L’Espagne cherche, désespérément, des camionneurs marocains

La filière espagnole du transport routier compte mener une vaste opération de recrutement de chauffeurs professionnels marocains pour combler le déficit en main d’œuvre dont elle souffre depuis que cette profession n’intéresse plus les routiers espagnols à cause de ses conditions, jugées pénibles. 

Après l’agriculture, c’est dans le secteur du transport professionnel que la filière espagnole vient dénicher la main d’œuvre marocaine. Selon le média espagnol ABC, le secteur s’apprête à faire appel à pas moins de 26.000 chauffeurs professionnels marocains.

Il s’agit d’une grande première non seulement en ce qui concerne le secteur qui lance cette vaste opération mais aussi le chiffre important des candidats à retenir.

De fait, la filière agricole espagnole avait l’habitude de faire appel aux saisonnières marocaines durant les campagnes de cueillette de fruits rouges. Ce contingent ne dépassait guère les 18.000 ouvrières agricoles au début de cette opération. De plus, il s’agissait d’un recrutement saisonnier qui durait, dans les meilleurs des cas, 5 mois.

À présent, il s’agit d’un secteur où les salaires démarrent à 1600 euros pour aller jusqu’à 2000 euros par mois, en fonction de l’expérience.

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À cet effet, le gouvernement espagnol a pris ses dispositions pour autoriser le recours aux routiers nationaux. C’est ainsi que début février dernier, l’Exécutif espagnol a paraphé, le 6 février dernier, le protocole permettant la réciprocité des permis de conduire professionnels marocain et espagnol.

Autrement dit, un chauffeur de poids lourd marocain peut circuler en Espagne avec son document obtenu au Maroc, de la même manière qu’un chauffeur espagnol peut le faire sous nos cieux et ce sans nul besoin d’effectuer des tests techniques ou oraux. Mieux encore! le critère de la langue n’est plus exigé, ce qui ouvre la voie aux recrutements de camionneurs nationaux.

Rien ne filtre encore sur les modalités de ce recrutement mais il va falloir s’attendre à une grande mobilisation de la part des camionneurs espagnols. Ceux-ci contestent cette solution, soufflée par le patronat aux autorités compétentes, afin de combler le manque criant de ressources qualifiées dans ce secteur.

De même, les transporteurs routiers ibériques considèrent que ce document obtenu au Maroc est « peu exigeant » par rapports aux conditions draconiennes imposées à leurs homologues ibériques.

Mais en réalité, cette alternative va tirer vers le bas les salaires alors que ces travailleurs du transport routier misaient sur cette pénurie pour arracher une révision à la hausse de leurs salaires et de meilleures conditions de travail.