L’enquête menée par la Gendarmerie royale a abouti à l’arrestation du chef présumé du réseau de trafic de méthanol qui a causé la mort de plus de 15 personnes dans la commune de Sidi Allal Tazi.

Une semaine après son éclatement, les contours de l’affaire de l’alcool frelaté de Sidi Allal Tazi commence à se dessiner avec l’approfondissement de l’enquête menée par les éléments de la Gendarmerie royale sous la supervision du parquet de Kénitra.

Après l’arrestation de huit individus soupçonnés d’avoir intentionnellement fourni du méthanol, une substance nocive pour la santé, et le placement en détention de sept d’entre eux, de nouveaux éléments ont été mis à jour dans le cadre de l’enquête. Ainsi, quatre autres individus sont soupçonnés de liens directs avec un réseau de distribution de la substance toxique utilisée dans la préparation de l’alcool frelaté.

D’après le quotidien Al Akhbar, le nombre total des personnes arrêtés dans le cadre de l’enquête s’élève à 12 personnes, dont 7 sont en détention et 5 autres en état de liberté provisoire en attendant leur interrogatoire par le juge d’instruction.

L’accusé principal arrêté

Citant des sources bien informées, le quotidien révèle dans son édition de ce mardi 11 juin que le principal accusé dans cette affaire a été arrêté lors d’une opération coup-de-poing menée à Khemisset.

«Cette opération menée sur la base d’informations précises de la Brigade nationale d’investigation judiciaire (BNPJ), relevant du Haut Commandement de la Gendarmerie royale à Rabat, représente un tournant majeur dans l’enquête», car, affirme la même source, «il a permis de confirmer la théorie selon laquelle le « méthanol » a été acheminé de Casablanca par le suspect en question, originaire de la région du Gharba et qui a un lourd casier judiciaire pour trafic de drogue, de contrebande d’alcool et de fabrication d’eau-de-vie artisanale».

Modus operandi

Qualifié de «très dangereux et imprévisible», ce récidiviste se présentait comme le propriétaire d’une entreprise pour obtenir la substance toxique auprès d’un fournisseur à Casablanca, actuellement recherché activement par les enquêteurs.

Le principal accusé demandait à ce fournisseur de transporter le méthanol vers une usine fictive dans la banlieue de Kénitra prétendument spécialisée dans la fabrication de bouteilles et de barils en plastique de toutes tailles.

Une fois arrivée à Kenitra, la substance interdite était transférée dans la région de Gharb et distribuée à des revendeurs et des intermédiaires.

Exploitant la dépendance à la consommation d’alcool bon marché de certains clients, les distributeurs liés au principal trafiquant se chargeaient de la revente de la substance à des prix oscillant entre 20 et 30 dirhams le verre.

Ces verres étaient ensuite mélangés à des boissons gazeuses ou simplement à de l’eau, selon les témoignages de membres des familles des victimes et d’autres personnes de la région.

Facteur aggravant 

Selon le quotidien arabophone, la situation s’est aggravée le jour du drame, car il a coïncidé avec un mariage dans l’un des hameaux de la région de Sidi Allal Tazi, où la consommation de la substance toxique a été multipliée. Des informations indiquent qu’elle aurait été vendue sous sa forme brute, sans être mélangée à des liquides diluants pour en atténuer la toxicité.

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Par ailleurs, le bilan provisoire des intoxications au méthanol causées par la consommation d’alcool frelaté dans plusieurs douars de la commune de Sidi Allal Tazi s’est élevé à plus de 15 morts, dont 10 décès à l’hôpital El Idrissi de Kénitra et 5 constatés dans d’autres établissements, selon Fouad Archane, directeur du CHP de Kénitra.

Selon ce responsable, le CHP de Kénitra a reçu entre le lundi 3 et le mercredi 5 juin, 157 cas d’intoxications à la suite de la consommation d’alcool frelaté, dont 20 ont été transférés vers l’hôpital régional de Rabat.