Espagne: Pedro Sánchez obtient l’accord du parti de Puigdemont, indispensable à sa reconduction au pouvoir

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Espagne: Pedro Sánchez obtient l'accord du parti de Puigdemont, indispensable à sa reconduction au pouvoir
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Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a obtenu jeudi l’accord du parti de l’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, indispensable à sa reconduction au pouvoir, en échange d’une loi d’amnistie très controversée qui fait monter la tension dans le pays.

Après des semaines d’intenses tractations, le Parti socialiste de M. Sánchez et la formation de M. Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne (Junts per Catalunya), sont parvenues dans la nuit de mercredi à jeudi à un accord, a indiqué à l’AFP une source proche des négociations, sans donner de détails.

Selon les médias espagnols, les deux parties devraient présenter cet accord à la mi-journée à Bruxelles, où a fui Carles Puigdemont après l’échec de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, afin d’échapper aux poursuites de la justice espagnole.

Donné pour mort politiquement avant l’été, M. Sánchez, qui est à la tête du gouvernement espagnol depuis juin 2018, est en passe de réussir son pari de se maintenir au pouvoir après avoir fait mentir les sondages qui prédisaient sa déroute lors du scrutin législatif du 23 juillet, deux mois après une débâcle de la gauche aux élections locales.

Le socialiste avait finalement résisté mieux que prévu face à son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo, arrivé en tête du scrutin mais qui a été dans l’incapacité de se faire investir Premier ministre fin septembre faute d’appuis suffisants au Parlement.

En échange des voix indispensables des députés indépendantistes catalans, M. Sánchez a dû céder face à leur exigence d’une loi d’amnistie pour leurs dirigeants et militants poursuivis par la justice espagnole en raison de leur implication dans la tentative de sécession de 2017, l’une des pires crises politiques vécues par l’Espagne contemporaine.

Cette loi, qui devrait permettre le retour en Espagne de M. Puigdemont, devra être adoptée par le Parlement, une fois que M. Sánchez aura été investi par les députés, vraisemblablement la semaine prochaine.

Lire aussi: Espagne: Puigdemont inculpé pour terrorisme en pleine négociation avec Sánchez

Porté au pouvoir il y a cinq ans notamment grâce aux voix des partis catalans, qui ont appuyé sa motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy, Pedro Sánchez a fait de l’apaisement en Catalogne l’une de ses priorités.

Il a ainsi gracié les dirigeants séparatistes ayant écopé en 2019 de lourdes peines de prison pour leur rôle en 2017 et a fait réformer le Code pénal pour supprimer le délit de sédition pour lequel ils avaient été condamnés.

Mais cette nouvelle concession a fait monter la tension d’un cran dans le pays.

Droite et extrême droite accusent le socialiste, qui était opposé par le passé à l’idée d’une amnistie, à être prêt à tout pour se maintenir au pouvoir.

Elles ont manifesté à plusieurs reprises pour dénoncer le « scandale » de cette mesure, et les mobilisations de l’extrême droite devant le siège du Parti socialiste à Madrid se sont terminées lundi et mardi en échauffourées avec la police, des images de violences assez inhabituelles en Espagne.

Le Parti Populaire de M. Feijóo a appelé ses sympathisants à se rassembler de nouveau dimanche dans tous les chefs-lieux de départements et une autre grande manifestation est prévue à Madrid le samedi 18.

Au-delà de l’opposition de la droite et de la frange conservatrice de la magistrature, qui estime que cette amnistie est une atteinte gravissime à l’Etat de droit, M. Sánchez fait face aux critiques de certains des barons les plus modérés de son parti.

Et une fois réinvesti Premier ministre, il devra composer avec une majorité qui s’annonce instable.

En effet, le parti de Puigdemont et les nationalistes basques du PNV, très proches du monde de l’entreprise, auront notamment du mal à voter la réduction de la semaine de travail à 37,5 heures, mesure phare de l’accord de gouvernement entre les socialistes et leur principal allié, la plateforme d’extrême gauche Sumar.

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