Pressé par les Etats-Unis, Israël promet d’augmenter l’aide humanitaire à Gaza

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Le Roi ordonne le déploiement d’une aide humanitaire par voie terrestre destinée à la population de Gaza et d'Al Qods
Aides humanitaires marocaines destinee a la population de Gaza © DR.

Israël a annoncé vendredi autoriser la livraison « temporaire » d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, via le port d’Ashdod et le point de passage d’Erez, au lendemain d’une mise en garde inédite de son grand allié américain.

La bande de Gaza est le théâtre depuis près de six mois d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre.

Selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas, 33.091 personnes, majoritairement des civils, y ont été tuées.

La pression internationale s’accentue chaque jour davantage sur le gouvernement israélien, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU exigeant vendredi l’arrêt de toute vente d’armes à Israël, dans une résolution évoquant les craintes de « génocide » contre les Palestiniens.

Le président américain Joe Biden avait lui évoqué jeudi pour la première fois la possibilité de conditionner l’aide américaine à Israël à des mesures « tangibles » face à la catastrophe humanitaire à Gaza.

Le cabinet de sécurité israélien a approuvé des « mesures immédiates pour augmenter l’aide humanitaire à la population civile » à Gaza, a déclaré vendredi le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué.

Acheminement « temporaire » 

Selon ce communiqué, Israël va autoriser l’acheminement « temporaire » de l’aide par le port israélien d’Ashdod, à environ 40 km au nord de la bande de Gaza, et par le point de passage d’Erez, entre le territoire palestinien et le sud d’Israël.

Les autorités israéliennes vont aussi permettre « l’augmentation de l’aide jordanienne par Kerem Shalom« , poste-frontière du sud d’Israël.

La Maison Blanche a appelé dans la foulée Israël à mettre « rapidement » en œuvre ses engagements.

Israël mène une vaste opération militaire dans la bande de Gaza depuis l’attaque du 7 octobre, menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis ce territoire. L’attaque a entraîné la mort de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées au cours de l’attaque et emmenées comme otages dans la bande de Gaza, où 130 sont toujours détenues, parmi lesquelles, selon l’armée israélienne, 34 sont mortes.

Israël s’est juré d’anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza et qui est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, Israël et l’Union européenne notamment.

Le bureau de presse du Hamas a fait état vendredi de frappes aériennes et tirs d’artillerie à travers la bande de Gaza, notamment à Rafah (sud), où s’entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, et Khan Younès.

Dans cette dernière ville, l’armée israélienne a dit avoir détruit « une infrastructure terroriste souterraine » et localisé des armes.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 56 corps ont été transportés dans des hôpitaux, dont une majorité d’enfants, de femmes et personnes âgées.

Les bombardements et l’offensive terrestre des forces israéliennes ainsi que le siège total du territoire palestinien ont provoqué un désastre humanitaire.

« Profondément insensible » 

La mort lundi dans des frappes israéliennes de sept travailleurs humanitaires, un Palestinien et six étrangers, de l’ONG World Central Kitchen (WCK), a accru le mécontentement international. L’armée israélienne a reconnu une « grave erreur », M. Netanyahu évoquant un « incident tragique ».

Plusieurs pays dont étaient originaires les victimes ont vivement condamné la frappe, dont l’Australie.

« J’ai trouvé cette déclaration (…) franchement, pour la famille en particulier (…) profondément insensible« , a déclaré la ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong, à propos de la réaction de M. Netanyahu, dans un entretien avec le quotidien britannique The Guardian.

« L’horrible attaque de cette semaine contre World Central Kitchen n’était pas la première de ce genre. Elle doit être la dernière« , a insisté de son côté jeudi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken à Bruxelles.

Il a rappelé que « 100% de la population a besoin d’aide humanitaire » à Gaza.

Premier soutien militaire d’Israël, les Etats-Unis ont exigé de leur partenaire une « augmentation spectaculaire » de cette aide, espérant voir des mesures concrètes prises « dans les heures et jours qui viennent ».

« Si nous perdons ce respect pour la vie humaine, on prend le risque de ne pas pouvoir nous démarquer de ceux que nous combattons« , a dit M. Blinken, en référence au Hamas.

Après la frappe de lundi, l’ONG WCK a annoncé suspendre ses opérations à Gaza, accroissant les craintes pour les 2,4 millions d’habitants.

Lire aussi: «Situation pire que catastrophique», «gens décharnés»…: dans l’enfer de Gaza

Open Arms, l’organisation espagnole qui avait affrété avec WCK le premier bateau d’aide humanitaire arrivé à Gaza en mars, a dit aussi jeudi suspendre ses opérations via le couloir humanitaire depuis Chypre.

Réunion du Conseil de sécurité 

Jeudi, Médecins sans frontières (MSF), Oxfam, Médecins du Monde et Save the children International ont alerté sur leur quasi impossibilité de travailler à Gaza.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit tenir vendredi une réunion sur la situation des travailleurs humanitaires et le risque de famine à Gaza.

Le Croissant rouge palestinien a indiqué jeudi que « 31 enfants de (la bande de) Gaza sont morts de faim et de déshydratation ».

Et selon une étude d’Oxfam, la population du nord de ce territoire survit avec « moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens ».

Pour apporter leur aide, plusieurs pays effectuent notamment des parachutages, mais cette méthode ne peut se substituer aux routes terrestres, insiste l’ONU.

Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a dit avoir largué jeudi l’équivalent de « 50.680 repas » dans le nord du territoire.

Joe Biden a aussi pressé jeudi Benjamin Netanyahu de conclure « sans délai » un accord pour un cessez-le-feu, alors que l’opération terrestre voulue par le Premier ministre israélien à Rafah suscite une inquiétude croissante.

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