Les Sénégalais saluent l’invalidation du report de la présidentielle

Publié le
Les Sénégalais saluent l'invalidation du report de la présidentielle, le pays entre dans l'incertitude
Une Sénégalaise lit les gros titres des journaux en vente dans une rue de Dakar le 16 février 2024. Le 16 février 2024, le Conseil constitutionnel du Sénégal a invalidé la décision de président Macky Sall de report de l'élection présidentielle du 25 février. Seyllou / AFP

Dans deux quartiers de Dakar où devaient se tenir vendredi des manifestations contre le report de l’élection présidentielle, des Sénégalais ont salué la décision du Conseil constitutionnel d’invalider le report du scrutin, « attendue par le peuple ».

Place de la Nation, près de laquelle d’intenses affrontements entre forces de sécurité et manifestants s’étaient déroulés il y a une semaine, les Sénégalais vaquaient à leurs occupations. Aucun manifestant n’est venu.

A Parcelles Assainies, quelques dizaines de manifestants souhaitant maintenir la pression sur le président ont été rapidement dispersés à coup de gaz lacrymogène.

Dans les deux cas, la tension des derniers jours a nettement baissé.

Cette décision, « c’est comme une marmite qui était en train de bouillir dont on soulève le couvercle » pour relâcher la pression, déclare Alioune Coulibaly, qui porte au poignet un bracelet aux couleurs de l’ex-Pastef (opposition).

« On souhaite que le président donne rapidement une date car il ne peut pas lutter contre son peuple », ajoute ce géographe de 37 ans, qui dit rester « méfiant » car « Macky Sall nous a habitués à tout ».

« C’est une décision qui était attendue par le peuple sénégalais », estime aussi Babou Cissé, juriste de 40 ans qui habite le quartier de la place de la Nation.

Il remarque que « la tension a un peu baissé ». « On espère que Macky Sall va respecter cette décision parce qu’il n’y a pas d’autre issue pour apaiser le pays (…), la violation de la Constitution était flagrante ».

Moins de 24 heures après sa décision, la présidence a indiqué que le chef de l’Etat Macky Sall entendait « faire pleinement exécuter la décision du Conseil », s’engageant à organiser la présidentielle « dans les meilleurs délais ».

Place de la Nation, la circulation était vendredi comme à l’habitude. Les hommes en boubou rentrent chez eux après la prière du vendredi où s’arrêtent manger un « thieb », le plat national sénégalais fait de riz gras, de poisson et de légumes.

Près de l’obélisque de la place, les jeunes jouent au football sous le soleil. Des étudiantes travaillent leurs cours assises sur les bancs. Les commerces sont ouverts.

Un fort dispositif sécuritaire est en revanche présent. « On est là, il y a eu des rumeurs de manifestations: s’il y en a, on est prêt pour les disperser », dit un policier.

A Parcelles Assainies, les policiers sont tout aussi visibles. Comme pour chaque manifestation depuis le début de la contestation contre le report de la présidentielle, ils ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser un rassemblement de quelques dizaines de personnes, à l’appel d’un collectif de l’opposition.

Le groupe s’est aussitôt éparpillé dans les ruelles de ce quartier populaire de Dakar. Et les magasins ont vite fermé leur porte.

« C’est le premier jour de carême (des Chrétiens) et on ne peut même pas célébrer tranquille », peste une femme en boubou bleu et rouge.

Lamine Fofana, 29 ans, étudiant dans un institut rattaché à l’École nationale d’administration, (Ena), manifeste comme prévu, « pour appuyer la décision du Conseil selon laquelle le président (Macky Sall) ne doit plus être à son poste au delà du 2 avril ».

Dans sa décision rendue jeudi soir, les « sages » du Conseil ont rappelé le caractère intangible de la durée du mandat présidentiel de cinq ans qui, pour Macky Sall, s’achève le 2 avril.

L’annonce du report du scrutin du 25 février, suivi d’un vote des députés le fixant au 15 décembre, avait provoqué l’une des pires crises politiques de l’histoire post-indépendance du Sénégal, présenté comme un modèle de stabilité et de démocratie dans une région rongée par la violence jihadiste et où les coups d’Etat se succèdent depuis 2020.

« Le Sénégal est une vitrine démocratique en Afrique mais notre démocratie risquait de s’effondrer », remarque Pape Alioune Kane, 33 ans, agent de nettoyage.

« Le Conseil constitutionnel nous a remis sur le droit chemin et nous a évité des troubles », dit-il en enjoignant « l’opposition à contribuer à la paix », car « le climat est tendu ». Et d’ajouter: « Nous sommes un pays pauvre qui a (déjà) assez de problèmes ».

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Les Sénégalais saluent l’invalidation du report de la présidentielle

S'ABONNER
Partager
S'abonner