Nouvel An Amazigh, entre rites et Histoire

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Représentation du roi amazigh Sheshonq Ier. Crédit: DR.

Aujourd’hui est célébré le Nouvel An amazigh dans plusieurs régions du Maroc. Une célébration de plus en plus médiatisée, mais dont l’histoire et les rites restent cependant moins connus du grand public. Nous avons rencontré Mustapha Qadiry, enseignant chercheur d’histoire et d’anthropologie à l’université Mohammed V de Rabat et Abderrahmane Idouissaden, membre de l’association amazighe Tamaynut pour en savoir plus.
12 janvier ou 13 janvier? Chaque année de nombreuses personnes sont confuses quant à la date exacte du nouvel an amazigh. Mustapha Qadiry nous explique que cette confusion est due à un manque de maitrise du calendrier berbère, qui est un calendrier agraire en usage dans les régions d’Afrique du Nord. « Le 1er jour de la nouvelle année est le 14 janvier. On célèbre donc chaque année la veille, le 13 janvier. Cette date coïncide avec les 10 derniers jours des « Lyali » ( les nuits les plus froides ndlr) », nous a-t-il déclaré
« Les Amazigh d’Afrique du nord ont choisi depuis la nuit des temps le calendrier agraire qui ressemble au calendrier julien, parce qu’il était mieux adapté aux changements que connait le climat par rapport aux activités agricoles. Les célébrations du Nouvel An différent d’une région à une autre mais se retrouvent toutes sur un rite commun, celui de préparer des plats traditionnels, faits d’ailleurs des éléments produits par la terre » précise ,quant à lui, Abderrahmane Idouissaden.
Pois chiches, lentilles, « Assida », « Tarugalt » dattes et couscous sont donc au menu de cette célébration souvent faite en famille, mais qui est de plus en plus célébrée en public.
D’où vient le chiffre 2968?
« 950 années avant J.C, le roi amazigh Sheshonq a pu conquérir l’ancienne Égypte (que sa dynastie a gouverné pendant presque 200 ans). Cet élément historique a été repris par les Amazighs pour marquer leur calendrier » nous explique Abderrahmane.
Et de poursuivre: « Le calendrier qu’on utilise a repris la naissance de Jésus, celui des musulmans a repris le voyage du prophète Mohammed, les Amazighs quant à eux ont choisi cet événement historique ayant marqué l’histoire de l’Afrique du nord comme point de départ pour leur calendrier ».
La célébration du Nouvel An remonte, par ailleurs, remonte à des siècles déjà. « Le Nouvel An a toujours été célébré par de nombreuses familles amazighes, il y a beaucoup d’écrits qui le prouvent. Aujourd’hui ce qui a changé, c’est peut-être le cadre dans lequel ce dernier est célébré, avec de nombreuses associations qui le fêtent en public », souligne Mustapha Qadiry.
Mustapha Qadiry considère par ailleurs que le projet de « fériérisation » de ce jour doit obligatoirement avoir lieu et ce, dans le cadre d’une « réconciliation avec une culture et un peuple longtemps marginalisé ». Des propos qui rejoignent ceux de Abderrahmane, qui est de son côté, confiant par rapport à la concrétisation de ce projet.
« Aujourd’hui de nombreux acteurs politiques soutiennent nos revendications, notamment celle se rapportant à la fériérisation de ce jour. Nous sommes donc confiants quant à la réalisation de ce projet », nous a déclaré Abderrahmane.

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