Driss Lachgar a été reconduit, dimanche, au poste de Premier secrétaire de l'Union Socialiste des…
USFP-PPS: et maintenant?
Publié leEntre les deux principaux partis de gauche représentés au Parlement, le dialogue est pratiquement rompu. Une décennie de pouvoir des islamistes a considérablement éloigné les deux formations jadis réunies sous l’écharpe de la « Koutla démocratique ».
Au lendemain du scrutin du 8 septembre, l’Union socialiste des forces populaire (USFP) avec ses 34 sièges et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) avec ses 22 sièges vont-ils faire cavaliers seuls ou s’unir pour former une opposition de gauche homogène à même de défendre efficacement les idéaux progressistes ? Pour répondre à ces questions, H24info a interrogé le membre du Bureau politique du parti de la rose, Amam Chokrane, et l’ancien secrétaire général et actuel membre de la direction du PPS Moulay Ismaïl Alaoui. Interview croisée.
H24info: Vous avez opté pour l’opposition? Comment comptez-vous traduire cette opposition dans la pratique politique?
Amam Chokrane: Nous voulons une opposition responsable. Avec comme leitmotiv le Maroc d’abord. Ce ne sera pas un soutien critique non plus. Mais nous ne verserons pas dans l’opposition pour l’opposition. Notre objectif, c’est la défense des intérêts de notre pays. Nous applaudirons quand le gouvernement fera quelque chose de positive et nous nous opposerons quand il nous semblera que sa politique est contraire aux intérêts du royaume.
H24info: C’est le première fois depuis les années 1990 qu’aucun parti de gauche ne fait partie de la coalition gouvernementale? Qu’est-ce que cela signifie pour vous?
AC: Cette situation est une chance pour la gauche. Une chance qui ne se répétera sans-doute pas. Il faut profiter de cet état de fait pour rapprocher les points de vue des différents acteurs de la gauche, de tendre vers l’unité. C’est également une chance pour nous dans le sens où nous devrions développer un nouveau discours de gauche, une nouvelle alternative et développer de nouveaux comportements politiques.
Nous somme devant une chance historique, que nous devons concrétiser dans le but de former ce fameux grand parti socialiste auquel nous aspirons tous. Pour arriver à cela, il faudra commencer par coordonner nos efforts au parlement.
Lire aussi: Lachgar ne briguera pas de nouveau mandat à la tête de l’USFP
Moulay Ismaïl Alaoui: J’espère que ce sera pour la gauche le début de sa renaissance véritable. J’estime tout de même qu’il faut qu’il y ait un préalable à tout cela, c’est que cette gauche devrait, pour se refonder, procéder à son autocritique.
Une fois cette auto-critique faite, qu’elle puisse se retrouver autour d’une table pour discuter franchement, en toute camaraderie pour voir comment faire en sorte de refonder la gauche et de lui permettre de jouer son rôle qui doit être fondamental dans une société comme la notre.
H24info: Avez-vous entamé des contacts entre vos deux formations politique?
AC: D’après les échos que j’ai eu il n’y a pas encore eu de contacts.
Cela fait presqu’un mois que le scrutin a eu lieu, tout le monde sait que nous avons opté pour l’opposition, alors il aurait dû y avoir une première réunion. Ne serait-ce qu’un premier contact.
H24info: Peut-être que le PPS attend la tenue du congrès pour savoir à qui parler?
AC: L’USFP ce n’est pas une personne. Ce sont des institutions. Le PPS aussi tiendra bientôt un congrès. En réfléchissant de la sorte on peut attendre longtemps.
MIA: Non il n’y a pas eu de contact. Le problème avec l’USFP c’est qu’on ne sait plus à qui s’adresser. Tout sera plus claire après les résultats du prochain congrès de l’USFP.
Rappelons aussi qu’il n’y a pas que le PPS et l’USFP. Il y aussi les deux formations de la gauche dite radicale, notamment le PSU et les autres partis issus des différentes scissions de l’USFP et qui constituent aujourd’hui des forces de gauche dont on ne peut pas discuter de la sincérité des personnes qui la composent.
Je crois que tous les militants qui croient en la gauche ont un travail à faire. Celui d’abord d’être humble.et de ne pas se croire détenir chacun pour soit la vérité.
H24Info: Entre le PPS et l’USFP, il y a aussi beaucoup de problèmes d’égo, voir de la rancune…
AC: Ce qui nous rassemble est beaucoup plus important que ce qui nous divise. Ce qui nous opposer provient souvent de différents personnes, et non objectifs. Il s’agit souvent effectivement de guerres d’égo entre les dirigeants des partis.
MIA: Il y a certainement beaucoup d’égos, de la rancune aussi. Mais moi, ce qui me fait mal au cœur en fait, c’est que depuis le dernier congrès de l’USFP, beaucoup de militants de valeur ont pris un peu le large, ont quitté la scène. Et il va falloir qu’ils se reprennent.
Lire aussi: Officiel: l’USFP rejoint l’opposition
H24info: Vous pensez à qui ?
MIA: Je pense notamment à Ahmed Reda Chami, à l’ancien ministre de la Culture Mohamed Achaari, de Jamal Ghmani, de Ali Bouabid, etc.
H24info: Le patron sortant de l’USFP a cristallisé les tensions entre le parti de la rose et du PPS? Comment voyez-vous l’après-Lachgar?
MIA: J’espère bien une renaissance de l’USFP. Parce que c’était quand même un pilier de la vie nationale. L’USFP a malheureusement été fourvoyé par l’intrusion de magouilleurs.
AC: Je pense qu’il ne faut pas personnaliser les choses. Au lieu de parler de l’après-Lachgar, je pense qu’il faut parler de l’après-congrès.
Nous devons d’abord faire un bilan du travail accompli ces dernière années, avec ces réalisations mais aussi ses manquement, dans le but de pouvoir nous projeter dans l’avenir.
Je reste malgré tout optimiste. Vu d’abord la progression du parti aux dernière élections. Je reste optimiste aussi car il y au une volonté, lors du prochain congrès, de nous réconcilier avec les Ittihadis en colère. Il faut que ce soit le congrès de tous les Ittihadis.