Migrants secourus au large des Canaries: Madrid accusée d’avoir trop tardé

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Des migrants, secourus au large des Iles Canaries, le 9 avril 2023, à Arrecife (Espagne). (ADRIEL PERDOMO / EFE / MAXPPP)

La gestion par les autorités espagnoles d’un naufrage de migrants mercredi au large des Canaries a suscité de vives attaques vendredi, des ONG épinglant la lenteur des secours, responsable, selon elles, de la mort de dizaines de personnes.

Selon le bilan des sauveteurs en mer espagnols, deux personnes, dont une enfant, ont perdu la vie et 24 passagers ont été secourus après ce naufrage survenu à environ 160 kilomètres des côtes de l’île de Grande Canarie, dans l’Océan atlantique.

Mais d’après l’ONG espagnole Caminando Fronteras – que des migrants ou leurs familles appellent pour signaler des bateaux en détresse – 37 autres personnes se trouvaient à bord de l’embarcation et auraient disparu.

Ni les sauveteurs espagnols, ni le Maroc n’ont confirmé la présence de ces autres passagers.

Ce qui n’a pas empêché les critiques de se multiplier vendredi, des associations dénonçant des dysfonctionnements et un manque d’empressement des autorités des deux pays à venir en aide à ces migrants.

« En panique »

Selon Helena Maleno, de Caminando Fronteras, 17 heures se seraient ainsi écoulées entre le moment où l’embarcation en détresse a été repérée par un avion des secours espagnols et l’arrivée sur les lieux de la marine marocaine.

L’avion espagnol a localisé le bateau, un simple canot gonflable, « vers 20 heures » mardi soir mais « a décidé qu’il revenait au Maroc » d’intervenir, a-t-elle assuré sur la radio espagnole Canal Sur.

Or les sauveteurs espagnols ont mis « des heures à contacter le Maroc » qui a, à son tour, mis des heures à intervenir, malgré la présence de « gens en panique, sur un bateau pneumatique, sans nourriture, épuisés », a-t-elle affirmé.

Selon la radio Cadena Ser – qui a publié un enregistrement audio du pilote ayant repéré l’embarcation et faisant état d’une « cinquantaine de personnes à bord » -, un navire des secours espagnols se trouvait alors à une heure de navigation du canot.

L’Espagne se défend

Dans un communiqué, les sauveteurs espagnols ont cependant écarté toute responsabilité, assurant que ce bateau devait rentrer au port car il venait de « secourir 63 personnes » d’une autre embarcation, qui nécessitaient pour certaines d’entre elles « des soins ».

« Nous avons agi en conformité avec les procédures internationales », ont-ils insisté, en assurant que le canot se trouvait dans une zone sous la responsabilité conjointe des deux pays et que la marine marocaine s’était engagée à « assumer la coordination » des secours, l’embarcation étant beaucoup plus près des « côtes africaines » que des Canaries.

Sollicitées à plusieurs reprises, les autorités marocaines n’ont pas donné suite aux demandes de l’AFP.

Interrogée par des journalistes, la porte-parole du gouvernement espagnol, Isabel Rodriguez, a quant à elle assuré n’avoir « pas d’informations détaillées » sur cette tragédie.

Dans ce contexte, le Défenseur du peuple a annoncé vendredi se saisir de l’affaire, pour faire la lumière sur les circonstances de prise en charge du canot en détresse.

Les départs d’embarcations de migrants vers les Canaries, souvent depuis les côtes des provinces du Sud, comme celle de Boujdour, se sont multipliés ces derniers jours.

Les autorités espagnoles ont ainsi annoncé jeudi avoir secouru au moins 350 migrants en 24 heures.

« Combien d’enfants supplémentaires doivent mourir (…) avant que l’UE se décide à agir? », s’est agacée l’ONG Save the Children, en rappelant que le naufrage des Canaries a eu lieu une semaine après celui survenu au large de la Grèce, qui pourrait avoir fait des centaines de morts.

Depuis le durcissement des contrôles en Méditerranée, la route migratoire vers les îles Canaries est particulièrement empruntée. Les naufrages y sont fréquents, en raison des forts courants et de l’état piteux des bateaux.

Dans un rapport rendu public fin 2022, Caminando Fronteras avait affirmé que plus de 11.200 migrants étaient morts ou avaient disparu depuis 2018 en tentant de rejoindre l’Espagne, qui est l’une des principales portes d’entrée de l’immigration clandestine en Europe. Soit une moyenne de six par jour.

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