Sommet Algérie-Tunisie-Libye: tout ça pour ça?

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Un machin pour supplanter l’UMA ou pour se cloisonner davantage
Rencontre entre les présidents algérien Abeldmadjid Tebboune et tunisien Kaïs Saëd, ainsi que le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes El Menfi, le 22 avril 2024 à Tunis. © Présidence tunisienne

Alors que son projet de mettre en place «un bloc régional» pour supplanter l’Union du Maghreb arabe (UMA) est vite tombé à l’eau, le président algérien Abdelmadjid Tebboune continue désespérément de chercher un certain leadership régional via une nouvelle structure de coopération au Maghreb sans le Maroc et la Mauritanie.

Après une première réunion improvisée en marge du Forum des pays exportateurs de gaz (29 février-2 mars), «une première réunion consultative» entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye s’est tenue hier lundi à Tunis entre le président tunisien Kaïs Saïed, son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune et le président du Conseil présidentiel de libyen, Mohammed El Menfi.

Les trois dirigeants ont convenu, pour un commencement, de constituer des «équipes communes pour sécuriser les frontières communes notamment contre l’immigration illégale».

Selon une déclaration commune lue par le ministre tunisien des Affaires étrangères, Nabil Ammar, les trois pays, qui ont décidé d’«unir les positions et le discours» dans leur traitement de cet aspect, vont «organiser des réunions périodiques consultatives non seulement pour évoquer des dossiers politiques mais aussi économiques et sociaux». C’est tout ce qu’il y a retenir.

Initié par une Algérie de plus en plus isolée à cause de plusieurs crises avec les pays de son voisinage (Maroc, Mali, Niger, Espagne…) et avec sa profondeur arabe (Arabie saoudite et Emirats arabes unis), ce projet destiné, selon les déclarations des officiels algériens –à l’image du MAE Ahmed Attaf– à «combler le vide laissé par une UMA dans le coma», n’est pas à même de déroger à la règle dans les relations maroco-algériennes, que résume le proverbe russe «tel qui creuse un fossé pour autrui, y tombe… lui-même».

Lire aussi. Armement: le Maroc rationalise ses dépenses, l’Algérie les explose

L’Algérie qui fait des pieds et des mains pour «encercler» le Maroc, le couper de sa profondeur africaine, mettre à mal sa position géopolitique et porter préjudice à son économie –quitte à perdre des revenus estimés à des milliards de dollars comme c’était le cas avec la fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe– se prive elle-même des opportunités que peut lui offrir une coopération à minima avec le Maroc.

Quel intérêt pourrait représenter un bloc cloisonné entre Sahel et Méditerranée sans aucune ouverture sur l’Atlantique et dans la région la moins intégrée économiquement du monde?

Alors que le Maroc travaille depuis des années sur le développement d’une vision atlantique commune avec ses partenaires régionaux, notamment avec le Processus des États africains atlantiques, dont la troisième réunion ministérielle a été tenue juillet dernier à Rabat, travaille avec les pays du Sahel pour leur permettre une ouverture sur l’Atlantique et lance le méga-chantier de développement de sa façade atlantique, entre autres, l’Algérie s’obstine à se renfermer.

Pis, après avoir pris sous son aile une Tunisie affaiblie, le voisin de l’est cherche désormais à adosser la Libye à ses desseins qui n’ont fait que retarder l’émergence d’un vrai bloc régional depuis plus de 30 ans. Le dernier sommet des dirigeants de l’UMA, faut-il le rappeler, remonte à 1994.

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