En temps de confinement, comment s’adaptent nos enseignants ?
Publié leMême en état d’urgence sanitaire, les cours sont assurés par nos enseignants et professeurs du secteur public dans le pays. Quelques uns d’entre eux livrent leurs expériences, mésaventures et astuces pour garantir l’accès aux cours.
La suspension des cours a été l’une des premières mesures adoptée par le Maroc face à la propagation du nouveau coronavirus. Une décision annoncée seulement quelques jours avant son entrée en vigueur, jetant ainsi les enseignants à la gueule du loup.
Dans une course contre la montre, les enseignantes ont opté pour des dispositifs rapides et accessibles au plus grand nombre. C’est le cas de Fouzia, enseignante au lycée agricole et technique de Meknès, où tous les cours sont assurés à distance.
Recréer l’ambiance de classe
Fouzia a proposé la création d’un groupe Whatsapp pour chaque matière et chaque niveau. En plus des élèves et de l’enseignante, un surveillant est aussi intégré au groupe. «Nous voulons recréer la même ambiance que celle en classe. Et donc le surveillant est là pour faire régner le respect», explique notre interlocutrice
«Avant de démarrer les cours du matin, j’envoie une chanson ou un message de motivation à mes élèves», partage avec nous Fatima, professeure à l’Institut des Techniciens Spécialisés en Horticulture de Meknès.
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«Le réveil est dur pour les élèves et nous essayons de les motiver comme on peut», renchérit Fouzia, qui soulève le fait que l’absentéisme est assez élevé durant la matinée. «Nous en avons discuté avec l’administration, mais on nous demande de garder les mêmes horaires», poursuit-elle.
Tout comme en classe aussi, marquer sa présence est obligatoire. Fouzia demandent à chaque élève d’envoyer son nom, une pratique également menée par Fatima. Par ailleurs, les deux enseignantes ont toutes les deux opté pour l’application WhatsApp, où elles envoient leurs cours.
Pour sa part, Fatima utilise la méthode de la «classe inversée», qui consiste à envoyer le cours en amont et réserver le cours aux explications approfondies, aux interrogations et exercices pratiques, nous explique-t-elle. «Lorsque le cours démarre, j’envoie des vidéos que je filme moi-même et où je donne plus de détails, comme ce que je faisais en cours», poursuit-t-elle.
Même procédé est utilisé par Fouzia, qui envoie et valide chaque vidéo auprès de l’administration, nous confie-t-elle. «Suivez, notez et videz régulièrement vos téléphones pour qu’ils ne soient pas saturés», répète aussi Fouzia à ses élèves. Les limites technologiques freinent souvent le bon déroulement des cours, nous confie notre interlocutrice.
Les limites de la technologie
Souvent lente ou carrément interrompue, la connexion fait perdre quelques minutes durant chaque cours. C’est le constat de Nadia une autre enseignante en CE1 dans une école à Marrakech. Cette dernière a choisi la fameuse application Zoom, qui cartonne durant ce confinement.
Toutefois, l’application de visioconférence est la première à être affectée par ces couacs de réseau. De plus, l’enseignante lamente le fait de n’avoir été nullement préparée à se servir de ces outils nouveaux pour la plupart d’entre eux.
Du côté des élèves et étudiants certains ne sont pas équipés, pointe Fouzia. «J’ai un groupe de sept élèves qui ne disposent ni d’un smartphone ni d’un ordinateur. D’autres n’ont pas les moyens d’investir d’importantes sommes d’argent pour la connexion», lamente Fouzia.
Cette dernière a même fait un appel aux dons pour venir en aide à ses élèves et a réussi à recharger les lignes téléphoniques des plus nécessiteux d’entre eux.
Il est à noter, que les cours sont renforcés par deux dispositifs mis en place par le ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui a lancé l’opération de l’enseignement à distance, via le portail électronique TelmidTice et sur la chaîne TV Athaqafia.
Ni les enseignants ni les élèves ne prévoyaient un jour être confrontés à cette situation. Nos trois interlocutrices affirment toutes fournir davantage d’effort et d’énergie pour assurer leurs cours. «Nous professeurs et enseignants devons être créatifs en ces temps et capter l’attention de nos élèves, qui comme nous tous traversent des moments difficiles», conclut Fatima.