Focus. Manuels scolaires: une hausse de 8% annoncée dans le privé

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Focus. Manuels scolaires: une hausse de 8% annoncée dans le privé
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A chaque rentrée scolaire, la question des prix des fournitures scolaires, en particulier des livres, intéresse les consommateurs. Cette année, le prix du livre scolaire public ne subira aucune hausse, rassure les professionnels du secteur. 

La rentrée scolaire représente un budget conséquent pour les familles qui doivent acheter livres et fournitures. Si les prix de ces derniers ont connu une certaine augmentation l’an dernier, à cause de la hausse des prix du papier, de l’encre…, cette année, les prix ne subiront pas d’augmentation.

Ils n’ont d’ailleurs pas changé depuis 2002, nous explique Camille Hoballah, éditeur, imprimeur et président de l’Association marocaine des éditeurs (AME). La fixation des prix est régie par le gouvernement avec publication au bulletin officiel. On ne peut les changer qu’après la convocation d’une commission interministérielle qui va étudier le dossier présenté par l’AME, à la suite de quoi ils négocieront une augmentation des prix.

« C’est ce qui s’est passé l’an dernier. Nous, éditeurs, avions demandé 60% de subventions étatiques sur la production des livres scolaires, sur lesquels nous avons obtenu finalement 25% », détaille-t-il. Si les tarifs des livres restent constants, ceux des cahiers ne sont pas soumis au caractère obligatoire de leur fixation. Ainsi, leurs prix sont libres.

livre scolaire public

« Ils ont augmenté l’an dernier, mais paraît-ils que cette année ils ont un peu baissé, même si ce ne sont toujours pas les prix d’avant covid », ajoute-t-il.

Un constat corroboré par Hassan El Kamoun, libraire à El Jadida (librairie de Paris), président-adjoint de l’Association des libraires indépendants du Maroc (ALIM): « Il n’y a pas de hausse de prix en ce qui concerne les fournitures scolaires, au contraire, ils ont baissé de 4 à 5% . Le livre scolaire public n’a pas connu non plus d’augmentation. La subvention étatique a permis de maintenir l’ancien prix qui date de 2002. »

Si augmentation des prix il y a, ce serait plutôt du côté des ouvrages destinés à l’enseignement privé. « Qu’il s’agisse de la production locale ou des importations, on note une augmentation des prix entre 5 et 8%, développe le libraire, malgré une baisse du prix du papier sur le marché mondial ».

Dans ce contexte, le professionnel s’interroge sur la légitimité de cette augmentation et déplore une certaine « anarchie » dans le secteur.

« Le livre doit être vendu par un libraire et pas n’importe qui »

« Depuis 2010, on remarque la recrudescence d’éditeurs marocains qui travaillent sur les livres destinés aux écoles privées. Ils tentent de s’aligner avec les prix des livres importés. Ils se disent sûrement que les gens ont les moyens puisqu’ils mettent leurs enfants en école privée… », suppose El Kamoun qui regrette l’absence de volonté d’intervention du ministère de tutelle pour réguler le secteur.

« Etant donné qu’il s’agit d’éditions locales, le prix devrait être affiché sur la quatrième de couverture« , ajoute-t-il, dénonçant en même temps des pratiques de corruption entre écoles et éditeurs, et par extension une situation menant à de la concurrence déloyale dans la chaîne du livre (promesses de dons, points de vente provisoires à proximité des écoles pendant la rentrée scolaire…).

« Le livre doit être vendu par un libraire et pas n’importe qui », s’insurge encore notre interlocuteur, comptant quelque 1400 à 1500 points de vente de livres scolaires au Maroc pour 80 « vrais libraires », dont une majorité implantée à Casablanca et à Rabat.

« Nous, libraires, dernier maillon de cette chaîne, souffrons beaucoup de ces pratiques déloyales. Nous demandons à ce que ce métier soit réglementé par l’Etat et protégé par une loi car nous observons la dégradation du secteur depuis 2010. Il faut un cahier des charges, comme c’est le cas dans de nombreux pays européens, africains… », abonde Hassan El Kamoun, membre depuis 2016 de l’Association internationale des libraires francophones (AILF).

Lire aussi : Ecoles privées: frais de scolarité, contenus pédagogiques… Ce que prévoit le contrat-type destiné aux parents

Interrogé, Ouadi Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), reconnaît aussi la hausse des prix des livres scolaires destinés aux écoles privées, mentionnant ceux produits en France qui connaissent une augmentation de presque 11%, selon des études réalisées par les associations de consommateurs françaises.

Il note aussi que certaines écoles privées établissent des partenariats avec certaines librairies pour l’achat des livres demandés. « Nous, en tant qu’association de protection des consommateurs, ne pouvons pas intervenir car nous avons le choix du produit que nous voulons. L’école fait des partenariats avec qui elle veut mais il ne faut pas priver le consommateur de son libre choix », déclare-t-il.

Et d’ajouter: « Si des pratiques déloyales sont constatées, normalement, les libraires doivent saisir les autorités compétentes ou saisir le Conseil de la concurrence. » Madih estime toutefois que « le plus important pour le consommateur marocain, c’est qu’il ne payera pas plus cher que l’an dernier », en ce qui concerne les livres homologués par l’Etat et les fournitures scolaires.

Pour rappel, le roi Mohammed VI en 2009 avait créé l’opération « un million de cartables » via laquelle il offrait à un million de personnes dans le besoin cartables, cahiers et fournitures. Cette action a été élargie à tous les enfants de l’école publique jusqu’à la troisième année du collège, soit la durée de scolarité obligatoire au Maroc.

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