Vidéos. Brasilia: tristesse et désolation dans les lieux de pouvoir saccagés par les bolsonaristes 

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Brasilia: tristesse et désolation après l'invasion des lieux de pouvoir par les bolsonaristes 
Des centaines de partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro ont envahi le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême à Brasilia, au Brésil, le 8 janvier 2023. © Evaristo Sa/ AFP

A l’entrée du Palais présidentiel du Planalto à Brasilia, un trou dans le sol en pierre, des vitres brisées ou du mobilier immergé dans un bassin témoignaient lundi des saccages auxquels se sont livrés la veille des bolsonaristes déchaînés.

Quelque 12 heures après l’invasion des lieux de pouvoir dans la capitale par des milliers de manifestants violents, une persistante odeur de gaz lacrymogène flottait dans l’air.

Des militaires ont hissé les couleurs sur le mât face au Palais présidentiel, pour retrouver un semblant de normalité, tandis qu’au sol gisaient encore les projectiles lancés sur la police ou les bombes lacrymogènes utilisées par les forces de l’ordre pour dégager les manifestants.

Des équipes de nettoyage balayaient les débris de verre et récupéraient des chaises et autres mobiliers laissés devant l’entrée ou projetés dans le bassin du bâtiment du mouvement moderne, oeuvre du célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des employés de la présidence constataient eux aussi les dégâts.

« J’en ai pleuré », a reconnu pour l’AFP une fonctionnaire qui retournait au travail lundi, comme l’a demandé le président Luiz Inacio Lula da Silva qui s’est réuni en matinée avec les présidents du Sénat, de la Chambre des députés et de la Cour suprême dans le Planalto, où son bureau n’a pas été atteint par les émeutiers.

Dans une déclaration commune, ils ont condamné « les actes terroristes, de vandalisme, criminels et putschistes ».

Dimanche, des milliers de partisans de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro ont envahi la place des Trois pouvoirs où se côtoient le Palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême.

Persuadés que la victoire à la présidentielle d’octobre leur a été « volée » par la gauche, ils refusent de reconnaître Luiz Inacio Lula da Silva comme nouveau président.

Lire aussi: Brésil: les lieux de pouvoir sous contrôle après l’assaut des bolsonaristes

Après avoir bloqué des routes, campé devant des casernes pour demander le soutien de l’armée pour renverser le pouvoir démocratiquement élu, ils ont déversé leur colère et leur frustration en saccageant ces bâtiments publics.

Des barrières ont été utilisées comme bélier pour casser les vitres du Palais présidentiel, des pierres ont été descellées pour servir de projectiles sur la police mais aussi sur les vitres du bâtiment qui portent de nombreux impacts.

Des graffitis « Nouvelle constitution » ou « Intervention » militaire, sont encore visibles sur celles qui n’ont pas fini en morceaux. « Parlement corrompu » ou « le pouvoir émane du peuple » étaient écrits au marqueur sur des piliers du bâtiment.

Dans le hall d’entrée du Planalto gisent à terre au milieu des débris de verre des ordinateurs du service d’accueil. Les machines de détection aux rayons X ont été endommagées ainsi que les tourniquets de sécurité.

Les portraits sous verre de tous les présidents du Brésil qui étaient affichés sur un mur de marbre gisent à terre, brisés.

Lire aussi: Brésil: Lula décrète une « intervention fédérale » pour sécuriser Brasilia

Des experts en identifications relevaient lundi matin des empreintes digitales tandis que des ouvriers prenaient les mesures des fenêtres endommagées pour procéder à leur remplacement.

Des traces de sang subsistaient encore dans les bureaux du rez-de-chaussée, selon un fonctionnaire. Et dans une pièce voisine, le tableau « Les mulâtres », du peintre moderniste Di Cavalcanti, présentait de trous qui auraient été faits avec un couteau.

Le palais présidentiel abrite plus d’une centaine de peintures et de sculptures, ainsi que des meubles de Niemeyer lui-même. « Ils sont pratiquement tous endommagés », a soufflé un fonctionnaire qui a requis l’anonymat.

Des dégâts similaires étaient relevés au Congrès mitoyen : vitres brisées au sol, équipements informatiques pendant de meubles cassés. La porte d’entrée du Sénat n’existe plus.

Dans le hall, où Lula a défilé lors la passation de pouvoir le 1er janvier, des agents d’entretien épongeaient le sol. L’immense salle, qui fait face à la rampe par laquelle les partisans pro-Bolsonaro sont entrés, a été inondée lorsque les bombes lacrymogènes tirées sur les manifestants ont activé le dispositif anti-incendie.

« C’est une tragédie », se lamente Tiago Amaral, fonctionnaire de 34 ans, dans le bureau du sénateur Jaques Wagner, allié de Lula.

« C’est une destruction de patrimoine public, de richesses stockées dans ces bâtiments. Mais cela va bien au-delà, c’est une attaque contre la démocratie, comme celle que nous avions vue la dernière fois en 1964 avec le coup d’Etat militaire ».

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