A l’aube d’une 3e année de guerre, Zelensky proclame que l’Ukraine « vaincra » la Russie

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L'Ukraine "vaincra" la Russie a proclamé le président ukrainien Volodymyr Zelensky
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la présidente de la Commission européenne Ursula von Red Leyen et le Premier ministre belge Alexander De Croo, assistent à une cérémonie marquant le deuxième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine à Hostomel, dans la région de Kiev, le 24 février 2024. © Bureau de presse de Palazzo Chigi via AFP

L’Ukraine « vaincra » la Russie a proclamé samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays débute affaibli une troisième année de guerre, l’aide de ses alliés se tarissant pendant que la machine militaire russe est montée en puissance.

« Nous nous battons pour cela. Depuis 730 jours dans notre vie. Et nous vaincrons, au meilleur jour de notre vie », a lancé M. Zelensky dans un discours à l’aéroport militaire de Gostomel, près de Kiev, théâtre d’une bataille clé avec les Russes dans les premiers jours de l’invasion débutée le 24 février 2022.

Le président russe Vladimir « Poutine doit perdre absolument tout, comme ici à Gostomel », a-t-il encore dit, depuis l’aérodrome, entouré de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, et des Premiers ministres italienne Giorgia Meloni, canadien Justin Trudeau et belge Alexander de Croo, venus en Ukraine à l’occasion du deuxième anniversaire de l’invasion.

Mme Meloni doit présider dans l’après-midi une réunion virtuelle du G7 sur l’Ukraine, depuis la cathédrale Sainte-Sophie dans le centre de Kiev, en présence de M. Zelensky, pour discuter de nouvelles sanctions contre Moscou.

Lorsque Vladimir Poutine a annoncé que les troupes russes pénétraient sur le territoire ukrainien à l’aube du 24 février 2022, il croyait prendre Kiev en quelques jours mais la résistance ukrainienne l’a contraint à d’humiliantes retraites.

Mais en 2023, c’est l’Ukraine qui a connu une déconvenue d’ampleur avec l’échec de sa grande contre-offensive, si bien que l’armée russe, forte d’une économie tournée vers l’effort de guerre, se retrouve en position de force, les militaires ukrainiens se plaignant de la faiblesse de leurs effectifs ainsi que du manque d’obus et d’équipements de défense antiaérienne.

La présence de dirigeants occidentaux dans la capitale ukrainienne pour afficher leur soutien ne masque pas cet état de fait: l’aide américaine est bloquée par les rivaux républicains du président démocrate Joe Biden, et celle des Européens a pris du retard.

En dépit des difficultés, le commandant en chef des armées ukrainiennes, le général Oleksandre Syrsky, s’est dit « convaincu que notre victoire est dans l’unité ».

« La lumière l’emporte toujours sur les ténèbres! », a-t-il déclaré sur Telegram.

Le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, a exhorté samedi l’Ukraine et ses alliés à « ne pas perdre espoir » car « l’objectif du président Poutine de dominer l’Ukraine n’a pas changé, rien n’indique qu’il se prépare à la paix », a-t-il dit dans un message enregistré.

La Russie se targue, quant à elle, de multiplier les assauts sur le front et revendique les succès, en particulier la prise de la ville forteresse d’Avdiïvka le 17 février.

Les soldats russes sont également à l’offensive et grignotent du terrain dans un second secteur de l’Est, celui du Mariïnka, dorénavant qualifié de « point chaud » par Kiev.

« L’avantage est de notre côté », a déclaré le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou lors d’une visite à ses troupes en Ukraine, selon un communiqué de l’armée russe samedi, qui précise que les forces russes étaient encore à l’offensive après la prise d’Avdiïvka.

Près de cette ville qu’ils ont défendue avant leur retrait, des militaires ukrainiens rencontrés par l’AFP à Pokrovsk avaient un message clair pour les dirigeants occidentaux.

« Donnez-nous de l’artillerie, des drones, des contre-batteries, des obus ! », réclame Woodie, le pseudo de ce soldat de 31 ans.

« Nous avons tenu le coup et infligé des dégâts, mais c’est vraiment dur quand des gens armés de fusils d’assaut se battent contre l’artillerie et l’aviation », explique Sportsman, un autre combattant de 39 ans, sur le front depuis deux ans.

De son côté en Russie, Vladimir Poutine a encore une fois salué vendredi ses « héros » qui combattent l’Ukraine. Quelque 500.000 hommes se sont engagés en 2023 et environ 50.000 de plus au seul mois de janvier de cette année.

L’opposition russe a, elle, été décimée par une campagne de répression sans merci, culminant le 16 février avec la mort dans une prison de l’Arctique de la figure de proue des détracteurs du Kremlin, Alexeï Navalny.

Et à trois semaines de la présidentielle russe de la mi-mars, l’emprise de M. Poutine sur le pouvoir semble plus totale que jamais.

Samedi à Moscou, la police russe a procédé à plusieurs arrestations, notamment de journalistes, lors d’un rassemblement de femmes de soldats russes mobilisés réclamant leur retour d’Ukraine.

Tous les samedis, ces épouses de militaires déposent des fleurs sur la tombe du soldat inconnu, une action symbolique à l’ombre des murs du Kremlin.

Dans les rues de la capitale russe, des Moscovites affichent leur exaltation: « Beaucoup de mes amis ont envoyé leurs fils » à l’armée, relève Nadejda, une enseignante de 64 ans, « et nous les félicitons tous et attendons leur retour ».

Les détracteurs de l' »opération militaire spéciale », euphémisme imposé par le Kremlin s’agissant de l’invasion, risquent de lourdes peines de prison ferme, font pour leur part preuve de prudence, à l’exemple de Konstantin, un professeur de théâtre: « On est tellement coupé de la vérité, qu’il est difficile de prendre des décisions ».

Quant aux sanctions qui ont coupé la Russie du monde occidental et ont dans un premier temps secoué l’économie russe, le Kremlin n’a cessé de s’en moquer, tout en les contournant.

Ces mesures n’ont pas empêché l’industrie de défense de démultiplier sa production, faisant pencher le rapport de force en faveur des Russes.

La nouvelle salve de sanctions occidentales annoncées ces derniers jours est censée y remédier mais les responsables russes les ont balayées. Le numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a juré vengeance et de faire « souffrir » les « ennemis » occidentaux.

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