Réconciliation avec le Rif: où en sont les recommandations de Driss Benzekri ?

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Plusieurs recommandations concernant le Rif ont été formulées par l’Instance Equité et Réconciliation (IER) en 2006. Quelles sont ces recommandations? Où en est aujourd’hui leur mise en œuvre?

Le Rif fait partie des régions qui devaient bénéficier de la réparation communautaire, selon les recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation, chargée de faire la lumière sur les violations des droits de l’Homme perpétrées au Maroc entre 1956 et 1999.

En effet dès 2004, l’Instance avait rencontré les acteurs du milieu associatif d’Al Hoceima et tenu un an plus tard, une série d’auditions publiques autour des années de plomb et des violations graves qu’a connues la région depuis ce qu’on appelle le soulèvement du Rif à la fin des années 50.

Les membres de l’IER avaient même rencontré la famille de l’icône du Rif, Abdelkerim Al-Khattabi.

Conclusion de l’instance dirigée par feu Driss Benzekri: la reconnaissance de la mémoire du Rif comme l’une des principales entrées à la réconciliation avec la région.

 

Les recommandations de l’IER sur le Rif
Ainsi dans son rapport publié en 2006, volume III « réparation des préjudices », l’IER consacre trois pages au Rif (pages 103 à 106) et recommande:

  • D’instituer l’étude de cette époque (1958-1959) comme une des priorités de l’Institut de l’Histoire du Maroc, dont la création fait l’objet d’une recommandation ;
  • D’étudier les conditions de rapatriement de la dépouille de Abdelkerim Al-Khattabi
  • De mettre en œuvre, entre autres projets socio-éducatifs, le musée du Rif à Al Hoceima.

Lors de sa publication, ce rapport avait alors était dénoncé par les associations, affirmant que le Rif n’avait pas eu toute sa place dans les travaux de l’IER.

«Nous avions critiqué le travail de IER parce qu’elle n’avait pas le pouvoir d’ester en justice. Les victimes de violations des droits de l’Homme commises par des responsables sécuritaires avaient été appelées à ne pas citer les noms de leurs bourreaux», a déclaré Abdessadak El Bouchattaoui, avocat membre du Hirak.

Mais selon lui, «à l’époque, nous avons fermé l’œil nous disant que ce serait une occasion pour tourner la page des années de plomb qui avaient entravé la démocratie dans le pays et le développement humain dans la région».

Aujourd’hui donc, plusieurs militants associatifs locaux estiment que les recommandations de l’IER n’ont pas été mises en œuvre et n’ont pas eu l’effet escompté. Et ce, «malgré le fait que cette instance ait mobilisé plusieurs millions de dirhams pour dédommager les victimes de par le royaume», déplore El Bouchattaoui.

 

Le musée du Rif, toujours un chantier
Aujourd’hui donc, force est de constater que le musée du Rif à Al Hoceima est le seul projet concret qui a vu le jour sur la base des recommandations de l’IER.

Lancé en juillet 2011 et mobilisant un premier budget de 90 MDH en plus de 14 MDH plus tard pour sa rénovation, le musée n’a toujours pas ouvert ses portes. Ce projet co-financé par l’Union européenne, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et la municipalité d’Al Hoceima, a été suspendu après l’ouverture du chantier.

Au niveau du CNDH, on indique que le projet s’apprête à voir le jour bientôt.

Et globalement, Driss Yazami, président du CNDH annonce que le suivi de la mise en œuvre des recommandations de IER confié au CNDH fera l’objet d’un rapport pour établir ce qui a été fait à Al Hoceima et ailleurs. «Cela fait plusieurs mois que nous travaillons sur ce rapport qui fait plus de 300 pages. Il sera disponible bientôt», a promis Driss Yazami.

 

 

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