France: la réforme des retraites promulguée

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L’impopulaire réforme des retraites en France et sa mesure phare de recul de l’âge de départ à 64 ans a été promulguée samedi matin au Journal officiel, quelques heures après la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel.

Après la décision du Conseil constitutionnel vendredi, les syndicats avaient demandé « solennellement » au président français Emmanuel Macron, qui disposait de quinze jours pour rendre le texte exécutif, de « ne pas promulguer la loi ».

Cette promulgation ultra-rapide est le signe d’un « mépris » et d’une « fébrilité », a dénoncé samedi le numéro un du Parti socialiste Olivier Faure, qui a promis un « harcèlement démocratique » pour revenir sur le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

« C’est un hold-up démocratique », a renchéri le député de La France insoumise (gauche radicale) François Ruffin.

« C’est la suite logique », a répondu le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, pour qui « on n’a pas intérêt collectivement à revenir en permanence sur le même sujet ».

La Première ministre Elisabeth Borne s’exprimera samedi après-midi, à l’occasion du conseil national du parti présidentiel Renaissance à Paris.

Le chef de l’Etat devrait prendre la parole en début de semaine prochaine, selon plusieurs sources au sein de l’exécutif. Il réunira les cadres de la majorité lundi à l’Elysée.

En revanche, la rencontre proposée par Emmanuel Macron aux syndicats pour mardi devra sans doute attendre. L’intersyndicale n’entend pas venir à l’Elysée avant le 1er mai, traditionnel rendez-vous social qu’elle souhaite transformer en grande mobilisation contre la retraite à 64 ans.

« Cicatrices »

« Ce n’est pas fini », a tonné l’intersyndicale, unie depuis trois mois contre cette réforme.

Renouer avec elle ne sera pas chose aisée. « Il y aura du ressentiment, des cicatrices », glisse un proche du chef de l’Etat.

Réunie en soirée, l’intersyndicale a estimé que la censure par le Conseil constitutionnel de six articles de la loi (notamment sur l’emploi des seniors) rendait ce texte, « déjà injuste », « encore plus déséquilibré ».

Le Conseil a également bloqué une première demande de référendum d’initiative partagée (RIP) de la gauche, qui espérait entamer la collecte de 4,8 millions de signatures en vue d’une inédite consultation des Français. Il statuera le 3 mai sur un deuxième projet de RIP visant à contrecarrer la réforme.

« Il n’y a ni vainqueur ni vaincu », avait assuré Mme Borne, évoquant « la fin du cheminement institutionnel et démocratique » du texte adopté à l’Assemblée après l’utilisation du « 49.3 », article controversé de la Constitution française permettant d’adopter un projet de loi sans vote.

La décision du Conseil constitutionnel a été accueillie par des huées, de la consternation ou de la colère lors de rassemblements dans le pays qui ont parfois débouché sur des manifestations sauvages émaillées de dégradations. A Paris, 112 personnes ont été interpellées, selon la police.

Lire aussi: France: la retraite à 64 ans validée par le Conseil constitutionnel

La veille, jeudi, la 12e journée de mobilisation avait livré le deuxième plus faible score de mobilisation depuis le début du mouvement (380.000 manifestants selon le ministère de l’Intérieur, 1,5 million selon le syndicat CGT).

Le mouvement social, l’un des plus importants des dernières décennies, a débuté après la présentation de la réforme le 10 janvier et a donné lieu à des manifestations massives, alors que le texte était examiné au Parlement dans une ambiance très tendue entre gouvernement, qui ne dispose pas d’une majorité absolue à l’Assemblée, et oppositions.

« 1er mai décisif »

Ces dernières promettent de ne pas désarmer. « La lutte continue », a réagi le patron de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, évoquant un « 1er mai décisif ».

Pour la cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen, « le sort politique de la réforme des retraites n’est pas scellé ».L’entrée en vigueur de la réforme « marquera la rupture définitive entre le peuple français et Emmanuel Macron », a insisté la dirigeante du Rassemblement national.

Députés et sénateurs socialistes ont déjà annoncé leur intention de déposer un texte législatif demandant l’abrogation de la réforme des retraites.

Le président du parti de droite traditionnelle Les Républicains, Eric Ciotti, a pour sa part appelé « toutes les forces politiques » à « accepter » la décision du Conseil constitutionnel.

La France est l’un des pays européens où l’âge de départ à la retraite est le plus bas, mais avec des systèmes très différents.

L’exécutif justifie son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population, mais les opposants le jugent « injuste », notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.

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