Espagne : Puigdemont se fait désirer par Pedro Sánchez

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Pedro Sánchez a besoin du soutien de quelques députés du parti indépendantiste catalan Junts de Carles Puigdemont pour rester au pouvoir | Josep Lago/AFP via Getty Images

La reconduction au pouvoir du Premier ministre espagnol  dépend uniquement de Carles Puigdemont. Mais l’indépendantiste catalan a décidé de faire attendre le socialiste pour montrer que son soutien n’est pas si facile à obtenir. 

Jeudi, un accord semblait pourtant à portée de main. Installé près de Bruxelles pour échapper aux poursuites de la justice espagnole, le leader de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017 avait convoqué la direction de son parti Ensemble pour la Catalogne (Junts per Catalunya, JxCat) dans un hôtel de la capitale belge.

Un pupitre avec un micro et son nom y avait même été installé en vue d’une prise de parole.

Mais en fin de journée, plus de micro ni d’enceintes. En revanche, un message sur X (anciennement Twitter) de Puigdemont appelant à la « prudence », même si « certains sont pressés », dans une référence implicite aux socialistes de Pedro Sánchez.

En échange du soutien des sept députés de son parti – indispensable au Premier ministre sortant pour être reconduit au pouvoir par le Parlement très fragmenté issu du scrutin législatif du 23 juillet – Puigdemont exige l’amnistie des indépendantistes poursuivis par la justice espagnole.

Une mesure très controversée acceptée par les socialistes qui devrait lui permettre de faire son retour en Espagne, six ans après sa fuite en Belgique dans les jours qui avaient suivi l’échec de la tentative de sécession.

« Divergences de dernière minute »

La proposition de loi d’amnistie des socialistes a déjà reçu le feu vert de l’autre grand parti indépendantiste catalan, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), au pouvoir dans la région, qui votera donc en faveur d’une reconduction au pouvoir de M. Sánchez.

Pour sceller cet accord, le Premier ministre a envoyé jeudi à Barcelone son bras droit, le ministre de la Présidence Felix Bolaños. Dans l’espoir, selon la presse espagnole, que celui-ci puisse se féliciter dans le même temps d’un accord parallèle avec la formation de Puigdemont.

La mine tendue, il a dû se contenter d’indiquer qu’il « espérait » qu’un accord soit signé « bientôt » avec Junts.

Selon Jaume Asens, membre de la gauche radicale au pouvoir depuis trois ans avec Pedro Sánchez et négociateur de l’accord avec Junts, des « divergences de dernière minute », qu’il a refusé de détailler, sont apparues jeudi avec la formation de Carles Puigdemont.

Mais ces différences sont « si infimes » qu’une absence d’accord est « impossible », a-t-il assuré dans une interview à la télévision publique espagnole, se disant convaincu que cet accord interviendrait « dans les heures ou les jours à venir ».

Selon Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo, le manque d’empressement de Puigdemont à signer un accord avec les socialistes est lié à la lutte de pouvoir que se livrent sa formation et ERC en Catalogne, où les indépendantistes sont au pouvoir depuis près de dix ans.

Junts, plus radicale, a mené ces dernières années une opposition frontale au gouvernement de Pedro Sánchez, après l’avoir pourtant porté au pouvoir en 2018 en votant la motion de censure qu’il avait déposée contre son prédécesseur conservateur Mariano Rajoy.

Plus modérée, ERC prône le dialogue avec Madrid et est un soutien régulier du gouvernement de gauche au Parlement.

« Junts est pris dans un combat féroce avec ERC pour la domination du mouvement indépendantiste » et Puigdemont « ne veut pas être dépeint comme quelqu’un qui a trahi les siens » en acceptant de reconduire Sánchez au pouvoir, déclare l’analyste à l’AFP.

Alliées au sein du gouvernement régional de Puigdemont au moment de la tentative de sécession, les deux formations ont coupé les ponts l’an dernier et ERC, accusée par Junts de faiblesse face au gouvernement central, est actuellement seule au pouvoir en Catalogne.

Dans ce contexte, Puigdemont veut « imposer une narration » de l’accord « différente » de celle d’ERC et « le dernier mot doit être le sien », estime vendredi le journaliste Enric Juliana dans le quotidien barcelonais La Vanguardia.

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