“Paroles d’Experts” de Faïçal Tadlaoui: le dessalement d’eau de mer, solution miracle pour le Maroc ?

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Invitées de cette émission, Imane Belmekki, Directrice Ressources Humaines, Communication et Moyens Communs d’Atner, société spécialisée dans le traitement des eaux, et Salma Alami, Chef de Département Communication et Marketing

Pour mieux cerner ce sujet complexe du traitement des eaux, un travail explicatif s’impose sur le cycle complet de production d’eau potable qui arrive dans nos robinets et de la collecte des eaux usées.

Les ressources en eau au Maroc sont composées des eaux de surface, des eaux souterraines ainsi que des eaux de mer. Pour acheminer l’eau potable chez le consommateur final, on passe par plusieurs étapes, explique Imane Belmekki.

Dans le cas des eaux de surface, la première étape consiste à réaliser des prises d’eau brute sur barrage ou sur un écoulement de surface. Concernant les barrages, cette prise est généralement réalisée en amont au moment de la construction du barrage, ou en aval par les opérateurs. On parle dans ce cas de prise flottante ou de perforation de barrage.

Dans le cas des eaux souterraines, il s’agit de réaliser des forages permettant l’accès à la nappe phréatique, poursuit Imane Belmekki. Il faut ensuite assurer le transport de cette eau brute vers les stations de traitement d’eau potable, à travers des conduites et canalisations.

Vient ensuite la phase de potabilisation d’eau dans les stations de traitement. Enfin, la dernière phase de transport et de distribution d’eau potable acheminée vers le consommateur, se fait via des canalisations, des stations de pompage, de réservoirs de stockage et des réseaux de distribution.

La société ATNER qui compte à son effectif plus de 1000 collaborateurs, intervient dans la réalisation de toutes ces étapes : le transport et le stockage de l’eau depuis sa création en 1988, et le traitement de l’eau potable depuis 2009. Suivant un cahier de charge du client, la société produit de l’eau à partir d’eau brute et offre des solutions depuis la conception jusqu’à la réalisation.

De leur côté, les eaux usées sont collectées dans des réseaux d’assainissement et transportées via des collecteurs et des stations de relevage puis traitées dans des stations d’épuration avant d’être réutilisées. Ces eaux sont ensuite réutilisées pour l’arrosage des espaces verts ou l’irrigation des exploitations agricoles, ou tout simplement rejetées dans le milieu naturel en respectant les normes environnementales.

Aussi, dans ce domaine ATNER intervient dans tout le cycle de collecte et de traitement des eaux usées en réalisant des réseaux d’assainissement, des stations de relevages et des stations d’épuration. Là aussi, la société offre des solutions clé en mains, tout en assurant à ses clients la qualité d’eau exigée, sous le contrôle d’un laboratoire pendant toute la durée de l’exploitation.

Le champ d’actions de la société va de l’étude et la conception jusqu’à la mise en service et l’exploitation des stations, en passant par les travaux du génie civil, de construction, et de la pose des équipements.

La société compte ainsi à son actif 14 stations de traitement d’eau potable; 18 stations d’épuration des eaux usées et plus de 2000 km de linéaire de conduites.

En effet, ATNER intervient également dans le dessalement de l’eau de mer et a participé à la réalisation de 3 stations à savoir celle de Sidi Ifni, qui est à un état très avancé, de Tantan, qui est en phase de démarrage des travaux et enfin celle de Jorf Lasfer pour la partie génie civil.

L’usine de Sidi Ifni va produire 8700 m3 par jour et desservir 150 000 habitants. À terme cette capacité sera doublée. L’usine de Tantan vise une production finale de 13 000 m3 par jour.

Ces usines se basent sur la technologie de l’osmose inverse, dont le véritable défi est le coût énergétique. Cette technique du dessalement de l’eau de mer revient en force aujourd’hui depuis le stress hydrique et la sécheresse qui touche la planète. Plusieurs projets sont planifiés dans un futur proche au Maroc. Le dessalement de l’eau de mer est la solution pour tenter d’assurer la sécurité hydrique au royaume, au vu de l’essoufflement des nappes phréatiques et de la rareté de la pluviométrie, souligne Imane Belmekki.

La société ATNER compte à son actif plus de 200 projets réalisés ou en cours de réalisation, aussi bien sur le territoire national qu’en Afrique subsaharienne, en Guinée Conakry et au Sénégal, mais aussi en Afrique du Nord, notamment en Tunisie, précise Salma Alami.

Selon les données du ministère de l’équipement et de l’eau, les ressources en eau au Maroc sont composées essentiellement d’eaux de surface et d’eaux souterraines. Sur le dernier demi-siècle, les eaux de surfaces représentaient 18 Mds de m3 et les eaux souterraines 4 Mds de m3. Pour 2021, qui est considérée comme l’année la plus sèche observée au Maroc, on a enregistré un apport d’eau aux barrages de l’ordre de 2 MDS de m3. La capacité des barrages au Maroc est de l’ordre de 19.1 Mds de m3, répartie entre les 149 grands barrages.

Aujourd’hui, on observe un taux de remplissage des barrages qui se limite à 25.81 % face à une demande en eau qui ne cesse d’augmenter et des eaux souterraines en baisse alarmante.

Ainsi, l’interconnexion des barrages serait une solution qui va permettre de mieux profiter de notre grande capacité de stockage et de faire face aux changements climatiques et aux irrégularités des précipitations dans le temps et dans l’espace.

Et pour sécuriser notre système d’alimentation en eau, le dessalement d’eau de mer est une solution obligatoire, surtout pour les villes côtières, mais qui pourrait devenir indispensable même pour quelques villes situées au centre.

Enfin, Salma Alami insiste sur la réutilisation des eaux usées, pour l’arrosage des espaces verts, des golfs et même pour l’irrigation des exploitations agricoles. L’expérience a donné ses fruits à Rabat où ATNER s’est occupée de la réalisation des stations d’épuration. Cette réutilisation permettra de diminuer la pression sur les ressources conventionnelles.

Et pour préserver cet “or bleu”, il est important de mieux rationnaliser l’agriculture, qui est en effet le secteur le plus hydrophobe de notre tissu économique national, notamment en bannissant les agricultures qui dépensent le plus d’eau et de les remplacer par celles moins consommatrices d’eau, rappelle Imane Belmekki.

Il est important également de sensibiliser les usagers d’eau, les acteurs de la société civile et d’une manière générale toute la population, à l’économie d’eau pour incarner un changement de comportement.

 

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