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Précipitations du mois de mars: « Ces pluies arrivent trop tard pour sauver la saison »
Publié leAprès des mois de janvier et février particulièrement secs, le mois de mars a été marqué par plusieurs épisodes pluvieux, de quoi rehausser un peu le moral des agriculteurs. Mais ces dernières précipitations n’auront pas d’impacts significatifs sur la campagne agricole, dont les cultures céréalières et des légumineuses ont été largement entamées. C’est ce que nous indique l’ingénieur agronome Abdelmoumen Guennoun dans cette Interview accordée à H24info.
H24info. Les récentes pluies de ce mois de mars peuvent-elles sauver la saison agricole ?
Abdelmoumen Guennouni. Pour ce qui est des cultures céréalières et des légumineuses, ces précipitations n’auront aucun effet puisque ces cultures-là sont d’ores-et-déjà condamnées. Ces pluies sont arrivées bien trop tard pour qu’elles puissent avoir un quelconque impact sur ces cultures en bour. Il faut aussi rappeler que les pluies d’automne ont également été insuffisantes puisqu’elles n’ont pas suffisamment pénétré le sol pour aider au bon démarrage de ces cultures. A de rares exceptions, on peut dire qu’on peut faire une croix sur les cultures d’automne de l’actuelle saison agricole. Seules quelques régions, situées dans le nord et plutôt dans des régions montagneuses, peuvent encore espérer récolter quelque chose. Sans parler des parcelles irriguées qui elles aussi ont limité l’impact de la sécheresse sur les cultures d’automnes
Ces pluies peuvent-elles tout de même avoir un impact positif sur le pâturage?
Là aussi, on peut dire que les pluies sont arrivées bien trop tard car les herbes qui poussent généralement au Maroc lèvent vers la fin de l’automne puisqu’elles se sont adaptées au climat. La situation est critique et le bétail est en train d’être décimé. Il faut faire quelque chose pour les éleveurs. Certaines brebis sont vendues dans les souks à 20 dirhams. En enlevant la taxe, cela revient à les vendre à 14 dirhams. La situation est vraiment délicate.
Le gouvernement a pourtant annoncé des aides à destination des éleveurs…
Vous parlez de la distribution d’orge. Je tiens d’abord à rectifier un élément de langage souvent utilisé par les pouvoirs publics. Il ne s’agit pas de distribution mais de subvention. Car l’orge qui est distribuée aux éleveurs est tout de même vendue à 250 dirhams le quintal. Il faut également noter que cette orge subventionnée n’est pas très appréciée par les éleveurs, qui la jugent de moins bonne qualité. Il s’agit en effet, contrairement à l’orge beldi communément utilisé dans l’agriculture marocaine, d’une orge dite de brasserie, que l’on utilise pour faire de la bière et pas très adaptée à la nourriture du bétail. L’orge distribuée est également souvent jugée insuffisante par les éleveurs qui bien souvent rechignent à aller le récupérer car le prix du transport les en dissuadent.
Les récentes précipitations n’ont-elles servi à rien ?
Non, on ne peut pas dire cela. Tout d’abord, la pluie est toujours la bienvenue. Ces dernières précipitations ont un impact positif sur le remplissage des barrages et les ressources en eau potable. L’arboriculture bénéficie également de ces pluies du mois de mars, à l’instar des pommiers et des oliviers. L’eau de pluie est également bénéfique pour les cultures irriguées car les eaux pluviales sont d’une bien meilleure qualité que les eaux de forage, plus salines, et permettent un meilleur rendement.
La sécheresse est donc bel et bien actée pour cette saison…
Je suis quand même étonné que l’on soit encore surpris par la sécheresse. Il faut comprendre que la sécheresse est devenue structurelle au Maroc et cela doit entrer en compte des politiques publiques et ne pas attendre chaque année qu’il y ait une sécheresse pour que l’on commence à chercher des solutions. Cela doit être anticipé par le gouvernement.