France: la SNCF jette définitivement l'éponge face aux Chibanis
Publié leLa direction de la SNCF, les chemins de fer français, renonce à se pourvoir en cassation face aux 848 Chibanis qui l’accusent de discrimination en raison de leurs origines, a-t-elle annoncé vendredi à l’AFP, tout en contestant de nouveau les faits reprochés.
La cour d’appel de Paris a donné raison le 31 janvier 2018 à ces (ex-)cheminots, principalement marocains, en leur accordant des dommages et intérêts pour préjudice moral, de carrière, de formation et de retraite, pour un montant total estimé à près de 160 millions d’euros, selon leur avocate Clélie de Lesquen-Jonas.
« Nous ne formons pas de pourvoi en cassation contre les arrêts rendus », a annoncé à l’AFP la direction de la SNCF. « Nous ne reconnaissons pas la discrimination, mais souhaitons de l’apaisement vis-à-vis de ces travailleurs marocains », a-t-elle ajouté.
Après moult renvois et plus de 12 ans de procédure pour certains, la quasi-totalité des plaignants avaient obtenu gain de cause devant les prud’hommes en septembre 2015. Mais l’entreprise avait fait appel de cette décision.
Les Chibanis, marocains pour la plupart -la moitié ont été naturalisés-, ont été embauchés entre 1970 et 1983 par la SNCF, majoritairement comme contractuels, et n’ont pas bénéficié à ce titre du « statut » plus avantageux des cheminots, réservé aux ressortissants européens, sous condition d’âge.
Sollicitée par l’AFP, leur avocate a fait part de son « grand soulagement », trouvant cependant « dommage » que la SNCF « soit toujours dans le déni ».
« Je comprends ce renoncement comme une reconnaissance des discriminations qui ne dit pas son nom », a ajouté Me Clélie de Lesquen-Jonas.
L’avocate a déjà commencé à distribuer des chèques à des clients, dont certains avaient « les larmes aux yeux » en le recevant. Elle en a fait de même auprès de veuves qui « n’osaient pas le toucher », affirmant « c’est mon mari qui aurait dû l’avoir », rapporte-t-elle.