« Il avait l’air inoffensif », raconte le journaliste qui a coincé « Le Serpent » au Népal 

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"Il avait l'air inoffensif", raconte Joseph Nathan, le journaliste qui a coincé "Le Serpent" au Népal 
© Prakash Mathema/ AFP

Le journaliste Joseph Nathan ne s’attend pas à tenir le scoop de sa vie, ce soir de 2003, alors qu’il se rend dans un casino de Katmandou, au Népal. Mais Charles Sobhraj, recherché par la police, est là, devant lui, jouant tranquillement au baccarat.

Il met alors au point une fine stratégie d’encerclement qui va durer près de deux semaines, pendant lesquelles le journaliste va mettre en place un système pour pouvoir attraper « le Serpent ».

« Il ressemblait à un vieil homme. Vous ne lui auriez pas jeté un deuxième regard. Il avait l’air inoffensif », se remémore auprès de l’AFP le journaliste. « C’est par pure chance que je l’ai reconnu. Je pense que c’était le karma », dit-il.

« Le directeur du casino était un ami, nous l’avons observé ensemble via la caméra de sécurité », raconte ce conseiller éditorial du journal Himalayan Times dont il est l’un des fondateurs.

« J’ai placé un photographe 24 heures sur 24 à son hôtel, qui était un hôtel bon marché. Tous les soirs, il jouait au baccarat au casino », relate-t-il.

Lire aussi: Le tueur en série français Charles Sobhraj libéré de prison au Népal

Citoyen français de mère vietnamienne et père indien, Charles Sobhraj a commencé à parcourir le monde au début des années 1970 et s’est retrouvé dans la capitale thaïlandaise, Bangkok.

Surnommé le « tueur au bikini », cet homme suave et sophistiqué a été lié à plus de 20 meurtres.

Arrêté en Inde en 1976, il a passé 21 ans derrière les barreaux, marqués par une brève évasion en 1986 après avoir drogué les gardiens de prison. Il avait finalement été recapturé dans l’Etat indien du Goa.

Libéré en 1997, il s’est retiré à Paris mais a refait surface en 2003 au Népal, pensant être blanchi.

Mais il était toujours recherché pour le meurtre de deux routards en 1975, et c’est là que Joseph Nathan l’a reconnu, même sans son emblématique béret.

Lire aussi: Népal: le tueur en série français Charles Sobhraj va être libéré jeudi

Après avoir placé son photographe sur les lieux du casino pour le suivre à la trace, le journaliste se met à son tour à la besogne: il réussit à obtenir du directeur de l’hôtel une copie du passeport de Sobhraj, bien qu’il se soit enregistré sous un faux nom.

« Le 12e ou 13e jour, je l’ai suivi dans les toilettes, et je lui ai demandé s’il était Charles Sobhraj », reprend Nathan. « Il m’a répondu: +C’est un acteur de Bollywood?+. J’ai alors su que je le tenais. La nuit même, j’ai écrit l’article » pour le Himalayan Times, « et le lendemain », il a été arrêté au casino par la police.

Sobhraj, âgé de 78 ans, a été libéré vendredi pour raisons de santé, et va être expulsé vers la France.

Pour le journaliste, cette décision prise par la Cour suprême népalaise est juste.

« Il était temps qu’il soit libéré car il a déjà purgé sa peine conformément à la loi népalaise », estime-t-il.

Cependant, comme d’autres personnages représentés dans la série à succès « Le Serpent », Joseph Nathan est mécontent de cette production sur la vie du tueur en série.

« C’était un énorme scoop », souligne Nathan. « Mais Netflix a changé le nom de notre journal dans sa mini-série. Nous avons envisagé de les poursuivre en justice ».

Notons que le tueur en série Charles Sobhraj sera transféré en France dans la journée de vendredi, selon son avocat.

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