France: un 1er mai annoncé comme « historique » et « festif » contre la réforme des retraites

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Jusqu’à 1,5 million de manifestants attendus par les syndicats dans toute la France pour un 1er mai « historique » et « festif »: l’intersyndicale entend montrer lundi qu’elle n’abandonne pas le combat contre la réforme des retraites, même si les stratégies pourraient rapidement diverger sur la suite du mouvement.

« Je pense qu’on aura des centaines de milliers de manifestants, peut-être un million ou un million cinq », a estimé dimanche le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, rappelant qu’il y avait « 300 points de rassemblement ». Les autorités tablent sur 500 à 650.000 personnes sur tout le territoire, dont 80 à 100.000 à Paris.

Les premiers cortèges se sont élancés dans la matinée à Toulouse, Amiens ou Mulhouse.

« Même si la réforme est promulguée, il y a quelque chose de cassé. les gens sont remontés », a souligné Aimé Lekoa, 47 ans, secrétaire général de la section santé-sociaux de la CFDT à Lyon.

« Cette fête des travailleurs se déroule dans l’unité syndicale et rien que ça, c’est historique », s’est réjoui le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot.

Le dernier défilé unitaire avec les huit principaux syndicats remonte à 2009, face à la crise financière (la CGT avait compté près de 1,2 million de manifestants, la police 456.000). En 2002 (900.000 à 1,3 million de personnes), les syndicats avaient aussi fait bloc pour « faire barrage » à Jean-Marie Le Pen.

Le trafic aérien s’annonce très perturbé pour le retour du long week-end, avec 25 à 33% de vols annulés dans les plus grands aéroports, des perturbations qui devraient se poursuivre à Orly mardi.

Dans la capitale, le cortège s’élancera à 14h de la place de la République vers la Nation, avec la présence annoncée de syndicalistes du monde entier. Les autorités attendent aussi 1.500 à 3.000 « gilets jaunes » et 1.000 à 2.000 individus « à risque », de source policière. 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 5.000 à Paris.

Interrogée dimanche sur la présence éventuelle de « black blocs », la numéro un de la CGT Sophie Binet a estimé que c’était « un problème », tout en se disant « inquiète » concernant « l’annonce de drones pour la sécurisation des cortèges », jugeant qu’on est « sur une pente dangereuse ».

Le tribunal administratif de Rouen a partiellement suspendu dimanche un arrêté préfectoral prévoyant l’usage de drones au Havre. Deux décisions sont attendues lundi concernant Paris et Bordeaux.

« Les drones sont là aussi pour protéger les syndicats », a fait valoir sur RTL le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez.

« Pas un gravier entre nous »

Ce 1er mai, qui fait figure de 13e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, intervient pourtant après la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée.

Les syndicats tournent leurs regards vers deux nouvelle dates: le 3 mai, lorsque les « Sages » se prononceront sur une deuxième demande de référendum d’initiative partagée (RIP), et le 8 juin, lorsqu’une proposition de loi du groupe des députés Liot abrogeant la réforme sera au menu de l’Assemblée.

La gauche politique sera aussi présente dans les cortèges. « Comme près de 70% des Français, les forces politiques de la Nupes ne passeront pas à autre chose. Le retrait de cette réforme est plus que jamais notre objectif », a promis LFI dans un communiqué.

Si dans la rue comme dans les sondages la colère reste vive, au gouvernement certains veulent croire « qu’on a passé le plus gros en terme de contestation » et que ce 1er mai « peut être le baroud d’honneur de l’interprofessionnel ».

Emmanuel Macron s’est donné le 17 avril « 100 jours d’apaisement » et « d’action » pour relancer son quinquennat. Elisabeth Borne va envoyer des invitations aux syndicats « dans les jours qui viennent », selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt, lundi sur BFM-TV.

« On entre dans une nouvelle phase marquée par la nécessité de cicatrisation et de réconciliation », a plaidé le président du MoDem, François Bayrou, sur LCI.

Au sein de l’intersyndicale, des divergences commencent à pointer, même si Frédéric Souillot assure « qu’il n’y a pas un gravier entre nous ».

D’ores et déjà, Laurent Berger a annoncé que la CFDT « irait discuter » avec la Première ministre si elle y était invitée, tandis que Sophie Binet a rappelé que l’intersyndicale avait prévu de prendre la décision « ensemble » mardi matin.

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