Pesticides: « Le contrôle des produits agricoles destinés au marché local est défaillant » (Ouadi Madih)

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L’ONSSA (Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires) multiplie les contrôles ces derniers jours concernant les produits phytosanitaires. Ouadi Madih, président de la FNAC (Fédération nationale des associations du consommateur), regrette qu’on ne réagisse « qu’après le problème survenu ».

Les inspecteurs de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) d’Agadir ont découvert début août des matières actives non-homologuées (Flonicamid et Triadimenol) dans les pastèques vendues à Agadir.

Juillet dernier, des sanctions ont été prises à l’encontre des personnes impliquées dans l’exportation, vers l’Espagne, d’une cargaison de pastèques contenant un niveau non-autorisé par l’Union européenne (UE) du méthomyl, un pesticide nocif pour la santé des consommateurs.

Des mesures avaient ainsi été prises contre les contrevenants par l’Office, qui a procédé à la suspension de l’autorisation sanitaire de la station de conditionnement et celle de l’exportateur.

Depuis, l’ONSSA a intensifié la surveillance des vendeurs de produits phytosanitaires. Selon les données obtenues par nos confrères de Hespress, jusqu’à fin juillet 2023, l’ONSSA a surveillé plus de 1.157 distributeurs de pesticides et émis plus de 40 procès-verbaux d’infraction.

« Fallait-il en arriver à tout ce bruit autour de l’affaire de la pastèque pour que les agents de l’ONSSA communiquent sur ce qu’elle est en train de faire? On ne réagit qu’après le problème survenu, ce qui est regrettable », commente Ouadi Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC).

« Ne sommes-nous pas en train de faire un deux poids deux mesures entre le contrôle des produits destinés à l’export et ceux destinés au marché local? Le marché local bénéficie-t-il du même contrôle que l’exportation? », s’interroge le représentant des consommateurs.

Lire aussi : Pastèques: l’ONSSA reconnaît l’usage du pesticide non-autorisé

« On remarque que le produit exporté l’est dans un emballage bien connu et un étiquetage bien évident mais sur le marché local, n’a-t-on jamais acheté des tomates ou des oranges sans étiquette? Hormis peut-être dans certaines grandes surfaces, sur la plupart du marché marocain, qui me garantit que ces produits-là ne sont pas atteints? Ont-ils été contrôlés? », abonde-t-il.

Pour Ouadi Madih, le problème réside « après les revendeurs agréés »: « L’ONSSA est en train de contrôler des structures très bien organisées, le problème ne réside pas chez ses revendeurs connus, reconnus, mais chez les autres commerçants qui n’ont pas toute cette structure-là et qui vendent directement aux agriculteurs. »

« Je fais référence notamment aux revendeurs dans les souks qui vendent les produits phytosanitaires et pesticides. Qui les contrôle? Qui est-ce qui contrôle les produits qui entrent clandestinement sur le marché via la contrebande? Ce n’est pas la filière organisée qu’il faut uniquement suivre puisque par définition, elle est organisée », ajoute notre interlocuteur qui invite l’ONSSA à « intensifier ses contrôles » dans ce sens.

Et de questionner: « Tous les produits des marchés de gros sont-ils contrôlés et tous les fruits et légumes passent-ils effectivement par le marché de gros? Nous, consommateurs, observons que la majorité des produits sont vendus à même le sol ou dans des pick-ups venus directement du champ. Sont-ils contrôlés? »

Le consommateur marocain ne se sent pas assuré de la qualité des produits qui arrivent sur sa table, déplore encore le président de la FNAC qui établit un parallèle entre produits phytosanitaires et produits pharmaceutiques. « Pourquoi les produits phytosanitaires ne subissent-ils pas le même contrôle quant aux personnes qui les vendent? »

« Aussi, l’agriculteur n’est peut-être pas bien informé et sensibilisé à l’utilisation des produits cancérigènes et dangereux pour la santé de l’homme et même de l’animal. Si ces produits ne sont pas utilisés de manière contrôlée et rationalisée, nous courrons à la catastrophe », conclut Ouadi Madih.

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