Charles III reporte sa visite en France au lendemain de manifestations émaillées de violences

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Au lendemain d’une journée de forte mobilisation et de violences en France, qui a entrainé le report inédit de la visite du roi Charles III, la principale centrale syndicale réformiste a de nouveau appelé vendredi le gouvernement à sursoir à sa reforme sur les retraites.

Coup de théâtre vendredi matin, l’Elysée a annoncé que la visite d’Etat du roi Charles III qui devait commencer dimanche a été reportée, à la demande d’Emmanuel Macron, a tenu à précisé Downing Street.

La décision a été prise « après un échange téléphonique entre le Président de la République et le Roi ce matin, afin de pouvoir accueillir Sa Majesté le roi Charles III dans des conditions qui correspondent à notre relation d’amitié », écrit la présidence française.

Cette décision tombe au lendemain d’une journée de manifestations et une nuit de violences dans plusieurs points du pays.

Entrée dans son troisième mois, la contestation contre l’allongement de l’âge du départ à la retraite à 64 ans, a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (ministère de l’Intérieur) et 3,5 millions (syndicat CGT) pour la 9e journée de mobilisation.

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a de appelé, comme la veille, le gouvernement à « mettre sur pause » sa réforme des retraites, et à ouvrir une négociation plus globale avec les syndicats.

Il faut « se donner six mois pour regarder, et sur le travail et sur les retraites, comment il faut reprendre les choses à l’endroit », a-t-il déclaré sur RTL.

Face à un risque d’un blocage total porteur de graves dangers, il a proposé une large négociation, une manière de permettre au gouvernement, jusqu’à présent inflexible, de sortir sans se dédire de l’impasse dans laquelle il semble se trouver.

« C’est le moment »

« Tout le monde est inquiet ce matin parce qu’il y a eu des violences qui sont inacceptables (…), il faut calmer le jeu maintenant, avant qu’il y ait un drame », a-t-il dit

« J’ai eu un conseiller de l’Elysée (…) c’est le moment pour dire + écoutez on fait un pause, on se dit on attend 6 mois+, il faut donner un signal au monde du travail. Ça calmerait le jeu », a-t-il précisé.

Une 10e journée d’actions est prévue mardi.

Le recours au 49.3, article de la Constitution française dégainé par le gouvernement pour faire passer en force à l’Assemblée sa réforme des retraites, et l’intervention mercredi du président Emmanuel Macron ont attisé les ardeurs des opposants, selon les détracteurs de la réforme.

« On sent qu’il y a un élan extrêmement fort de la population, une opinion publique qui est largement convaincue et donc voilà, tant qu’il y a un calendrier qui nous permet d’agir, on est mobilisé », a commenté Marylise Léon, numéro deux du syndicat CFDT.

Les syndicats ont donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, et des rassemblements de proximité sont prévus ce week-end.

La violence, qui n’avait jusqu’ici été que sporadique, a également fait une entrée en scène spectaculaire dans le jeu entre le gouvernement et les syndicats.

Lire aussi: Le roi Charles va visiter une France en pleine crise sociale

Porte de la mairie de Bordeaux (sud-ouest) incendiée, « scènes de chaos » dénoncées par la maire de Rennes (ouest), canons à eau à Lille (nord) et Toulouse (sud-ouest), manifestante avec un pouce arraché à Rouen (nord-ouest), commissariat pris pour cible à Lorient (ouest) etc. Les violences sont montées d’un cran presque partout. « Inacceptables », a jugé la Première ministre Elisabeth Borne.

Feux d’ordures

À Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits « sauvages ». A rebours d’un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.

Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre.

Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait état de 457 interpellations et 441 blessés dans le rangs des forces de l’ordre. Il a dénoncé la violence de « casseurs souvent venus de l’extrême gauche ».

Le gouvernement reste inflexible sur sa réforme. Emmanuel Macron, qui était jeudi à Bruxelles pour un sommet européen, avait la veille défendu bec et ongles une réforme « nécessaire » pour les finances publiques, assumant son « impopularité ».

Le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel a appelé à « mettre le pays à l’arrêt », et le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon à « jeter toutes les forces dans la bataille ».

Pour la cheffe de l’extrême droite Marine Le Pen, finaliste malheureuse de la dernière présidentielle, « Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple ».

Ironie de la situation, l’Iran dont le gouvernement use d’une répression terrible, a appelé vendredi la France à éviter la violence et à « écouter » les manifestants.

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