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Algérie: l’éditeur MIM ferme à la suite d’une controverse sur le roman primé « Houaria »
Publié leUne maison d’édition algérienne a annoncé mardi qu’elle fermait après un procès en immoralité sur les réseaux sociaux visant un roman qu’elle a édité, récemment récompensé par un prestigieux prix littéraire.
L’annonce de MIM Edition survient une semaine après que « Houaria », un roman de l’écrivaine Inaam Bayoud, a été distingué du Grand Prix Assia Djebar, organisé par l’Entreprise nationale de communication, d’édition et de publicité (ANEP).
Le Grand Prix Assia Djebar a été institué en hommage à cette figure majeure de la littérature algérienne, décédée en 2015. Mais son attribution cette année au roman « Houaria », dont le personnage principal est une voyante ainsi prénommée, a suscité une vague de critiques sur les réseaux sociaux par des utilisateurs jugeant l’ouvrage « immoral » et s’offusquant de « termes grossiers en darija », le dialecte algérien, qu’il contient.
« Nous annonçons que MIM Edition a fermé ses portes avec effet immédiat, face au vent et face au feu. Nous n’avons été que des promoteurs de paix et d’amour, et n’avons cherché qu’à les diffuser », a annoncé la maison d’édition sur Facebook.
« Préservez le pays de la division et protégez le livre, car un peuple qui lit est un peuple qui ne se laisse ni asservir ni affamer », a ajouté la maison d’édition dirigée par l’Algérienne Assia Ali Moussa.
Face au tollé, une membre du jury du Grand Prix Assia Djebar a défendu le roman primé. « En lisant le roman, nous n’étions pas moins soucieux des valeurs que ceux qui prétendent les défendre sans l’avoir lu. Nous étions très conscients de la différence entre le langage vulgaire, la pornographie et l’érotisme, et c’est pourquoi nous n’avons vu dans ces quelques mots (décriés) ni atteinte à la morale, ni à la religion, ni à la pudeur », a écrit sur sa page Facebook Amina Belaala, critique en sémiologie.
Pour le critique littéraire Fayçal Metaoui, le tollé suscité par le roman dans une société très patriarcale s’explique en partie par le fait qu’il a été écrit par une femme.
« On cible aussi la femme. L’auteur et l’éditeur sont des femmes. Si c’était écrit par un homme, on n’aurait pas vu tout ça », a-t-il dit à l’AFP.
« Comment peut-on attaquer ainsi une écrivaine et professeure universitaire de haut niveau, surtout de la part de personnes qui n’ont pas lu le roman, tout comme ils n’ont pas lu les romans de Tahar Ouettar, de Rachid Boudjedra et d’autres oeuvres célèbres de la littérature arabe qui contiennent des expressions vulgaires », a-t-il ajouté.