Vidéo. Les trottinettes électriques, entre dangers et commodités

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"En général, le matin, tu te réveilles, tu prends la route, te retrouves dans les embouteillages, tu es stressé, arrives en retard à ton travail... La trottinette permet d'éviter tous ces tracas", témoigne un usager. Crédits photo: Ayoub Ouajib/H24Info

Si le cadre légal les concernant n’existe toujours pas au Maroc, les trottinettes électriques essaiment de plus en plus dans le paysage urbain, notamment à Casablanca. Entre dangers et commodités, H24Info fait le point avec différents acteurs de la mobilité.

Les motos, scooters, vélos ne sont plus les seuls à coudoyer les automobiles sur la chaussée. La trottinette électriques fait désormais partie du paysage de la mobilité urbaine, particulièrement à Casablanca où l’on observe de plus en plus ces petits engins de déplacement personnel motorisé (EDPM) qui vont plus vite qu’il n’y paraît.

« C’est un marché florissant, on voit qu’il y a un vrai engouement autour de la trottinette électrique, notamment à la suite de la hausse du prix des carburants. Au Maroc, on trouve des trottinettes à partir de 3000 jusqu’à 70 000 dirhams chez nous », explique Alaa Mohtarif, co-fondateur de Green Riders à Casablanca, une franchise spécialisée dans la vente de trottinettes électriques haut-de-gamme.

Pourquoi les usagers se tournent-ils vers ce moyen de transport? Nous sommes allés discuter avec deux d’entre eux qui s’accordent sur les avantages et inconvénients que cet engin implique. « J’ai choisi la trottinette électrique car c’est tendance, c’est la mode et c’est rapide. Avant j’utilisais un vélo, mais avec la trottinette j’arrive plus rapidement à mon travail », témoigne une utilisatrice.

Lire aussi : Trottinettes, covoiturage, vélos… La mobilité durable gagne du terrain au Maroc

« En général, le matin, tu te réveilles, tu prends la route, te retrouves dans les embouteillages, tu es stressé, arrives en retard à ton travail… La trottinette permet d’éviter tous ces tracas. C’est un engin hyper pratique avec lequel tu peux te faufiler entre les voitures, prendre le tramway, l’emmener chez un ami, etc. », énumère un autre usager interpellé durant son trajet. Le conducteur note également les avantages économique et écologique puisqu’on a affaire à un véhicule électrique.

« Ce n’est pas la trottinette qui est dangereuse mais la personne qui la conduira »

Nos deux interrogés ne manquent toutefois pas d’attirer l’attention sur les dangers associés à ce type de véhicules, par exemple le fait que les routes ne soient pas adaptées. « Il y a des trous énormes et les petites roues de la trottinette peuvent s’y bloquer, provoquant des accidents », note l’usagère. « Un des problèmes de la trottinette, c’est qu’elle ne fait pas de bruit donc les autres conducteurs ne nous entendent pas ni ne nous remarquent parfois », ajoute l’autre usager. « Ils ont tendance à nous considérer comme un piéton ou un vélo alors que nous allons beaucoup plus vite donc ils doivent anticiper tout autant leur rapport dans l’espace », renchérit la femme qui a déjà subi un accident à cause d’un automobiliste lui coupant la route.

« La chose la plus importante, c’est le respect du code de la route, ce n’est pas la trottinette qui est dangereuse mais la personne qui la conduira », fait remarquer Alaa Mohtarif de Green Riders qui se dit par ailleurs favorable à l’obligation du port du casque pour l’usager et de l’installation sur la trottinette de clignotants, de feux et d’un klaxon.

Au Maroc, il n’y a pas encore de loi officielle qui régit l’usage des trottinettes électriques. Conscient du phénomène en pleine expansion, le département du Transport planche actuellement sur un référentiel d’homologation pour les vélos mais également les trottinettes électriques. Il s’agit de réglementer la vitesse maximum autorisée, l’obligation du port du casque et équipements de protection, l’interdiction du transport de personnes et la définition de l’âge minimum de conduite.

La création d’une réglementation dédiée ambitionne d’endiguer les éventuels comportements dangereux liés à ce mode de déplacement encore récent et d’inciter les conducteurs à adopter un usage responsable et plus sûr de ces engins. En France, un décret datant de 2019 leur impose d’être équipés de feux de position avant et arrière, de catadioptres (dispositifs rétro-réfléchissants), d’un système de freinage et d’un avertisseur sonore, et ne transporter qu’une seule personne, âgée de 12 ans minimum.

Certaines villes sont allées plus loin en conditionnant l’utilisation de ces EDPM à la détention d’un permis. C’est le cas de Londres, Madrid et tout récemment Dubaï. Au Brésil, les conducteurs doivent passer un test avant d’être autorisés à circuler en trottinettes électriques. On en vient à se demander quel serait le meilleur moyen pour s’approcher au mieux d’une société où la sécurité routière est optimale, tous engins confondus.

Sensibiliser plutôt que rendre obligatoire

Pour Ilmy M’barki, président de l’association « Mobilité citoyenne » basée en Île-de-France, « il est nécessaire avant tout de former et sensibiliser les gens ». « Instaurer un permis peut présenter plusieurs avantages: établir un premier filtre, enseigner et sensibiliser autour d’un minimum de connaissances, mettre en place un continuum éducatif lié à la sécurité routière, responsabiliser les conducteurs… mais il peut aussi représenter un frein pour certaines personnes », développe cet ex-propriétaire et moniteur d’auto-école.

« Si on raisonne en termes de transition écologique, l’idée est d’inciter les gens à se diriger vers ce mode de déplacement. Le fait d’imposer un permis permet-il d’atteindre cet objectif? Dès lors qu’il y a un examen qui sanctionne, il y a un frein au niveau de la population », analyse le spécialiste franco-marocain qui relève par ailleurs le fait que « les gens considèrent la trottinette électrique comme un jouet et non pas comme un véhicule ».

Khaled Oufadene abonde dans le même sens. « Je suis favorable à une formation préalable à l’usage des trottinettes comme pour l’usage des motos en général », déclare cet ancien responsable de centre de formation de voitures, deux-roues voitures et poids-lourds (cars, semi-remorques) et formateur dans ces mêmes catégories.

« Au Maroc, rendre obligatoire quelque chose ne fonctionne pas. Sensibiliser les gens par des campagnes serait beaucoup plus utile. On le remarque avec l’exemple du port du casque pour les motos qui est obligatoire mais en pratique, cette obligation n’est pas ou mal respectée avec souvent des casques non sécurisés ni homologués ou carrément pas attachés », constate notre interlocuteur.

Et d’argumenter: « Il faut davantage les sensibiliser sur le fond plutôt que la forme. Mettre un casque pour mettre un casque n’a pas grande utilité, par contre si on sensibilise sur le fait qu’en cas de chute ce sont les mains et la tête qui prennent en priorité, on imposerait l’obligation des gants et du casque plus facilement ».

Lire aussi : A Casablanca, la trottinette électrique commence à s’imposer

Franco-marocain installé au Maroc depuis un an, Khaled Oufadene souhaite continuer son action sociale autour de la mobilité citoyenne dans son pays d’origine en créant une association « Initiative marocaine pour la mobilité citoyenne » (en projet) axée sur les problématiques spécifiques du royaume.

« En venant chaque été dans mon douar d’origine derrière Ouarzazate, j’ai pu voir l’isolement de certaines populations. Quand on parle de mobilité, c’est aussi donner accès à la mobilité à tous les citoyens qu’ils soient du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest. Notre association a vocation à aider les Marocains isolés partout dans le Maroc, un isolement géographique mais aussi économique », ambitionne-t-il.

« On a aussi vocation à aider des personnes économiquement en difficulté pour acquérir soit le permis soit potentiellement un véhicule pour pouvoir se déplacer ou aider leurs familles ou le douar en général. On a aussi vocation à sensibiliser toutes catégories de conducteurs, du piéton au poids-lourd pour avoir une route beaucoup plus sûre. En dernier point, la mobilité citoyenne se veut écologique donc on va essayer de lutter contre la pollution des véhicules à travers différentes actions prônant une mobilité, ce qui pourrait intégrer des projets autour de la trottinette », détaille Khaled Oufadene qui assure que « dans une grande ville comme Casablanca où le taux de pollution est élevé, la trottinette peut être une parfaite alternative ».

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