Décryptage. Plongée dans le monde de la chasse (1/2)

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L’activité de la chasse qui génère des millions de dirhams à l’État, est un secteur d’activité dont les retombées économiques sont loin d’être négligeables. Car un chasseur voulant chasser doit d’abord dépenser…

Ahmed S. n’oubliera jamais le jour de son entretien avec les autorités locales, relevant de sa circonscription, afin d’obtenir son premier permis de chasse. Après les questions d’usage, l’agent marque une pause, le dévisage, puis l’interroge sur ses opinions politiques. Le mordus de chasse détend l’atmosphère en y mettant de l’humour. « Moi parti est celui du pain ! », lance-t-il au caïd. Ils rigolèrent. Au bout d’un mois, il obtient le feu vert. C’était il y a une trentaine d’années. Une autre époque.

Au fil des ans, son renouvellement du permis de chasse est devenu une simple formalité administrative où le plus important, dit-il, c’est le paiement des frais et différentes taxes. Membre actif d’une association, affiliée à la fédération de chasse, il accompagne et conseille les nouveaux adhérents.

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L’obtention de l’autorisation de port d’armes est tout sauf un parcours de combattant. Il suffit de suivre les étapes prévues dans le cadre de la loi et des textes en vigueur. Sans plus. Ni de certificat médical, ni d’attestation de stage aux tirs ou à l’usage d’arme ne sont exigés.

Cela veut-il dire pour autant que tout le monde peut s’offrir un fusil au Maroc ? Devenir un chasseur et posséder une arme à feu est-il si facile ? Pas évident. Car le domaine de la chasse ne peut se résumer à une simple histoire d’armes, soumises à une réglementation très stricte. Si les procédures d’obtention de permis de chasse semblent faciles, c’est parce que la chasse est avant tout un secteur économique. Et ça rapporte gros à l’État.

Ce que ça coûte être un chasseur

Côté budget, un chasseur débourse annuellement 1.500 dirhams entre permis de chasse, permis de port d’arme, location, timbres et frais divers. Au dernier décompte du Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLD), ils étaient environ 70.000 à  pratiquer ce «sport» ou activité de loisir, qui ne dépend pas du ministère de la Jeunesse et des sports. On est déjà aux alentours de 105.000.000 DH qui, annuellement,  alimentent les caisses de l’État. Les prix des fusils varient selon la marque et le modèle, allant de 15.000 jusqu’à 30.000 dirhams. Même chose pour les cartouches dont le prix dépend du calibre. Un chasseur peut débourser entre 1.500 jusqu’à 2.000 dirhams pour un paquet de munitions de mille unités. Un business juteux qui aiguisent l’appétit des équipementiers. Des packs chasseurs (longue-vue, sac à dos, vêtements, bottes…) sont même proposés par les magasins spécialisés.

Parmi les dépenses incontournables, il est également à prendre en considération ce qu’on appelle communément les locations d’amodiations. Une amodiation est un acte juridique par lequel une autorité publique (le Haut-commissariat aux eaux et forêts) affecte à un tiers (une association de chasseurs) un terrain pour une durée limitée (un an en général). Il s’agit donc de mettre à la disposition d’un club de chasseurs un territoire où les membres pourront accéder en respectant la législation et les règles en vigueur chaque année.

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Les tarifs de ces amodiations avoisinent les 30.000 dirhams. Si on compte le nombre d’associations variant entre 1.200 et 1.300, on arrive facilement à un chiffre aux alentours des 40.000.000 de dirhams.

La chasse est un secteur social dont la mesure où les associations s’offrent les services de gardiens. Des enfants du pays qui connaissent tout le monde et que tout le monde connaît. Ces gardiens touchent environ 2.500 dirhams par mois. Ils n’accompagnent pas uniquement les chasseurs lorsqu’il partent en forêt, mais sont recrutés pour surveiller le territoire de l’amodiation toute l’année.

« L’activité de la chasse génère des milliers d’emplois permanents. La gestion et la mise en valeur des habitats naturels et de la faune sauvage, mobilisent énormément de gens. Il y des régions qui vivent cette activité », nous confie la fédération de chasse. Toutefois, les relations entre chasseurs et populations locales ne sont pas toujours faciles. Il y a des hauts et des bas.

 

Comment sont contrôlés les fusils de chasse ?

Au Maroc, la réglementation en matière de port d’armes est stricte. Le détenteur d’un fusil en est responsable légalement même si l’arme se trouve impliquée dans un crime commis par une tierce personne. La procédure, nous explique un officier, veut qu’en cas d’incident, la gendarmerie ou la police se déplace chez le propriétaire du fusil. Le but étant de vérifier si son outil de chasse était bien rangé dans une caisse verrouillée, comme le stipule la loi. Et les munitions conservées en sécurité. Sinon, c’est sa responsabilité en tant que propriétaire qui est engagée. À une époque, les services de gendarmerie convoquaient les associations de chasseurs. On exigeait qu’ils tirent avec leurs fusils. Les douilles étaient alors récupérées et répertoriées. Cette pratique n’est plus d’actualité, car aujourd’hui les techniques d’investigations permettent de remonter facilement à l’arme incriminée.

Le gibier chassé est-il halal ?

La chasse est une activité autorisée par l’islam. Si le lapin, la perdrix et autres volatiles sont des viandes halal, le sanglier, lui, ne l’est pas. Pourtant, le gibier ne se perd pas. Il arrive souvent que les habitants viennent le réclamer en vue de le vendre aux touristes étrangers. Il arrive aussi que des étrangers installés au Maroc le commandent auprès des chasseurs souvent gracieusement, comme nous confie un chasseur.

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