Gaza: le bilan s’alourdit à 18.205 morts

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Gaza: le ministère de la santé annonce un nouveau bilan de 30.960 morts
© Gil COHEN-MAGEN / AFP

Le ministère de la Santé palestinien a annoncé lundi que les bombardements israéliens dans la bande de Gaza avaient fait 18.205 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre entre le mouvement islamiste palestinien et Israël.

Le gouvernement du Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2007, estime que 49.645 personnes ont également été blessées, d’après un communiqué du porte-parole du ministère, Ashraf al-Qodra.

Des raids aériens israéliens meurtriers ont frappé lundi la bande de Gaza assiégée, où les combats au sol font rage entre l’armée et le Hamas, poussant la population civile à l’exode dans des conditions humanitaires et sanitaires désespérées.

De nouvelles frappes, selon des témoins, ont visé les villes de Khan Younès et de Rafah, dans le sud de Gaza, où sont massés des centaines de milliers de civils après avoir fui les combats dans le nord.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, près de 18.000 personnes sont mortes dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes et des moins de 18 ans, tués par les bombardements israéliens déclenchés le 7 octobre par l’attaque sanglante du mouvement islamiste contre Israël.

En Israël, cette attaque a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

L’armée a indiqué lundi que 104 soldats étaient morts depuis le début des combats terrestres à Gaza et que 582 soldats avaient été blessés. Six décès ont été annoncés durant la seule journée de dimanche.

Lire aussi. Gaza: l’OMS adopte une résolution proposée par le Maroc réclamant une aide immédiate

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état lundi de « dizaines » de morts sous les bombardements, notamment à Khan Younès et à Rafah, dans la ville de Gaza et le camp de réfugiés voisin de Jabalia, dans le nord, ainsi que dans les camps de Nuseirat et de Maghazi (centre).

Des roquettes tirées depuis Gaza vers Israël ont provoqué des dégâts et fait un blessé léger à Holon, dans la banlieue de Tel-Aviv, a indiqué la police.

« Je dis aux terroristes du Hamas: c’est la fin », avait lancé dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, aux combattants du Hamas en les appelant à déposer les armes, affirmant que beaucoup d’entre eux s’étaient rendus ces derniers jours.

En riposte à l’attaque du 7 octobre, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël notamment.

En parallèle à sa campagne de frappes aériennes dévastatrices, l’armée mène depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le Hamas, concentrée dans un premier temps dans le nord de Gaza puis étendue à l’ensemble du territoire.

Une trêve de sept jours, du 24 novembre au 1er décembre, a permis de libérer 105 otages aux mains du Hamas et de groupes affiliés, dont 80 ont été échangés contre 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Le Hamas a prévenu dimanche qu’aucun des 137 otages encore retenus à Gaza n’en sortirait « vivant » sans « un échange et une négociation ».

Dans le sud du petit territoire, des centaines de milliers de civils sont désormais acculés dans un périmètre exigu près de la frontière fermée avec l’Egypte, une partie d’entre eux contraints de se déplacer plusieurs fois à mesure que les combats s’étendent.

Selon l’ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans la bande de Gaza, où 1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 85% de la population.

L’armée israélienne a demandé aux civils de se rendre dans des « zones sûres » pour échapper aux combats, poussant des milliers de Gazaouis à fuir comme ils le peuvent: en voiture ou camion, parfois en charrette ou à pied.

Rafah, à la frontière égyptienne, s’est transformée en gigantesque camp où des centaines de tentes ont été montées à la hâte avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps.

Oum Mohammed al-Jabri, une femme de 56 ans hébergée chez son frère à Rafah, a perdu sept enfants dans une frappe sur leur maison en pleine nuit.

« Tout est parti. Il me reste quatre enfants sur 11. Nous sommes allés de Gaza jusqu’à Khan Younès puis nous avons été déplacés jusqu’à Rafah. Cette nuit, ils ont bombardé la maison et l’ont détruite. Ils avaient dit que Rafah serait un endroit sûr. Il n’y a pas d’endroit sûr », a-t-elle témoigné à l’AFP.

Selon Abu Tareq Sobh, le propriétaire âgé de 55 ans, la maison a été atteinte par deux missiles à deux heures du matin. Le bombardement a fait dix morts et des dizaines de blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Il n’y a pas d’endroit vraiment sûr dans la bande de Gaza, même les locaux de l’ONU (…) ont été touchés », a déclaré lundi le directeur de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, avant de se rendre dans le territoire où la situation des civils est désespérée, selon lui.

« De plus en plus de personnes n’ont pas mangé depuis un jour, deux jours, trois jours… Les gens manquent de tout », a-t-il dit.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), des dizaines de milliers de déplacés arrivés à Rafah depuis le 3 décembre « sont confrontés à des conditions désastreuses, dans des lieux surpeuplés, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des abris ».

« Des foules attendent pendant des heures autour des centres de distribution de l’aide, les gens ont désespérément besoin de nourriture, d’eau, d’un abri, de soins et de protection », tandis que « l’absence de latrines ajoute aux risques de propagation de maladies », a ajouté l’Ocha.

Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un siège total à la bande de Gaza. Les arrivées depuis l’Egypte de vivres, médicaments et carburant restent très insuffisantes selon l’ONU, et ne parviennent pas à être acheminés au-delà de Rafah.

Dans le nord, des milliers de déplacés ont aussi installé des tentes autour des locaux de l’Unrwa dans le secteur d’Al-Rimal, à l’ouest de la ville de Gaza, fuyant les bombardements incessants, selon un correspondant de l’AFP.

Les déchets s’amoncellent dans ce camp de fortune. Aux alentours, des dizaines de maisons et de magasins sont détruits, y compris les bâtiments de l’Université islamique et ceux de l’université Al-Azhar voisine.

« Nous avons fui samedi et installé une tente. Il n’y a pas d’eau. Il n’y a pas d’électricité, pas de pain, pas de lait ni de couches pour les enfants. C’est une calamité », raconte à l’AFP Rami Al-Dahdouh, un tailleur de 23 ans à présent sans emploi, venu du quartier de Tel al-Hawa.

Après l’échec vendredi du Conseil de sécurité de l’ONU à voter un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » en raison du veto de Washington, l’Assemblée générale doit se réunir mardi pour discuter de la situation à Gaza.

Le projet de texte vu par l’AFP dimanche reprend en grande partie la résolution rejetée vendredi. Faisant état de la « situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza », le texte exige « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » et la libération « immédiate et inconditionnelle » de tous les otages.

La guerre a accru les tensions ailleurs dans la région, notamment à la frontière nord d’Israël avec le sud du Liban où le mouvement chiite Hezbollah, allié du Hamas, est très implanté. Un responsable local a été tué lundi au Liban par un bombardement israélien, selon l’agence de presse officielle libanaise.

En Syrie, l’aviation israélienne a mené pendant la nuit des frappes dans la banlieue de Damas contre des sites du Hezbollah qui ont fait quatre morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

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