Le Goncourt à Jean-Paul Dubois pour « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon »

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Jean-Paul Dubois, Goncourt
Photo DDM, Xavier de Fenoyl

Le romancier Jean-Paul Dubois a reçu lundi le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone, pour « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » (L’Olivier), roman bouleversant et nostalgique sur le bonheur perdu.

Déjà couronné par le prix Femina (en 2004 pour « Une vie française »), le Toulousain Jean-Paul Dubois, 69 ans, écrivain discret et populaire, a construit depuis une trentaine d’années une œuvre qui séduit par sa délicatesse et sa profonde humanité.

« Tout arrive! C’est adorable… », a déclaré Jean-Paul Dubois devant la presse. « Je ne suis pas fait pour ce genre de choses, ce n’est pas mon univers. C’est assez irréel », a-t-il ajouté.

« Si les romans de Jean-Paul Dubois étaient traduits de l’anglais, il aurait en France un statut comparable à ceux de John Irving ou de William Boyd », dit de lui Bernard Pivot, le président de l’académie Goncourt.

Le Renaudot a été octroyé dans la foulée à Sylvain Tesson pour « La panthère des neiges » (Gallimard). « Je suis comme un lapin sorti du chapeau, je me sens comme une panthère dans un monde en ordre », a déclaré l’écrivain-voyageur âgé de 47 ans.

« J’espère que cela aidera mieux à comprendre et sauvegarder les animaux qui en ont tant besoin », a souligné Sylvain Tesson, qui avait remporté le Prix Goncourt de la nouvelle et le Prix de la nouvelle de l’Académie française pour « Une vie à coucher dehors » (Gallimard), ainsi que le Prix Médicis essai pour « Dans les forêts de Sibérie ».

Le Renaudot essai a été décerné à Eric Neuhoff pour « Cher cinéma français » (Albin Michel).

 

Lire aussi : Le Goncourt, des scandales et des polémiques

 

Le 22e titre de Jean-Paul Dubois, publié chez L’Olivier (256 pages, 19 euros) raconte l’histoire d’un homme, Paul Hansen, qui croupit depuis deux ans dans une prison de Bordeaux (qui comme son nom ne l’indique pas se trouve au Québec!) quand le lecteur le rencontre.

Paul Hansen, le narrateur, va nous raconter comment il en est arrivé à partager une cellule avec un Hells Angel, formidable personnage, effrayant et touchant, qui ne rêve que d' »ouvrir en deux » ceux qui ne lui reviennent pas mais est terrorisé par les souris ou les ciseaux du coiffeur.

Paul Hansen est un type bien, doux et bienveillant. Le lecteur apprendra à la fin du roman pourquoi un tel homme est en prison. Entre temps, remonteront à la surface des souvenirs d’un bonheur anéanti. Ce que raconte Jean-Paul Dubois (une constance dans la plupart de ses livres), c’est l’histoire d’un monde en train de disparaître pour être remplacé par un autre dominé par l’injustice et le mépris.

Pour tenir, Paul Hansen parle avec ses morts: sa compagne Winona, une femme irlando-algonquine, pilote d’hydravion, son père, pasteur danois, austère et tolérant (une gageure), fidèle à son poste même après avoir perdu la foi, sa mère libertaire qui n’hésitera pas à programmer un film porno dans son cinéma même si elle est « la femme du pasteur », sa petite chienne Nouk, personnage essentiel du roman.

Les lecteurs habitués à lire Jean-Paul Dubois retrouveront dans ce roman (le plus beau d’entre tous, selon de nombreux critiques) les ingrédients habituels de son œuvre: le prénom fétiche Paul, un dentiste, un accident, le goût des détails techniques indiqués avec exactitude comme la NSU Ro80, voiture révolutionnaire au moteur rotatif, l’orgue Hammond B3, l’hydravion Beaver… ou les techniques d’entretien d’une piscine.

Lauréat du Goncourt, l’ancien journaliste reste en lice pour un autre prix convoité: le Goncourt des lycéens qui sera décerné le 14 novembre.

L’an dernier, le prix Goncourt avait été décerné à Nicolas Mathieu pour « Leurs enfants après eux » (Actes Sud).

Le prix Renaudot avait été attribué à Valérie Manteau pour « Le sillon » (Le Tripode).

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