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Rentrée et activités extrascolaires: les parents n’arrivent plus à suivre…
Publié leAvec les différentes crises actuelles (sanitaire et est-européenne) et la hausse d’année en année des frais de scolarisation (multipliées par 3,4 depuis 18 ans), de plus en plus de parents ont du mal à dégager un budget pour offrir des occupations extrascolaires à leurs enfants.
Qui dit rentrée scolaire, dit achats des fournitures, manuels, uniformes et vêtements, mais aussi reprise des activités extrascolaires: football, danse, arts plastiques, théâtre, chant… Sports et loisirs en tous genres sont proposés dans les clubs et centres dédiés, notamment dans les zones urbaines. Mais de plus en plus de parents ont du mal à consacrer un budget pour ces occupations en dehors de l’école. Et pour cause, depuis 2001, les frais de scolarisation ont plus que triplé, passant de 1.277 DH en 2001 à 4.356 DH en 2019 (HCP).
C’est le cas de Houda, mère de deux enfants (12 et 7 ans) scolarisés dans une école française à Casablanca, qui a décidé cette année de ne financer qu’une activité au lieu de deux par enfant. « D’habitude, pour la petite, je prenais un sport et un cours de danse ou arts plastiques. Cette année, on voulait lui prendre tennis et danse mais c’est trop de frais. Depuis deux ou trois ans, on fait le strict minimum », soupire cette maman qui mentionne par ailleurs la nécessité de garder un budget pour l’aide aux devoirs et le soutien en anglais.
« Tout est trop cher, les frais de la rentrée, les fournitures… Ça a explosé. Nous ne sommes pas les seuls à avoir restreint nos dépenses, car quand j’ai voulu inscrire mes enfants, j’ai remarqué que tout était vide. D’habitude au mois de septembre, avant le covid, c’était impossible de trouver une place dans les centres d’activités. Les parents avaient déjà tous inscrits en juillet leurs enfants pour l’année suivante », abonde Houda.
« J’en connais beaucoup qui ont sacrifié l’activité extrascolaire »
Même son de cloche chez Hicham, père de deux garçons de 7 et 14 ans. Il attend de voir si les prix des activités vont baisser d’ici novembre pour pouvoir inscrire ses enfants. « Globalement, la situation est difficile. Tous les prix ont explosé. Chaque année, le prix des écoles augmente un peu crescendo, crise ou pas crise. Cette année, ça s’est empiré. Toutes les fournitures scolaires ont augmenté de prix. Et puis à chaque rentrée, les programmes changent, donc on achète de nouveaux manuels scolaires », commente le père de famille qui compare avec humour la gestion d’un enfant à celle d’une PME.
« Aujourd’hui, un enfant, ça coûte très cher, surtout quand on en a plusieurs. Dans la gestion de cette PME, il faut faire des arbitrages assez compliqués: d’abord assurer la rentrée, les assurances, un mois ou deux de scolarité et sur cette base-là, on peut réfléchir ensuite comment diversifier la vie et l’épanouissement de l’enfant », renchérit-il en regrettant que les activités « deviennent aussi de plus en plus chères, en particulier les bons clubs de foot ».
« Pour deux enfants, ça peut même aller jusqu’à 15.000 DH l’année qu’il faut payer d’un coup. Pour les ménages, ça fait beaucoup, sans compter les équipements », explique-t-il. « J’en connais beaucoup qui ont sacrifié l’activité extrascolaire de leurs enfants ».
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Houda et Hicham se retournent alors vers les activités proposées via l’école. « Depuis l’an dernier, on a mis mon fils à l’AS (association sportive de l’école, ndlr) qui coûte que 600-700 DH l’année », raconte Houda, tandis que Hicham inscrit « de temps en temps » ses enfants aux « petits tournois proposés par l’école » et dont le prix varie entre 250 et 400 DH.
S’associer avec les écoles, c’est d’ailleurs une des solutions qu’a choisie Mohamed Moumni, propriétaire de Kidiclub, un club de sport pluridisplinaire pour enfants à Casablanca, pour baisser ses tarifs et permettre aux parents d’accéder à son offre. « J’ai du baisser mes tarifs entre 20 et 30% par rapport aux montants de 2019. Notre centre s’est également installé dans plusieurs écoles à Casablanca afin de permettre aux parents de pouvoir, sans déplacer les enfants et en payant beaucoup moins cher, continuer de les inscrire à des loisirs », témoigne Mohamed Moumni.
Le but de ces démarches: permettre aux parents de garder deux activités pour leurs enfants. « Ce sont les solutions qu’on a trouvées pour le moment, mais c’est vrai que les parents sont très touchés et notre chiffre d’affaires a beaucoup baissé (50% de celui de 2019). Beaucoup de nos clients ne prennent plus qu’une activité, voire n’en prennent aucune pour ce qui concerne la classe moyenne », développe le propriétaire de Kidiclub. « C’est pour cette raison que nous sommes allés nous installer dans les écoles. C’est moins cher pour les parents, car nous amenons seulement notre personnel et notre savoir-faire et n’avons pas à payer les charges courantes d’eau, électricité, etc. ».
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A Numu Center, autre centre pluridisciplinaire pour enfants et adultes à Casablanca, la réalité est tout autre. « Le centre accueille beaucoup de familles, nous sommes très occupés. De notre point de vue, les parents continuent d’accorder de l’importance à l’art, l’éveil, au sport, etc.; il n’y a pas d’impact lié à la hausse des frais de scolarité, cela dépend d’autres paramètres comme l’offre », explique Myriam Kadmiri Sedrati, la propriétaire de l’établissement créé il a deux ans.
« La première année, les clients prenaient leurs précautions à cause de la pandémie, et ils ont pu constater notre rigueur académique. Cette rentrée, on sent que le covid est derrière et ils arrivent dès le premier jour, prêts à s’engager », assure la fondatrice du lieu qui accueille des ménages issus de divers milieux. En moyenne, deux cours pour enfant par semaine coûtent 7.800 DH l’année.
Les activités extrascolaires jouent un rôle important dans le développement de l’enfant et son épanouissement physique, psychique et social. Dans ce sens, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, a annoncé mardi, lors d’une conférence de presse à Rabat, les «grandes nouveautés» de la rentrée scolaire 2022-2023, notamment l’adoption de « rituels quotidiens », parmi lesquels une activité physique de 15 à 30 minutes à raison de trois fois par semaine.