Coopération antidrogue: une juge espagnole accuse le Maroc de « laxisme »

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Le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit et son homologue espagnol Fernando Grande-Marlaska à Rabat ©DR
Le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit et son homologue espagnol Fernando Grande-Marlaska à Rabat ©DR

La juge espagnole Nieves Marina a formulé de lourdes accusations contre le Maroc, évoquant un “laxisme” de la part des autorités du Royaume en matière de lutte contre le narcotrafic.

C’est la première fois qu’un magistrat se prononce, ouvertement et sans détours, au sujet de la collaboration maroco-espagnole en matière de lutte contre le narcotrafic.

D’habitude, ce dossier est l’une des fiertés des sécuritaires des deux pays voisins. Il n’y a pas une réunion tenue entre les deux parties où un bilan des plus favorables en matière de lutte contre les mafias de la drogue ne soit dressé. Mieux encore: le partenariat maroco-espagnol dans ce domaine est considéré comme une référence et un modèle à suivre dans la région.

Ce constat “idyllique” vient d’être remis en question par la présidente de la section 7 de l’Audience nationale à Cadix, en Andalousie, en charge des dossiers liés au trafic de drogue. Pour cette juge spécialiste des macro-procès contre les narcotrafiquants espagnols, le constat est sans appel: le Maroc ne collabore guère pour contrer les réseaux mafieux s’affairant dans le détroit de Gibraltar.

Dans une interview fleuve accordée à l’agence Europa Sur, Nieves Marina n’a pas bronché en répondant à la question autour de cette collaboration: zéro, a-t-elle lancé.

La coopération avec le Maroc n’existe pas et une partie du problème réside là. Étant le seul producteur de haschisch, le Maroc laisse à désirer en ce qui concerne la poursuite de ces personnes. Ce que je sais, c’est que le Maroc ne collabore pas dans la lutte contre le trafic de drogue, c’est clair. Et il ne collabore pas non plus par la suite concernant de nombreuses personnes ayant des affaires judiciaires en attente ici.

Peut mieux faire

Pour appuyer sa thèse, et actualité oblige, la juge a évoqué la dernière saisie spectaculaire par la Guardia civil espagnole de 25 tonnes de résines de cannabis en provenance du port de Tanger Med.

Lorsque, il y a quelques jours, un camion en provenance du Maroc avec 25.000 kilos de haschisch a été détecté, c’est parce qu’il y avait un couloir préalable par lequel beaucoup d’autres camions étaient déjà passés. C’est vrai. (…) s’il n’y avait pas eu d’arrestations pour trafic de cette drogue dans le port d’Algesiras, c’est parce qu’on ne menait pas assez d’enquêtes”, considère-t-elle.

La magistrate n’a pu s’empêcher d’évoquer le cas du célèbre narcotrafiquant marocain le plus recherché en Espagne, Abdellah el Hajj, alias le “Messi du Haschich”, qui a trouvé refuge au Maroc et y mène une vie des plus paisibles.

En décembre dernier, il est sorti le plus tranquillement du monde de sa « cachette » pour prendre part à un match de football de la Botola Amateurs 2, au grand désarroi des autorités judiciaires espagnoles.

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