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Espionnage espagnol de diplomates marocains: quand le Maroc pèse sur les élections catalanes
Publié leLes autorités espagnoles auraient autorisé, durant le mandat du gouvernement de Mariano Rajoy, des filatures et écoutes à l’encontre de hauts fonctionnaires marocains présents sur le sol espagnol. Le timing de la publication soulève des questions quant aux motifs derrière cette « révélation ».
Le rapprochement maroco-espagnol continue de déranger. Une « révélation » de la presse catalane évoque la mise en place d’une importante opération d’espionnage ayant ciblé les diplomates marocains ainsi que des figures de la communauté marocaine établie dans la prospère et divisée Catalogne.
Selon les médias catalans, les premiers à publier cette information, il s’agit d’un important dispositif mis en place par le ministre de l’Intérieur d’alors, Jorge Fernandez Diaz. L’opération se serait étalée sur une période de 2 ans, de 2014 à 2016, et aurait eu comme objectif de suivre les faits et gestes des responsables diplomatiques marocains et les leaders s’affairant auprès de la communauté marocaine.
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De fait, le timing de cette « révélation » n’est pas tiré au sort. A peine quelques jours après la publication par l’agence espagnole de contre-espionnage d’un rapport inédit qui dédouane le Maroc de toute accusation d’espionnage et d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Espagne, voilà que l’on apprend que c’est bel et bien le Maroc qui était « pisté ». Ce chassé-croisé d’accusations, entre le Maroc et l’Espagne, en relation avec le monde impénétrable du renseignement laisse entrevoir des « querelles de services ».
Ligne de conduite
Tout porte à croire que cette information provient des milieux sécuritaires indépendantistes, qui n’ont guère apprécié la position ferme et sans équivoque adoptée par le Royaume au lendemain du déclenchement du fameux « Procés » qui devait conduire à la sécession de la Catalogne à travers une déclaration unilatérale d’indépendance.
« Le Maroc a toujours adopté une posture ayant comme ligne de conduite de ne jamais s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays. D’autant plus quand l’affaire touche, de près ou de loin, à l’intégrité territoriale, comme ce fut le cas lors de la crise catalane, cela devient une ligne rouge à ne jamais franchir« , commente cet ex-diplomate marocain.
L’on pourrait parler de craintes et d’inquiétudes, certes, car aux yeux des dirigeants espagnols aux commandes durant cette époque (le PP), Rabat cherchait à se venger du soutien inconditionnel espagnol fourni aux séparatistes du Polisario à travers ce dossier. Mais de là à chauffer à blanc les têtes d’affiche de la communauté marocaine en Catalogne pour prêcher la cause des catalanistes, cela relève des théories fantasmagoriques.
En effet, le Maroc s’est opposé, farouchement, à toute velléité séparatiste. « Au vu du poids de la communauté marocaine, et ce depuis des décennies déjà, le mot d’ordre était d’éviter toute ingérence dans cette affaire qui ne concerne guère les Marocains établis en Catalogne« , ajoute notre source.
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Il faut dire que le début du rapprochement entre le Maroc et l’Espagne a démarré durant cette période. Car au lendemain de la déclaration unilatérale d’indépendance par le clan indépendantiste, téléguidée par les partis nationalistes catalans, Rabat n’a pas hésité à afficher, haut et fort, sa position qui rejette toute référence à la sécession.
Et bien avant ce fameux communiqué de la diplomatie marocaine où elle a rejeté ce processus unilatéral d’indépendance, des gestes, et non des moindres, ont été entrepris par les autorités marocaines.
Flash-back
En 2017, Carles Puigdemont, alors président de la Generalitat, le gouvernement régional catalan, a voulu gagner la sympathie des autorités marocaines par la fenêtre des « échanges commerciaux ». Pour ce faire, il s’est associé au président de la Flandre, Geert Bourgeois, pour se déplacer sous nos cieux, dans la mégapole casablancaise plus précisément, afin d’aller à la rencontre de firmes catalanes et flamandes, a priori!
Flairant la supercherie et pour éviter de froisser Madrid, les autorités marocaines avaient fait savoir aux deux dirigeants régionaux qu’aucun responsable politique marocain n’est en mesure de les recevoir. C’est ainsi que les deux hommes politiques, aux penchants séparatistes affichés, ont publié un communiqué annonçant l’annulation de ce déplacement non grata, tout en insinuant que Rabat a subi des pressions de la part du palais de la Moncloa, siège de la primature espagnole.
Autre signe révélateur du timing bien calculé de cette « révélation », la Catalogne se prépare à célébrer des élections régionales le 24 mai prochain. Un scrutin sur lequel les figures de proue du catalanisme mise énormément pour marquer leur grand retour et se replacer sur l’échiquier politique régional après cette longue traversée du désert, ponctuée d’exil et d’emprisonnement. Et quoi de mieux qu’une accusation d’espionnage pour haranguer la foule et attiser la flamme… indépendantiste.