Trottinettes, covoiturage, vélos… La mobilité durable gagne du terrain au Maroc

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Image illustration. (Photo AFP)

Les prix des carburants continuent de grimper et la situation n’est pas encore près de s’arranger. Face à cette réalité, de plus en plus de Marocains se tournent vers les solutions de mobilité durable. 

Il est 7h du matin, ce mardi. C’est en face d’une boulangerie du coin qu’on nous a fixé rendez-vous. Le véhicule, une citadine diesel, s’arrête à nos pieds. Au volant, un jeune homme d’une trentaine d’années. De corpulence mince, il a les cheveux noirs, une barbe courte et porte des lunettes rondes de vue. Il est testeur réseau dans un organisme financier, installé à Casa Nearshore.

Au bout d’une centaine de mètres, un autre passager nous rejoint, muni de son porte-document et d’un panier repas. Lui aussi est un employé d’une société de la zone offshore de Sidi Maârouf. “On a chacun son véhicule. Mais avec la flambée du prix du carburant, on ne s’en sort plus”, nous confie notre conducteur. “Je n’ai jamais cru qu’un jour, j’allais opter pour le covoiturage. Mais bon, c’est la vie !”, renchérit l’autre passager.

Il y a un an qu’ils prennent le chemin du bureau ensemble. “Pour nous, c’était facile. Il y a avait aussi un peu de chance puisqu’on a quasiment les mêmes horaires. Le plus cocasse, c’est qu’on s’est rendu compte qu’on se croisait parfois au Casa Nearshore”, nous racontent-ils.

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Ce n’est que récemment qu’ils ont décidé de rechercher un troisième passager. “On faisait le plein à 450 dirhams, voire 500. Maintenant, c’est carrément ahurissant. Notre trajet est assez long. Et ça commence à bien chiffrer », se plaignent-ils.

Les deux compères se sont retrouvés grâce à un groupe sur facebook. On les a d’ailleurs rejoint ce jour-là via le même canal. Il y a tellement de pages dédiées à ce mode de déplacement. Certaines sont récentes, d’autres plus anciennes. Aujourd’hui, avec la hausse incessante des prix des carburants, elles deviennent de plus en plus actives. Il y a de plus en plus de demandes et autant d’offres, parfois quotidiennement.

Même engouement pour les applications de covoiturage, dont les téléchargements avoisinent les centaines de milliers. Mais tout ce beau monde n’est pas forcément utilisateur assidu. D’autres préfèrent partager leurs trajets avec des gens qu’ils connaissent. Il s’agit souvent de voisins ou de membres de la même famille. C’est le cas d’Aicha qui, depuis des mois, dépose au bureau sa petite sœur et son père tous les matins. Tout le monde rentre en même temps.

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“Moi je vis à Nouaceur et eux à Sidi Maârouf. On n’a pas les mêmes horaires certes, mais on s’arrange. On reste plus longtemps en ville. Comme ça, on utilise le même véhicule et donc moins de carburant. ça revient moins cher”, nous confie-t-elle.

Puis, il y a ceux qui investissent dans des solutions de mobilité durable. Il y a ces inconditionnelles du vélo. Puis, il y a ceux qu’on voit de plus en plus dans les rues de la capitale économique. Ils roulent en une sorte d’ovni citadin qui ne correspond à rien de connu jusqu’ici. Eux, ce sont les propriétaires des trottinettes électriques.

Ovnis urbains

Elles sont apparues il y a plus d’un an dans certains quartiers résidentiels où le bitume n’est pas trop capricieux. Avec le temps, ce nouveau mode de transport a fait son chemin, malgré son prix qui peut parfois dépasser les 10.000 Dh. Nous avons croisé un utilisateur à Bouskoura, en périphérie de Casablanca. “Je bosse dans le quartier industriel et je vis quelques kilomètres plus loin. A l’heure de pointe, il y a tellement d’embouteillages qu’on risque d’y passer une heure ou deux. Avec ma trottinette, ça va plus vite. En plus, c’est économique”, nous dit-il.

Dans l’impossibilité d’utiliser leurs voitures, certains conducteurs se tournent même vers le transport en commun, surtout le tramway. Une solution assez limitée qui ne convient pas à tout le monde. “Moi j’ai de la chance d’avoir un trajet court. Le tramway est donc pratique et moins coûteux. On arrive plus crevé qu’avant, mais moins stressé”, rencontre Laila, chargée de la communication interne d’une multinationale.

Dans un contexte marqué par la hausse mondiale des prix des carburants, la mobilité durable apparaît comme une opportunité. Malgré les avancées en matière d’infrastructures, le Maroc connaît plusieurs carences qui entravent cette mutation. Dans un avis, publié en 2021, le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) déplore l’absence d’une “stratégie globale, intégrée et inclusive, accompagnée d’une réglementation effective et d’une gouvernance efficace, ainsi que d’une véritable intégration des politiques de développement socioéconomiques à l’échelle des territoires”.

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