Algérie: en mal de légitimité, l’instance de dialogue en appelle à des personnalités

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L’instance devant mener en Algérie le dialogue de sortie de crise, dont la légitimité est critiquée, a appelé 23 personnalités à la rejoindre, selon un communiqué reçu lundi par l’AFP, mais cinq d’entre elles ont d’ores et déjà décliné.

Elle a par ailleurs annoncé avoir intégré un septième membre, Mohamed Yacine Boukhnifer « l’un des jeunes du +Hirak+ », le mouvement de contestation inédit déclenché le 22 février en Algérie. Largement inconnu, ce dernier n’a à aucun moment figuré parmi les rares personnalités incarnant le « Hirak ».

Chargé par le pouvoir algérien de conduire les consultations pour définir les modalités de la future présidentielle devant élire un successeur au président déchu Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril, l’Instance nationale de dialogue et de médiation a pour la première fois détaillé comment elle compte procéder.

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Alors que sa légitimité est fortement contestée par le « Hirak », l’instance a appelé 23 personnes à intégrer ses rangs, dont plusieurs personnalités accompagnant le mouvement.

Quatre des plus susceptibles de légitimer l’instance aux yeux de la contestation – les avocats Mustapha Bouchachi et Mokrane Aït Larbi ainsi que les anciennes combattantes de la Guerre d’indépendance (1954-1962) Djamila Bouhired et Drifa Ben M’hidi – ont décliné dès lundi.

Quand à l’ex-ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahimi, il avait précédemment posé plusieurs conditions à son éventuelle participation.

Mme Ben M’hidi a décliné lundi, déclarant au journal El Hiwar que le dialogue devait être mené par les jeunes à l’initiative du « Hirak ». Mme Bouhired a répété son refus de participer à une quelconque instance comprenant des cadres des 20 ans de présidence Bouteflika (1999-2019), indique le journaliste Arezki Aït Larbi sur son compte Facebook.

Sur Facebook, Me Bouchachi a estimé « absentes » les garanties de la part du pouvoir sur le respect des décisions du panel, et Me Aït Larbi a fait savoir qu’il ne « participerait à aucun dialogue rejeté » par le mouvement de contestation et « dont les règles sont dictées par le pouvoir ».

« Le seul objectif de ce dialogué tracé par le pouvoir ne dépasse pas la préparation de l’élection présidentielle », explique notamment Me Aït Larbi. Les protestataires algériens refusent que les anciens fidèles de M. Bouteflika organisent l’élection et exigent leur départ avant tout scrutin.

Hamrouche sollicité

Personnalité respectée, l’ex-Premier ministre Mouloud Hamrouche (1989-1991), artisan de nombreuses réformes démocratiques et sollicité à plusieurs reprises pour aider à la sortie de crise, a lui aussi écarté, dans un communiqué à l’agence de presse officielle APS, toute participation à une quelconque instance.

Patron d’un syndicat de personnel de la Santé publique, Lyes Merabet a également fait part de son refus au site d’information TSA Arabi, estimant les conditions du dialogue « pas réunies ».

L’Instance a appelé aussi à la rejoindre un autre ancien Premier ministre Mokdad Sifi (1994-1995), d’anciens ministres, un ex-sénateur, des syndicalistes, des professeurs de médecine, un ouléma…

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Selon son communiqué, elle envisage de commencer rapidement à consulter la « société civile, les partis politiques, les personnalités nationales ainsi que des jeunes et militants du Hirak » de diverses régions sur « leur vision et propositions pour une sortie de crise ».

De ces contributions, l’Instance tirera une série de propositions finales qui seront adoptées « dans le cadre d’une Conférence nationale souveraine dont les décisions seront contraignantes pour les pouvoirs publics », chargés de les transcrire en droit.

L’Instance « se veut une commission non gouvernementale » et formée de personnalités « indépendantes de l’Etat et de ses organes ainsi que du Hirak », rappelle-t-elle.

Après avoir obtenu la démission de M. Bouteflika, le mouvement de protestation demande le départ de tous ses anciens fidèles encore au pouvoir et refuse qu’ils organisent le scrutin devant élire son successeur. Une présidentielle prévue le 4 juillet n’a pu être organisée faute de candidats.

Tout en rejetant cette demande, le pouvoir a proposé un dialogue – sans participation de l’Etat – sur les modalités de l’organisation du scrutin.

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