Sahara: le rappel à l’ordre de Rabat à Staffan de Mistura

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L'envoyé spécial de l'Onu pour le Sahara, Staffan de Mistura
L'envoyé spécial de l'Onu pour le Sahara, Staffan de Mistura ©DR

Le Maroc a rappelé, sans détour, à l’envoyé spécial de l’Onu pour le Sahara, Staffan de Mistura, les lignes rouges à ne jamais franchir pour que, à défaut de résultats probants, l’Italien s’acquitte de sa mission, sans heurts!

C’est sans fanfare ni tintamarre que le Maroc a reçu, hier jeudi 4 avril à Rabat, l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura.

Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger Nasser Bourita, flanqué du représentant permanent du Royaume auprès des Nations Unies, Omar Hilale n’ont entrepris aucun effort pour dissimuler un constat criant: de Mistura ne jouit plus de la confiance du Maroc.

Et il y a des signes qui ne trompent pas. Si habituellement Bourita prenait le soin d’aller à la rencontre de ses hôtes à la descente de leur véhicule, sur le perron de l’imposante bâtisse, sise rue Franklin Roosvelt, c’est par la voie d’un tweet, diffusé sur le compte officiel de la diplomatie marocaine que le Royaume a annoncé cette entrevue-éclair avec l’émissaire onusien.

Le ton adopté par le communiqué et son style télégraphique viennent appuyer la position marocaine: inutile de s’attarder dans les salemcs et les formules alambiquées, entrons dans le vif du sujet.

Le cahier revendicatif du Maroc rappelait à de Mistura que l’Algérie est partie prenante de ce différend et par conséquent, « pas de processus en dehors du cadre des tables rondes défini par l’ONU, avec la pleine participation de l’Algérie”, insistait le communiqué en guise de rappel à l’ordre.

Halte à l’improvisation 

Et inutile de s’aventurer à explorer d’autres voies: l’Initiative marocaine d’autonomie est et restera la solution. Allusion faite à l' »Ijitihad » auquel s’est essayé l’envoyé de l’organisation onusienne dans le but de « coopter » l’Afrique du Sud. Une démarche qui pourrait compliquer davantage une situation déjà tortueuse.

Quant à la troisième réserve brandie par la partie marocaine, elle met en doute la volonté du belligérant à s’engager “sérieusement” dans ce processus alors que « le cessez-le-feu est violé quotidiennement”.

Une réclamation qui revêt l’habit d’une mise en garde adressée à l’ONU et la Minurso, la mission chargée de veiller au respect de l’accord de cessez-le-feu, signé en 1991.

Autrement dit, ma patience a ses limites, semble lancer le Maroc en direction de de Mistura. Une patience qui a été déjà mise à l’épreuve lors de l’attaque sans précédent ayant pris pour cible la ville de Smara et causant une perte humaine.

L’ensemble de ces injonctions devraient être transmises aux membres du conseil de sécurité le 16 avril, date où l’Italien sera appelé à présenter le débrief de sa tournée régionale auprès des parties citées par la résolution 2703 adoptée en octobre dernier par le Conseil de Sécurité.

Envoyé pas si spécial! 

Il s’agit certes de la quatrième visite de l’envoyé d’Antonio Guterres dans la région depuis 2021, date de sa nomination, mais sans grand succès, au vu de son maigre tableau de chasse.

De fait, de Mistura multiplie les impairs à l’encontre du Maroc. La visite en février dernier à Pretoria est, à l’évidence, un péché capital aux yeux des autorités marocaines. Et la réconciliation avec Rabat serait dans l’impasse.

Car, aux yeux des autorités marocaines, le curseur des “efforts diplomatiques” de l’envoyé onusien semble se centrer davantage sur le Polisario et ses protecteurs, algériens et sud-africains, nommons-les.

C’est en somme le pressentiment qui prédomine dans les milieux diplomatiques marocains, qui espèrent recevoir de l’envoyé spécial, un geste fort, pour amender son “erreur d’appréciation”, pour paraphraser Hilale en prononçant sur la visite sud-africaine de l’Helvético-Italien.

Ou assistera-t-on à un remake du cas Christopher Ross, tombé en disgrâce auprès de Rabat, en 2012, et entraînant dans sa chute l’envoi aux abysses de ce sempiternel processus.

Rendez-vous donc le 16 avril!

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