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«Sang contaminé au VIH»: la BNPJ convoque le lanceur d’alerte
Publié leLa Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) a convoqué le Président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Aziz Ghali, pour l’auditionner à propos du «scandale du sang contaminé», a-t-il annoncé sur Facebook.
Depuis son passage chez le chroniqueur Hamid Mehdaoui durant lequel il a évoqué un «scandale concernant des poches de sang contaminé au VIH (Sida) au centre de transfusion sanguine de Casablanca», le président de l’AMDH ne cesse de défrayer la chronique.
Ce jeudi, il a publié sur son compte Facebook la convocation qu’il a reçu pour se présenter chez la BNPJ. «15 jours après le dépôt de la plainte de l’Association marocaine des droits de l’homme concernant le sang contaminé, la Brigade nationale a réagit pour entendre la déposition de l’AMDH concernant sa plainte (déposée le 5 juillet, ndlr). Ce dossier doit prendre toute son ampleur pour faire éclater la vérité, car la santé des Marocains n’est pas un jeu », a-t-il écrit.
Le 13 juillet Ghali a déclaré chez Mahdaoui que deux des poches de sang contaminées avaient étaient données à deux femmes –une à l’hôpital 20 août et l’autre dans une clinique privée de Casablanca– tandis que seule la troisième avait été retrouvée.
Face à l’onde de choc provoqué par la sortie médiatique du président de l’AMDH sur la chaîne YouTube du chroniqueur Mahdaoui, le ministère de tutelle s’est précipité à démentir les propos de Ghali.
Et c’est le chef du cabinet du ministre, Hicham Rahil, qui s’en est chargé de répondre aux «graves accusations» de Ghali.
Le chef de cabinet de Khalid Ait Taleb a accusé Ghali, dans une intervention sur radio MFM, de porter «une rancune personnelle» envers le ministre, annonçant que ce dernier «se réserve le droit de poursuivre en justice Aziz Ghali».
«Ce sont de graves accusations. M. Ghali a porté plainte et il a fait sa promotion (…) il prétend que les faits datent de juillet 2019 alors que le ministre a été nommé en octobre».
«Il dit que le sang contaminé a été transfusé à deux femmes et je me demande pourquoi celles-ci n’ont pas encore porté plainte ? (…) Il a dit que le ministre a immédiatement été mis au courant et là, je me demande est-ce que le professeur (le ministre, ndlr) va cacher une telle erreur ?», s’est-il interrogé avant de considérer que le discours tenu par Ghali «sème la zizanie».
« C’est difficile d’accuser une directrice telle que celle du Centre de transfusion de Casablanca d’une telle erreur. Ce monsieur est tenu de nous dire qui a élaboré le rapport d’autant plus que des gens qui ont élaboré ce rapport en 2019 n’ont pas dénoncé ce crime et pourquoi ils ne se sont pas adressés au parquet général ?», a-t-il poursuivi.
Pour ce dernier, le sang prélevé au Centre de transfusion ne peut être contaminé, car l’opération se déroule d’une manière automatique. «Les machines qui traitent le sang des donneurs détruisent d’elles même le sang contaminé», a-t-il dit.
Le revers de la main de Ghali
Joint par H24info, le président de l’AMDH balaye d’un revers de la main toutes ces accusations.
«Nous avons saisi le ministère public le 05 juillet près de trois semaines après avoir reçu un rapport sur ce scandale», nous a-t-il révélé.
«A aucun moment, je n’ai évoqué le ministre Ait Taleb nommément et je sais très bien qu’il a été nommé après les faits. Ceci dit, la responsabilité du ministère ne peut être écartée du fait du principe de la continuité de l’administration», a-t-il souligné écartant toute rancune vis-à-vis du ministre de la Santé.
S’agissant de l’accusation de semer la Fitna (la zizanie), Ghali affirme que ce n’était pas dans ses intentions. «Si je voulais vraiment créer la panique, je n’aurais pas précisé la date».
«D’un autre côté, quelle est la formation de ce chef de cabinet et est-il légitime pour se prononcer sur ce sujet? Ce n’est même pas un fonctionnaire du ministère. Pourquoi le ministère n’a pas publié de communiqué?», s’est-il interrogé de manière rhétorique remettant en cause «la légitimité d’un cabinard à se prononcer au nom du ministère».
«Nous avons reçu le rapport en question mi-juin et nous avons pris le temps d’étudier le dossier avant de se diriger vers le ministère public. Imaginons que nous n’avions pas entrepris cette démarche et que ce rapport ait été révélé en 2025. Dans ce cas, l’AMDH aurait été poursuivie pour non-dénonciation d’un crime», s’est-il défendu.
«Nous avons pris connaissance des faits et nous avons informé le parquet qui est le seul capable de faire le nécessaire, car à ce jour nous ne savons pas où sont ces femmes?», a-t-il conclu.