Frappes israéliennes meurtrières sur Gaza, discussions à venir sur Rafah

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Gaza: pas moins de six Marocaines et deux Algériennes tuées dans l’assaut sur l’hôpital Al Shifa
Des Palestiniens emportent le corps d'un homme tué dans les bombardements israéliens depuis la morgue de l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, le 15 mars 2024. © AFP

La bande de Gaza est le théâtre jeudi de raids aériens et de combats entre l’armée israélienne et le Hamas à l’heure où Israël rouvre la porte à des discussions avec Washington, sur fond de tensions avec son allié sur une offensive à Rafah.

Tôt jeudi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d’au moins 66 morts à Gaza au cours de la nuit, notamment dans des frappes aériennes, tandis qu’un haut responsable local rapportait des combats près de la ville de Gaza (nord) et à Khan Younès (sud). En parallèle, l’agence de presse palestinienne Wafa a dénombré des heurts dans différentes localités de la Cisjordanie occupée.

L’armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, poursuit son opération lancée le 18 mars dans le complexe hospitalier al-Chifa de la ville de Gaza. A Khan Younès, les soldats mènent des opérations dans le secteur des hôpitaux Nasser et al-Amal, distants d’environ un kilomètre ainsi que dans le secteur d’al-Qarara.

L’armée a précisé jeudi dans un communiqué avoir « éliminé environ 200 terroristes dans la zone de l’hôpital » al-Chifa depuis le début des opérations. Des soldats israéliens ont essuyé des tirs « au cours de la dernière journée, depuis l’intérieur et l’extérieur du bâtiment abritant les urgences de l’hôpital al-Chifa« , a-t-on ajouté de même source.

Les troupes israéliennes « ont évacué les civils, les patients et les équipes médicales vers des installations médicales alternatives mises en place par l’armée pour permettre la poursuite des traitements médicaux appropriés« , a assuré l’armée.

L’hôpital al-Amal « a cessé de fonctionner complètement« , a indiqué plus tôt cette semaine le Croissant-Rouge palestinien après l’évacuation des civils qui s’y trouvaient. L’armée israélienne a indiqué jeudi avoir « éliminé des dizaines de terroristes dans le secteur d’al-Amal » où ses troupes ont « trouvé des engins explosifs et des obus de mortier« .

Après les villes de Gaza et de Khan Younès, Israël veut poursuivre son offensive terrestre à Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, qu’il considère comme le dernier grand bastion du Hamas, et où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les violences ailleurs dans le territoire.

Les Etats-Unis, principal allié d’Israël, redoutent le bilan humain d’une telle opération et préfèrent d’autres options comme des opérations ciblées contre des chefs locaux du Hamas.

Jeudi, dans une rue de Rafah, des Palestiniens, dont beaucoup d’enfants, font la queue pour remplir leurs bidons d’eau potable.

« Il n’y a pas d’eau (douce) dans l’école« , transformée en abri, explique Ali al-Samouni, un déplacé gazaoui. « C’est pourquoi nous venons ici pour faire le plein d’eau. L’eau de l’école est imbuvable. Elle est salée », ajoute cet homme d’une cinquantaine d’années.

« Nous marchons pendant une heure au total. Parfois, nous revenons les mains vides, sans eau« , se lamente quant à elle Maram Abou Amra, une déplacée de Khan Younès.

Le gouvernement israélien avait exprimé sa colère après l’abstention de l’allié américain, qui a permis l’adoption récente d’une résolution à l’ONU réclamant un « cessez-le-feu immédiat« , et avait annulé l’envoi d’une délégation à Washington pour discuter du projet d’offensive terrestre à Rafah.

Mais mercredi, un haut responsable américain a déclaré que les services de M. Netanyahu avaient « fait savoir qu’ils aimeraient trouver une nouvelle date pour organiser la réunion consacrée à Rafah« .

Parallèlement, le Qatar – qui joue le rôle de médiateur avec l’Egypte et les Etats-Unis – a assuré cette semaine la poursuite des négociations indirectes entre Israël et le Hamas visant à arracher une trêve de plusieurs semaines dans les combats doublée d’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

– « A quelques kilomètres » –

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël qui a entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas – qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne – et lancé une vaste opération qui a fait 32.552 morts, majoritairement des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Outre le lourd bilan humain et les destructions colossales, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.

Alors que l’aide humanitaire par voie terrestre contrôlée strictement par Israël y arrive au compte-gouttes, plusieurs pays arabes et occidentaux parachutent quotidiennement des vivres, surtout dans le nord de la bande de Gaza où la situation est particulièrement désespérée.

« Une aide alimentaire est habituellement parachutée quand les personnes sont isolées, à des centaines de kilomètres de tout. Ici, l’aide dont on a besoin est à peine à quelques kilomètres: il faut utiliser les routes!« , a déclaré James Elder, porte-parole de l’Unicef, depuis Rafah.

Gaza: les pertes civiles «trop élevées», déplore le chef du Pentagone

Mardi, le Hamas avait annoncé la mort de 18 personnes, dont 12 noyées en essayant de récupérer de la nourriture parachutée tombée en mer, appelant à l’arrêt des largages et à l’ouverture des accès terrestres pour l’acheminement des aides.

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