Afrique du Sud: le procès pour corruption de l'ex-président Zuma renvoyé au 8 juin
Publié le« Cette affaire est renvoyée au 8 juin », a annoncé le magistrat, Themba Sishi, au terme d’une brève audience.
Détendu et souriant, M. Zuma 75 ans, est arrivé en début de matinée au palais de justice de la capitale de la province du KwaZulu-Natal, son fief politique, pour une audience préliminaire qui s’annonce expéditive.
Son avocat , Michael Hulley, a fait savoir qu’il demanderait le renvoi des débats dès l’ouverture de l’audience.
A l’époque « ministre » provincial puis vice-président du pays, M. Zuma est soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin de la part du groupe français Thales, à l’occasion d’un contrat d’armement de près de 4 milliards d’euros attribué en 1999.
L’entreprise d’électronique et de défense est également poursuivie.
Emmenées par son fils Edward, plusieurs centaines de personnes ont défilé vendredi matin au abords de la Haute-cour de Durban, placée sous très haute protection policière, pour exiger l’abandon des poursuites contre l’ancien chef de l’Etat.
« Il a peut-être fait des erreurs mais nous disons qu’il faut le laisser prendre sa retraite tranquillement », a déclaré à l’AFP un de ses partisans, Sphelele Ngwane. « C’est une conspiration, un complot politique mené par ceux qui sont au pouvoir ».
Dès jeudi soir, une veillée de chants et de soutien à l’accusé a réuni quelques dizaines de personnes dans un parc de Durban. Des femmes y ont entonné le titre fétiche de Jacob Zuma, « Umshini wani », « Donnez-moi ma mitraillette ».
Contraint à la démission
Son procès est attendue avec impatience par l’opposition et les ONG anticorruption, qui espèrent un verdict exemplaire.
« J’espère un vrai procès et un verdict approprié. Si c’est le cas, Jacob Zuma devrait finir en prison », a déclaré à l’AFP l’ancien député de l’ANC Andrew Feinstein, qui ferraille depuis des années pour faire éclater la vérité dans ce dossier. « Les preuves de sa culpabilité sont écrasantes », a-t-il jugé.
Corrompu par le groupe Thales
Dans un fax envoyé en 2000 à sa hiérarchie parisienne, un dirigeant local de Thales a écrit noir sur blanc que le groupe s’était engagé à verser 500.000 rands par an à M. Zuma pour garantir la « protection » du groupe et « le soutien permanent de JZ (Jacob Zuma) pour les futurs projets ».
Sur la base de ces éléments, M. Shaik a été reconnu coupable de corruption en 2005 et condamné à quinze ans de prison.
Un ancien avocat de l’industriel français, Ajay Sooklal, a aussi affirmé à l’AFP avoir été le témoin de la générosité du groupe français envers l’ancien président sud-africain, citant des « notes d’hôtel payées à Paris ou Bruxelles » ou des « remises de cash ».
En conflit financier avec Thales, Me Sooklal ne figure pas sur la liste des témoins de l’accusation.
Sollicité par l’AFP, le groupe Thales s’est refusé à faire le moindre commentaire sur une « affaire en cours » ou les « allégations » de son ancien conseil. Il a ajouté qu’il souhaitait « continuer à coopérer » avec les autorités sud-africaines.
Jacob Zuma a toujours fermement rejeté ces accusations, qu’il dénonce comme un complot politique ourdi par son grand rival politique de l’époque, Thabo Mbeki, alors président.
« Je suis parti mais ils sont toujours après moi », a-t-il à nouveau déploré la semaine dernière lors d’une messe.
Mis en cause dès 2003 dans ce dossier, M. Zuma a longtemps échappé aux poursuites. Par deux fois le parquet a engagé des poursuites contre lui puis les a annulées, au gré de jugements toujours très controversés.
La dernière annulation, quelques jours avant son élection à la magistrature suprême en 2009, semblait avoir enterré définitivement l’affaire.
Mais l’obstination du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), et l’arrivée à la tête du pays en février de Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités, ont permis de la ressusciter.
En mars dernier, M. Zuma a finalement été renvoyé devant le tribunal pour fraude, corruption et blanchiment.