“Paroles d’Experts” de Faïçal Tadlaoui. Culture : comment on la finance ?

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paroles d'experts culture
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La culture est-elle devenue une affaire d’argent ? Se divertir, se cultiver, écouter de la musique… tout cela sera-t-il bientôt le privilège de quelques nantis ? Pour en débattre, Moulay Ahmed Alami, DG des festivals Jazzablanca et Tanjazz et Brahim El Mazned, DG de Visa for Music et Directeur artistique du festival Timitar.

C’est devenu un sport national : à l’approche de chaque festival, les organisateurs, mais aussi les rédactions, sont assaillis d’appels pour solliciter des tickets ou des pass d’entrée.

Il est vrai que les tarifs ne sont pas toujours à la portée de tout le monde, le pouvoir d’achat des Marocains ne le permet pas souvent… Dernier exemple en date, le festival Jazzablanca qui s’est déroulé cet été avec des pass à 600 DH la journée (le double pour les places VIP). En échange, les festivaliers ont droit à des concerts de qualité, avec des stars internationales, dans un cadre accueillant et sécurisé. S’il est compréhensible que des étudiants tentent de récupérer des entrées gratuites, le plus étonnant est que la démarche est souvent le fait de personnes qui ont les moyens de se les offrir.

“Un spectacle de qualité, ça coûte beaucoup d’argent” 

Alors, l’accès à la culture doit-il être gratuit ? “Non, rétorque Moulay Ahmed Alami, notre modèle de boutique festival ne le permet pas, on doit pouvoir compter sur les sponsors, la billetterie et d’autres sources de financement comme la location de stands.” Et de rajouter : “Le fait de payer pour accéder à un événement donne de la valeur à ce qui est consommé culturellement parlant. Faire de la gratuité pour de la gratuité, ça n’a aucun sens…”

La bonne nouvelle est que les festivals font le plein aujourd’hui après une longue absence due au covid, rappelle de son côté Brahim El Mazned, mais l’organisation d’un spectacle exige des normes d’accueil, de sécurité, et cela a un coût. Parmi les éléments à prendre en compte : la location de la salle, les prestations des techniciens, la rémunération des artistes…

Rendre la culture populaire, cela passe par une véritable politique en matière d’éducation, d’accompagnement à la culture et d’accessibilité. Reste que la politique du ministère de la Culture est consacrée à la défense du patrimoine à travers le financement de quelque 25 festivals régionaux.

Un manque de salles adaptées

“Aujourd’hui, il y a un manque d’offre et de demande qui sont tous deux inadaptés, souligne Moulay Ahmed El Alamy. Exemple : il existe aujourd’hui une scène rap qui connait un grand succès à l’international. Sur 100 titres diffusés sur les plateformes musicales internationales comme Spotify, 90 sont marocains.” Problème : nos rappeurs ne disposent pas de salles adaptées pour se produire et faire ainsi connaitre leurs talents au public marocain. “On n’a pas su créer de modèle de gestion culturelle de proximité, se désole Alami. On a investi dans de grosses infrastructures, mais il faut des salles de proximité pour irriguer ces grands théâtres et nos festivals. ”

“Il faut accompagner le privé pour qu’il puisse créer ces lieux, propose de son côté Brahim El Mazned. Les jeunes Marocains doivent pouvoir assister à des concerts tout au long de l’année, et pas seulement en été dans quelques festivals.”  Une idée qui fait son chemin et qui permettra à coup sûr de donner un coup de fouet à la création marocaine.

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