Trouver des toilettes publiques, l’éternel casse-tête des Casablancais

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Toilettes publiques Casablanca croisement bd Lalla Yacout et rue d'Algérie.

Une envie pressante et aucunes toilettes publiques. C’est ce que vivent quotidiennement les habitants de la Casablanca depuis belle lurette. Le sujet des cabinets d’aisances, ouverts au public, a été l’une des priorités de la mairie en 2021, mais le problème semble être au point mort. Il s’agit d’un dossier épineux qui relève du droit et de l’aménagement des espaces publics. A quel niveau se situe le blocage ?

Le «droit de se soulager», un sujet qui peut faire rire, mais qui n’en est pas moins grave. Bien au contraire, c’est un véritable soici de santé publique. Car pour certains, sortir à Casablanca devient un vri parcours du combattant. Surtout pour les personnes atteintes de maladies chroniques nécessitant des passages aux toillettes réguliers et souvent imprévisibles. Avant de s’y aventurer, il faut s’assurer qu’il y a bien sur son chemin. En plus de les trouver, il faut qu’elles soient fonctionnelles.

Des habitants en colère

Si certains ont préféré l’épanchement sauvage dans les rues de la ville dite blanche, par un manque de choix ou un problème de mentalité, d’autres ont opté pour l’option payante. Au lieu de prendre le risque de se faire recaler à chaque entrée d’hôtel ou de café, ils ont choisi de passer à la caisse en se payant des cafés qu’ils s’obligent pour pouvoir accéder aux toilettes. «Il m’est arrivé de payer jusqu’à 15 dirhams un café pour aller aux toilettes alors que c’est censé être un service gratuit», raconte un habitant de la ville.

En effet, les odeurs nauséabondes et les tâches d’urine empestent de plus en plus la métropole. Et avec une surpopulation dont fait face à la ville blanche, le manque des sanisettes se fait davantage ressentir. «Au nom de tous les Casablancais, je sollicite les responsables et dirigeants de la ville de mettre en place des toilettes publiques pour VOS (leursndlr.) compatriotes. Hchouma», déplore, sur le groupe Facebook « Save Casablanca », Asmaa. «Nous les hommes, on arrive à s’en sortir. Je plains surtout les sans-abri, les femmes et les personnes atteintes de maladies chroniques telles que le diabète, qui souffrent du manque des toilettes », lui répond dans un commentaire, un autre habitant de la ville.

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« Trouvez-vous normal qu’à chaque besoin pressant, nous soyons obligés de nous attabler et de consommer dans un café? Trouvez-vous normal que dans une ville de taille comme Casablanca, ce service soit totalement absent? », s’exprime Armand sur le même groupe. Et des postes du même genre sur le réseau social, il y en a énormément. Car pour les Casablancais, la métropole agonise, et négliger la propreté de ses ruelles se veut de la laisser mourir à petit feu. « C’est devenu presque impossible de passer près d’un mur d’école, d’hôpital, d’immeuble, etc sans sentir l’odeur d’urine ou de devoir croiser une personne qui fait ses besoins en plein public. C’est simplement répugnant », raconte Wafaa.

Pourtant, et face à ces plaintes que reçoit la Ville constamment et depuis des années durant, la Commune urbaine de Casablanca avait consacré une enveloppe budgétaire de 3,5 millions de dirhams pour réhabiliter 14 toilettes publiques. Ce qui revient à 250.000 dirhams pour chaque vespasienne. Le Conseil de la ville avait même, bien avant, confié à la SDL Casa Aménagement la mission de construire quelque 128 unités, à nettoyage automatique. Ce marché avait fait polémique en raison de son coût, jugé exorbitant, nécessitant un investissement de 60 millions de dirhams, soit 600.000 dirhams l’unité.

Un problème de financement

« Les seuls blocs sanitaires dont se charge Casa Baïa sont répartis sur six sites : la corniche, la promenade de la mosquée Hassan II, le parc de la Ligue arabe, la Place Mohammed V, le parc urbain du Vélodrome et l’arrondissement El Fida. Les sanisettes automates ne sont toujours pas mises en place car nous attendons que la Commune débloque le fonds qui leur est consacré », explique une source bien informée de la SDL Casa baïa. Et en plus de mettre en place les nouvelles toilettes publiques, Casa Baïa, sera également tenue de recruter des agents, de réparer, d’entretenir ces installations et de fournir des conditions de protection et de sécurité ainsi que des fournitures nécessaires à l’hygiène, telles que du savon, du papier hygiénique, etc.

« Selon la nouvelle convention de mandatement votée au Conseil de la ville dernièrement, c’est Casa Baïa qui a la responsabilité de mettre en place lesdites nouvelles toilettes publiques. Mais nous attendons les fonds pour pouvoir les mettre en place et ensuite pouvoir les gérer », poursuit la même source. Le budget pour ces prestations s’estimait avant entre 5,2 et 10,4 MDH. Le modèle économique de ce projet se voulait de s’appuyer principalement sur les recettes publicitaires. La SDL devait être rémunérée à 10% des revenus publicitaires des toilettes publiques actuellement en phase de projet.

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Sauf que « Casa Baïa a souhaité saisir le marché des publicités en entier. Nous sommes en phase de négociation, car la ville de Casablanca a aussi besoin de cet argent et ne peut donc pas le lui céder en entier », avance Ahmed Afilal, adjoint au maire, chargé de la propreté. « La SDL devra s’autogérer et autogérer ses revenus, car le service sera gratuit. Nous sommes en train de chercher un compromis qui arrangera les deux parties, mais je ne pense pas que la Commune puisse leur donner la main sur la gestion de la publicité puisqu’elle en a beaucoup besoin », ajoute l’adjoint au maire.

Ainsi, le débat sur la propreté de la ville de Casablanca fait rage. Avec davantage de décharges à ciel ouvert, d’espèces nuisibles, de traces d’urine et d’excréments même dans les quartiers les plus huppés de la métropole, la ville blanche semble perdre petit à petit sa couleur. Et face à une telle situation, pour le moins qu’on puisse dire, urgente, une solution s’impose. «Le projet des toilettes publiques à Casablanca va se concrétiser dans pas longtemps. Nous respecterons l’équilibre territorial. Tous les quartiers et préfectures seront servis et il n’y aura pas de favoritisme », conclut Ahmed Afilal.

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