Riyad se voit en médiatrice avec une réunion sur l’Ukraine

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© Agence de presse saoudienne

L’Arabie saoudite, en quête d’influence mondiale, accueille samedi une réunion sur l’Ukraine qui s’attend à des discussions « pas faciles » selon un représentant de Kiev, alors que Riyad a fait la part belle aux puissances émergentes proches de Moscou. 

La richissime monarchie du Golfe avait annoncé vendredi la venue de « conseillers de sécurité de pays frères » pour discuter de la « crise ukrainienne », à Jeddah, au bord de la mer Rouge, sans dévoiler le nom des Etats participants.

Cette réunion de deux jours reflète, selon l’agence de presse officielle SPA, la « disposition du royaume à exercer une mission de bons offices » pour parvenir à « une paix permanente » entre l’Ukraine et la Russie.

« Les discussions ne seront pas faciles, mais la vérité est de notre côté », a déclaré Andriy Yermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne qui doit représenter le pays à Jeddah.

« Nous avons de nombreux désaccords et nous avons entendu de nombreux points de vue », a-t-il ajouté dans une interview télévisée, soulignant l’importance de faire valoir la position ukrainienne: « Notre tâche est d’unir le monde entier autour de l’Ukraine ».

Une trentaine de pays ne comprenant pas la Russie ont été invités, assurent à l’AFP des diplomates qui ont requis l’anonymat.

Selon eux, Ryad a particulièrement tenu à recevoir le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, les membres des Brics (avec la Russie) qui, contrairement aux Occidentaux, n’ont pas pris partie pour l’Ukraine sans toutefois soutenir l’invasion russe lancée en février 2022.

Critiquée par les pays occidentaux pour son refus de condamner la Russie, la Chine a envoyé à Jeddah son émissaire pour l’Ukraine, Li Hui. Pékin s’est dit déterminé à « continuer de jouer un rôle constructif pour un règlement politique de la crise ukrainienne ».

L’Inde et l’Afrique du Sud ont aussi fait état de leur participation.

Paris est de son côté représenté par Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique du président Emmanuel Macron, selon l’ambassade de France à Ryad.

« Stratégie multipolaire »

Vendredi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait salué une réunion « très importante » en Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole brut.

L’Ukraine, avec les Etats-Unis, a néanmoins reproché à Riyad de faire le jeu de la Russie, sous le coup de sanctions occidentales, en menant conjointement avec elle une politique pétrolière visant à doper les prix sur les marchés mondiaux.

Egalement à l’oeuvre dans les pourparlers sur le Soudan, théâtre d’un conflit depuis la mi-avril, l’Arabie saoudite, après plusieurs années de politiques erratiques sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salmane, se voit aujourd’hui en faiseur de paix.

Le royaume a assaini ses relations avec ses propres rivaux, à commencer par le Qatar, la Turquie et même, cette année encore, l’Iran et la Syrie.

La réunion de Jeddah « illustre parfaitement le succès de la stratégie multipolaire de l’Arabie saoudite », dit à l’AFP Ali Shihabi, un analyste saoudien proche du pouvoir.

Mais si elle cherche à s’imposer en « puissance moyenne mondiale », l’Arabie saoudite espère aussi « faire oublier certains de ses échecs passés, comme son intervention au Yémen ou l’assassinat de Jamal Khashoggi », souligne à l’AFP Joost Hiltermann, responsable du Moyen-Orient à l’ONG spécialisée International Crisis Group.

Lire aussi. Vidéo. Ukraine: un pétrolier russe touché par une attaque de drone

Ryad a lancé en 2015 une opération militaire au Yémen voisin pour y soutenir les forces gouvernementales combattant les rebelles Houthis, proches de l’Iran. Les accusations de crimes de guerre et la crise humanitaire, l’une des pires au monde, a terni l’image de l’Arabie saoudite.

Mais c’est la stupeur provoquée par l’assassinat en 2018 du journaliste critique saoudien Jamal Khashoggi par des agents saoudiens à Istanbul qui a plongé le royaume, jadis discret, dans sa plus grande tourmente diplomatique.

La volatilité des marchés de l’énergie liée à la guerre en Ukraine a toutefois donné l’occasion à l’Arabie saoudite de se refaire une place sur la scène mondiale.

L’Arabie saoudite a soutenu les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU dénonçant l’invasion russe ainsi que l’annexion déclarée par Moscou de territoires dans l’est de l’Ukraine.

En mai, le royaume avait convié à un sommet de la Ligue arabe Volodymyr Zelensky qui en avait profité pour accuser certains dirigeants de la région de fermer les yeux sur l’invasion russe.

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