Gaza: échec à l’ONU d’une résolution américaine sur un cessez-le-feu

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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'entretient avec le chef d'état-major adjoint américain chargé de la politique, Tom Sullivan, avant qu'il ne quitte l'Égypte pour Israël, alors que les efforts en faveur d'un cessez-le-feu entre le groupe militant palestinien Hamas et Israël se poursuivent, au Caire, le 22 mars 2024. ( Photo par Evelyn Hockstein / POOL / AFP)

Israël prévoit une offensive terrestre à Rafah même sans le soutien de Washington, a déclaré vendredi Benjamin Netanyahu au secrétaire d’Etat Antony Blinken, alors qu’un projet de résolution américaine à l’ONU sur un cessez-le-feu « immédiat » a été bloqué par la Russie et la Chine. 

Après cinq mois et demi de guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza assiégée et au bord de la famine, Washington, qui avait bloqué plusieurs résolutions de trêve au Conseil de sécurité, a échoué vendredi à faire adopter un texte insistant sur la « nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable » en lien avec la libération des otages retenus dans le territoire palestinien.

Arrivé dans la matinée à Tel-Aviv en provenance du Caire, Antony Blinken a rencontré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avant de participer à une réunion du cabinet de guerre israélien.

« J’ai dit que nous n’avions pas la possibilité de défaire le Hamas sans entrer dans Rafah et sans éliminer les bataillons qui y restent. Je lui ai dit que j’espérais le faire avec le soutien des Etats-Unis, mais s’il le faut, nous le ferons seuls », a dit Netanyahu dans une déclaration après sa rencontre avec le responsable américain.

Peu après, ce dernier a affirmé qu’une telle opération « risque de tuer davantage de civils (…), d’isoler Israël davantage au niveau mondial et de mettre en danger sa sécurité à long terme ».

Blinken a achevé vendredi en Israël une nouvelle tournée dans la région pour soutenir les pourparlers de trêve au Qatar impliquant des négociations indirectes entre Israël et des responsables du Hamas.

Et, le jour même de la visite de Blinken, Israël a annoncé la saisie de 800 hectares de terres dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée.

Selon l’organisation israélienne anti-colonisation La Paix maintenant, il s’agit de la plus importante saisie de terres en territoire palestinien depuis les accords d’Oslo (1993).

« Vous connaissez notre point de vue sur l’expansion des colonies […] nous avons un problème avec ça », a dit le responsable américain réagissant à l’annonce israélienne.

Un accord « toujours possible »

Dans la bande de Gaza, les affrontements ne connaissent aucun répit, notamment dans et autour de l’hôpital al-Chifa, dans la ville de Gaza (nord), où l’armée israélienne a affirmé vendredi avoir tué plus de 150 combattants palestiniens et arrêté des centaines de suspects depuis le début de la semaine.

Pendant ce temps, les discussions sur une trêve se poursuivent vendredi à Doha, où le chef des services de renseignement israéliens, David Barnea, devait rencontrer le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel.

« Le fossé se réduit » dans ces négociations pour une trêve associée à une libération d’otages, a affirmé jeudi M. Blinken, parlant d’un accord « toujours possible ».

A l’ONU, un projet de résolution au Conseil de sécurité, présenté par les Etats-Unis, sur un « cessez-le-feu immédiat », n’a pas été adopté en raison des veto russe et chinois.

Le Hamas a salué ces veto, dénonçant la « formulation trompeuse » du texte américain.

Le texte, qui a recueilli 11 voix en faveur, trois voix contre (Russie, Chine et Algérie) et une abstention (Guyana), n’utilise pas les mots « appelle » ou « demande » et fait un lien entre cette trêve et les négociations de Doha pour la libération des otages.

L’ambassadeur russe à l’ONU a dénoncé un texte « hypocrite » qui n’appelait pas directement à faire taire les armes.

Les Etats-Unis ont déjà mis leur veto à plusieurs résolutions appelant à un cessez-le-feu, estimant que cela aurait bénéficié au Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, Israël et l’Union européenne.

Mais face à la situation humanitaire « effroyable » dans la bande de Gaza, Washington intensifie ses efforts pour parvenir à une trêve, acheminer de l’aide et éviter une offensive terrestre sur Rafah, ville à la frontière égyptienne où s’entassent selon l’ONU environ 1,5 million de Palestiniens, la majorité déplacés par la guerre.

En attendant cette éventuelle offensive au sol, de nouvelles frappes aériennes israéliennes ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi sur Rafah.

Lire aussi. Gaza: Chypre dit vouloir mobiliser « autant de bateaux que possible »

« Cette maison a été frappée pendant que les gens dormaient. Parmi eux se trouvaient des enfants et des personnes innocentes (…) Ils ont été mis en pièces », dit Nabil Abou Thabet, un habitant, devant un bâtiment en ruines.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas et lancé une vaste offensive qui a fait au total 32.070 morts dans la bande de Gaza, selon un dernier bilan communiqué vendredi par le ministère de la Santé du mouvement palestinien.

Israël impose un siège complet au territoire palestinien depuis le début de la guerre et contrôle strictement l’aide qui arrive principalement depuis l’Egypte via Rafah. Or ces contrôles serrés, selon l’ONU, ont pour effet de réduire le nombre de camions entrant dans le territoire.

Israël rejette régulièrement les accusations selon lesquelles il restreint l’entrée de l’aide.

Afin de soulager la population, plusieurs pays organisent des parachutages de vivres et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre vers Gaza. Mais l’aide reste insuffisante face aux besoins des 2,4 millions d’habitants de Gaza et ne parvient que très difficilement dans le nord, où vivent plus de 300.000 personnes selon l’ONU.

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