Opérations israéliennes à Rafah: l’ONU craint un « massacre »

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Opérations israéliennes à Rafah: l'ONU craint un "massacre"
Le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence, Martin Griffiths, s'exprime lors d'une conférence de presse sur la situation à Gaza, au bâtiment des Nations Unies à Genève, le 15 novembre 2023. © Jean-Guy Python / AFP

Les opérations militaires israéliennes à Rafah « pourraient conduire à un massacre à Gaza », a alerté mardi le chef des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, appelant Israël à ne pas « continuer à ignorer » les appels de la communauté internationale.

« Plus de la moitié de la population de Gaza — largement plus d’un million de personnes– s’entassent à Rafah, voyant venir la mort: ils ont peu à manger, pratiquement aucun accès aux soins médicaux, nulle part où dormir, aucun endroit sûr », a-t-il commenté dans un communiqué, décrivant un « assaut incomparable en matière d’intensité, de brutalité et d’ampleur ».

« Je dis depuis des semaines que notre réponse humanitaire est en lambeaux. Je sonne l’alarme une nouvelle fois: les opérations militaires à Rafah pourraient conduire à un massacre à Gaza. Elles pourraient aussi conduire à l’article de la mort les opérations humanitaires déjà fragiles », a-t-il ajouté.

« Nous n’avons ni les garanties liées à la sécurité, ni l’approvisionnement, ni le personnel nécessaire pour maintenir ces opérations ».

« La communauté internationale a mis en garde contre les conséquences dangereuses de toute invasion terrestre à Rafah. Le gouvernement d’Israël ne peut pas continuer à ignorer ces appels », a-t-il plaidé.

« L’Histoire ne sera pas tendre. Cette guerre doit s’arrêter ».

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, dernier refuge pour 1,4 million de Palestiniens, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population totale du territoire, la plupart ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois.

La pression internationale s’est depuis intensifiée pour un accord de trêve entre Israël et le mouvement islamiste Hamas.

Pretoria a déclaré avoir déposé un recours en urgence lundi auprès de la CIJ à la Haye afin qu’elle examine en urgence l’annonce par Israël d’une prochaine offensive militaire sur Rafah et s’oppose si nécessaire à « une nouvelle violation des droits ». L’Afrique du Sud a déjà saisi la plus haute juridiction de l’ONU en accusant Israël de « génocide » à Gaza.

Les juges, qui ne se sont pas avancés à ce stade sur la question de savoir si Israël commet effectivement ou non un génocide, l’ont toutefois enjoint de prévenir de tels actes.

Le Hamas a averti dimanche qu’une offensive militaire israélienne contre Rafah, la ville du sud de la bande de Gaza où sont réfugiés des centaines de milliers de civils, anéantirait les espoirs de libération des otages détenus dans le territoire palestinien.

Lire aussi: Vidéos. Une offensive sur Rafah « torpillerait » un accord sur les otages à Gaza, avertit le Hamas

Plusieurs pays ont mis en garde contre une « catastrophe humanitaire » en cas d’assaut sur la ville surpeuplée.

Rafah est devenue le dernier refuge pour 1,4 million de Palestiniens, selon l’ONU, coincés contre la frontière fermée avec l’Egypte, en grande majorité des déplacés ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois entre Israël et le mouvement islamiste.

Les combats se poursuivaient dimanche à quelques kilomètres au nord, dans la ville en grande partie détruite de Khan Younès, où l’armée israélienne traque les combattants du Hamas depuis plusieurs semaines.

L’armée israélienne bombarde depuis vendredi Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où s’entassent plus d’un million de personnes, faisant craindre un « désastre » humanitaire pour les Etats-Unis dont le président, Joe Biden, a critiqué la riposte « excessive » d’Israël dans le territoire palestinien.

Israël mène depuis le 7 octobre des opérations militaires dans la bande de Gaza, assiégée, en riposte à une attaque sans précédent du Hamas sur son sol.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui a conclu jeudi une tournée régionale visant à encourager les efforts pour obtenir une trêve, a exhorté Israël à « protéger » les civils dans ses opérations à Gaza, incluant Rafah.

Lire aussi: Gaza: frappes sur Rafah, Biden juge «excessive» la riposte d’Israël

Après que l’armée israélienne a concentré ses opérations militaires sur les villes de Gaza (nord) puis Khan Younès, plus au sud, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné mercredi de préparer une offensive sur Rafah, ville située à la frontière, fermée, avec l’Egypte, où s’entassent 1,3 million de Palestiniens dont la grande majorité sont des personnes déplacées par les affrontements des derniers mois.

Washington a averti jeudi d’un « désastre » à Rafah et assuré ne pas soutenir une opération « sans une planification sérieuse » concernant les civils sur place. « Je pense, comme vous savez, que la riposte (…) dans la bande de Gaza, a été excessive », a déclaré le président américain, Joe Biden, dans une rare critique à l’égard d’Israël, proche allié des Etats-Unis.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est aussi dit « alarmé » par une telle opération qui selon lui « aggraverait de façon exponentielle l’actuel cauchemar humanitaire dont les conséquences régionales sont déjà incalculables ».

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