partenaire privilégié de l’UE qui l’a accompagnée dans le processus de transition démocratique entamé après la révolution de 2011 en lui fournissant de nombreuses aides et un accès facilité au marché unique européen.

M. Ghannouchi, 81 ans, qui dirigeait le Parlement dissous, est l’opposant le plus en vue à être arrêté depuis le coup de force du président Kais Saied qui s’est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.

Son arrestation survient après des déclarations rapportées par des médias, dans lesquelles M. Ghannouchi a affirmé ce weekend que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si l’islam politique, dont est issu son parti, y était éliminé.

Lire aussi: Tunisie: arrestation de Rached Ghannouchi, chef du mouvement « Ennahda »

Une source au ministère de l’Intérieur citée par les médias tunisiens a confirmé que l’arrestation de M. Ghannouchi était liée à ces déclarations.

Selon M. Chaibi, deux autres responsables d’Ennahdha, Mohamed Goumani et Belgacem Hassan, ont également été arrêtés lundi soir.

Depuis début février, les autorités ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des ex-ministres, des hommes d’affaires et le patron de la radio la plus écoutée du pays, Mosaïque FM.

Le président Saied, accusé par l’opposition de dérive autoritaire, a qualifié les personnes arrêtées de « terroristes », affirmant qu’elles étaient impliquées dans un « complot contre la sûreté de l’Etat ».

Après son coup de force, M. Saied a fait réviser la Constitution pour instaurer un système ultra-présidentialiste aux dépens du Parlement, qui ne dispose plus de réels pouvoirs, contrairement à l’Assemblée dissoute dominée par Ennahdha.

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