Drame de Melilla: des ONG demandent l’ouverture d’enquêtes au Maroc et en Espagne

Publié le
Melilla,ONG,Migrants,Amnesty,OIM,Enquête,H24Info.ma,info maroc,Actu Maroc,Actualité,Actualité Maroc
Un migrant soudanais blessé à l’œil est photographié dans le centre temporaire pour migrants et demandeurs d’asile de l’enclave espagnole de Melilla, près de la ville marocaine de Nador, le 25 juin 2022. Photo: Fadel Senna / AFP.

Plusieurs ONG nationales et internationales ont dénoncé « l’absence d’une prise en charge rapide » des migrants blessés lors de la tentative d’entrée à Melilla, survenue vendredi, faisant 23 morts au moins. Elles demandent l’ouverture d’enquêtes des deux côtés espagnol et marocain. 

Dans un communiqué conjoint, au moins 45 ONG nationales et internationales estiment que les « tragiques événements du 24 juin », survenus au niveau de la frontière séparant Nador et Melilla, rappellent « avec violence, l’échec des politiques migratoires sécuritaires ».

Les morts et les blessés parmi les migrants et les forces de l’ordre marocaines, dont le nombre définitif n’a pas encore été arrêté officiellement par le Maroc, « sont le tragique symbole de politiques européennes d’externalisation des frontières de l’UE, (…) avec la complicité du Maroc ».

Exprimant leurs « vives condoléances aux familles des victimes, parmi les migrants comme dans rangs des forces de l’ordre », ces ONG condamnent « l’absence de prise en charge rapide des migrants blessés ».

« Nous exigeons que les autorités marocaines procèdent à l’identification et à la restitution des dépouilles des victimes à leurs familles, en collaboration avec les communautés des migrants », écrivent ces ONG, parmi lesquelles il y a l’Association marocaine des droits humains (AMDH), le Collectif des communautés subsahariennes au Maroc (CCSM) et Caminando Fronteras.

Elles demandent « l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire indépendante du côté marocain comme espagnol » et ce pour « faire toute la lumière sur ce drame humain ».

Lire aussi: Vidéos. Espagne: des milliers de manifestants dénoncent le drame de Melilla

Les 45 ONG exigent aussi « la fin » de ce qu’elles estiment être « des politiques criminelles financées par l’Union européenne et ses nombreux complices » et demandent aux représentations diplomatiques des pays africains présentes au Maroc d’assumer pleinement leurs responsabilités en matière de protection de leurs ressortissants ».

« Tristesse » et « inquiétude »

Outre ces ONG, plusieurs organisation internationales ont également réagi au drame. « Horreur et honte pour le #MassacreàMelilla. L’engagement d’externaliser les frontières à tout prix est inadmissible. Nous demandons une enquête indépendante et une prise de responsabilité. Il existe de nombreuses organisations qui demandent justice », a tweeté l’ONG Oxfam Intermón.

Dans un communiqué diffusé le lendemain du drame, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont exprimé « leur profonde tristesse et leur inquiétude face aux pertes en vies humaines et aux blessés signalés lors des tentatives de franchissement de la clôture entre Nador au Maroc et Melilla en Espagne vendredi matin ».

Lire aussi. Migration illégale: pour Pedro Sanchez, le Maroc se bat contre les mafias internationales

L’OIM et le HCR « exhortent toutes les autorités à accorder la priorité à la sécurité des migrants et des réfugiés, à s’abstenir de recourir à une force excessive et à respecter leurs droits humains »

Pour les deux organisations onusiennes, « ces événements violents soulignent plus que jamais l’importance de trouver des solutions durables pour les personnes en déplacement, dans l’esprit du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et du Pacte mondial pour les réfugiés ».

L’OIM et le HCR réitèrent aussi « leur appel à la communauté internationale, conformément au principe de partage des responsabilités, pour renforcer l’accès à des voies alternatives plus sûres afin d’atténuer le recours à des voyages dangereux et de réduire le risque que de tels événements tragiques ne se reproduisent à l’avenir ».

Dans un entretien avec Radio France, le président d’Amnesty international France Jean-Claude Samouiller a également réagi au drame. « C’est un drame de plus, un drame de trop comme nous le disons à chaque fois. La mer Méditerranée est la route d’immigration la plus dangereuse au monde avec en moyenne 3.000 morts chaque année. Nous condamnons donc effectivement sans réserve l’utilisation disproportionnée de la force par les gendarmes », a-t-il fait savoir.

Lire aussi. Drame de Melilla: l’Union africaine demande une enquête immédiate

Et de souligner que « Les personnes ont droit au respect de leurs droits fondamentaux que sont le droit à la vie et à ne pas être persécutés et violentés. Par dessus tout, on ne peut pas transiger avec le statut de réfugié, qui est la seule chose qui reste quand tous les autres droits ont été bafoués. Nous nous associons donc aux demandes d’enquête pour savoir exactement ce qu’il s’est passé ».

Selon un bilan provisoire confirmé par le Maroc, au moins 23 migrants ont trouvé la mort dans ce drame, lors d’une tentative d’entrée de quelque 2.000 migrants à Melilla. Les ONG affirment de leur côté que le bilan pourrait être d’au moins 37 morts.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Drame de Melilla: des ONG demandent l’ouverture d’enquêtes au Maroc et en Espagne

S'ABONNER
Partager
S'abonner