Vidéo. En Espagne aussi, l’envolée des prix fait flamber la colère sociale

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Une des manifestations organisées le 19 mars à Malaga, à l'appel du parti Vox. AFP.

Grève des transporteurs routiers, manifestations d’agriculteurs et de pêcheurs, grogne du secteur industriel… En Espagne, l’inflation record attise la colère contre le gouvernement de gauche, pressé d’agir au plus vite face à la flambée des prix de l’énergie.

Appelant à « freiner la détérioration des conditions de vie » et à « contenir les prix », les deux principaux syndicats, Commissions ouvrières (CCOO) et UGT, ont appelé à faire grève et à manifester mercredi à travers le pays alors que la hausse des prix a atteint en février son plus haut niveau depuis près de 35 ans (7,6%), dans un contexte de flambée des prix de l’énergie, dopés par la guerre en Ukraine.
« Mois après mois, les factures d’électricité, le chauffage, l’essence, les aliments, le logement et le transport augmentent. L’ensemble de la société souffre de cette situation », soulignent les organisateurs de cette grève qui vient s’ajouter à une série de débrayages et de manifestations, qui secouent depuis dix jours l’Espagne et son gouvernement.Le pays est ainsi confronté depuis le 14 mars à une grève illimitée des camionneurs, lancée par une plateforme de transporteurs indépendants, inquiets du boom des prix des carburants. Ce mouvement, qui s’accompagne de multiples barrages routiers, perturbe fortement l’approvisionnement des supermarchés et de certaines entreprises.Le gouvernement affronte également une grève des pêcheurs, qui ont cessé le travail lundi pour trois jours à l’appel d’une fédération regroupant près de 9.000 embarcations. Objectif là encore: dénoncer les prix du gazole, qui conduisent les pêcheurs à travailler à perte, selon cette fédération.La colère s’est aussi étendue aux éleveurs et aux agriculteurs, touchés de plein fouet par la hausse du coût des engrais et des matières premières. Près de 150.000 d’entre eux sont ainsi venus manifester dimanche dans le centre de Madrid, avec des chasubles fluorescents rappelant le mouvement des « gilets jaunes ».

« Agir de façon unie »

Ce mouvement de grogne sociale – le plus important depuis l’arrivée au pouvoir en 2018 du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez – a reçu le soutien des partis d’opposition, et en particulier de Vox (extrême droite), qui a organisé samedi ses propres rassemblements dans plusieurs villes d’Espagne.

Cette formation ultra-nationaliste, actuellement en plein essor, surfe sur le mécontentement d’une partie de la population, notamment dans les zones rurales, en accusant le gouvernement de « ruiner les classes moyennes » et les personnes « les plus défavorisées ».

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Une situation inconfortable pour l’exécutif, qui a pris ces derniers mois de multiples mesures pour augmenter les bas salaires et contenir les prix de l’énergie mais voit ses efforts réduits quasiment à néant par la spirale inflationniste.

Soucieux de désamorcer les critiques, Pedro Sanchez a promis voilà dix jours un « plan national » sur l’impact économique de la guerre en Ukraine, avec de fortes baisses d’impôts.

Une enveloppe de 500 millions d’euros a par ailleurs été mise sur la table pour compenser la hausse du prix du gazole pour les transporteurs. Mercredi matin, M. Sanchez s’est dit « convaincu » que le gouvernement parviendrait à un accord « cette semaine » avec les transporteurs.

L’exécutif reste cependant évasif sur les contours et l’ampleur globale de son plan, M. Sanchez cherchant à obtenir au préalable une réponse commune de l’UE face à la crise énergétique lors du sommet de jeudi à Bruxelles. L’UE doit « agir de façon unie » pour « réduire les prix de l’énergie », a-t-il insisté mardi.

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Madrid exhorte depuis des mois l’UE à modifier le mécanisme qui couple les prix de l’électricité au marché du gaz. Cet appel, jusqu’à présent, est resté vain, mais Pedro Sanchez, qui a multiplié depuis mi-mars les rencontres avec ses homologues européens, espère un revirement.

Que se passera-t-il en l’absence d’accord ? Ces derniers jours, l’exécutif a assuré qu’il agirait de façon indépendante et adopterait des mesures via un décret-loi le 29 mars. Une date jugée trop tardive par certains manifestants, qui rappellent que d’autres pays, comme la France et l’Italie, ont déjà adopté des mesures d’urgence.

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