Une équipe de pompiers bénévoles français, accompagnée d'un maître-chien, est arrivée au Maroc dimanche et…
Dans la médina de Marrakech, quelques touristes et des inquiétudes après le séisme
Publié leDans l’entrelacs de ruelles et de gravats, de rares touristes ayant choisi de rester malgré le séisme visitent dimanche la médina de Marrakech. Mais la ville s’est largement vidée, faisant ressurgir le marasme provoqué par le Covid et des craintes pour le tourisme, le nerf de son économie.
« Nous n’allons pas laisser le tremblement de terre tout gâcher. Il n’y a pas eu d’avertissement sur un nouveau risque majeur, donc nous avons maintenu nos plans », explique Kirian Ficher, une Allemande de 35 ans en pleine balade guidée.
Dans son groupe, ils ne sont que quatre. Tous ont évacué leur chambre quand la terre a tremblé dans la nuit de vendredi à samedi.
« On hésite encore à partir ou non, mais ça semble relativement sûr, et en restant on contribue aussi modestement à soutenir les Marocains », abonde Dominik Huber, 26 ans.
Devant eux, les imposantes portes en bois cloutées du palais mauresque Bahia restent closes pour la journée, des tuiles en terre cuite vertes fracassées gisent au sol de l’édifice du XIXe siècle.
Dans les rues avoisinantes, de longues fissures balafrent les murs rosés, et certaines habitations ne sont que tas de pierres dans la cité impériale fondée vers 1070 par les Almoravides et longtemps poumon politique, économique et culturel.
Le tour de la vieille ville est entamé, « mais le gros de la visite est réalisable », assure leur guide.
Non loin d’eux, trois Italiens s’enquièrent auprès de policiers des sites de la cité classée au patrimoine mondial de l’Unesco encore ouverts au public. Eux non plus n’ont pas écourté leur séjour, pas plus que ce couple qui sirote un thé à l’ombre d’une terrasse aux murs de faïence, ou cette dame en tongs et chapeau de paille qui marchande un sac en cuir dans l’une des rares échoppes ouvertes.
Sur la place Jemaa el-Fna, les vendeurs de parfums ou de jus de fruits ont remplacé la vingtaine de riverains qui, couchés à même le bitume enroulés dans des couvertures, occupaient encore les lieux en début de matinée, empêchés de retourner dans leurs logements détruits ou endommagés.
Samedi, le Seto, qui regroupe environ 70 des plus grands tour-opérateurs français, indiquait que les clients se trouvant dans les hôtels de Marrakech n’avaient subi « à notre connaissance aucun dommage ».
Mais l’animation des ruelles est atone, loin de la frénésie habituelle.
Souvenirs des mois Covid
Déjà, le bilan humain ne cesse de s’alourdir, avec au moins 2.012 morts et 2.059 blessés, principalement dans des zones rurales au sud-ouest de Marrakech. Et les inquiétudes pointent sur les conséquences économiques du désastre venu couper court à l’embellie enregistrée cette année, selon l’Observatoire du tourisme.
Selon cet organisme non gouvernemental, quelque 6,5 millions de touristes principalement venus d’Europe de l’Ouest, du Royaume-Uni et des Etats-Unis ont visité le Maroc au premier semestre 2023, soit une hausse de 92% par rapport à la même période une année auparavant.
Parmi toutes les destinations, Marrakech est la plus prisée, avec plus de 4,3 millions de visiteurs, selon cette même source.
Or, les professionnels du tourisme et commerçants rencontrés dimanche déplorent déjà de nombreuses annulations, parfois jusqu’à octobre.
« Des groupes entiers ont annulé, par crainte de répliques. Mais il faut dire aux gens qu’ici ce n’est pas la Turquie, c’est sans commune mesure », assure Dahman Ziani, 56 ans et gérant du hammam éponyme, en référence au séisme de février qui a fait plus de 50.000 morts et des millions de déplacés dans le sud-est du pays.
« La médina c’est l’âme de Marrakech, notre fierté. Le tourisme c’est 99% de nos revenus. S’il meurt, tout s’arrête définitivement », comme ce fut le cas au début de l’épidémie de Covid, commente-t-il sur les marches en marbre du hammam désert.
Au printemps 2020, un confinement très strict de trois mois avait été instauré, laissant Marrakech exsangue de ses touristes.
« Là, on ne peut que croiser les doigts en espérant que cette période désastreuse du Covid ne se répète pas », lâche M. Ziani.