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Moudawana: le calvaire des militantes féministes, harcelées et menacées de mort
Publié leDepuis plus d’une semaine, des activistes marocaines pour les droits de la femme font face à une vague de haine et de menaces sur les réseaux sociaux. Dans un contexte où la Moudawana va enfin faire peau neuve, militantes féministes, actrices, journalistes et artistes sont la cible de nombreux “faux comptes”. Une tentative de museler ces dernières qui défendent bec et ongles la réforme du Code de la famille.
Alors que le chantier royal de la réforme de la Moudawana est sur le point de se réaliser, sur les réseaux sociaux, les menaces de mort et le harcèlement sont de retour pour freiner cet élan. Sans surprises, ce sont en effet des activistes féministes, défendant la révision du Code de la famille, qui en font les frais.
Récemment, l’instance chargée de la révision de ce Code a remis ses propositions au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, en vue de les soumettre à l’appréciation du Roi. Pour rappel, l’annonce de cette remise à niveau faisait suite à la lettre royale adressée à Akhannouch. Le Souverain l’a donc chargé de superviser le processus de révision de la réforme.
Certaines de ces propositions ont fuité provoquant un vif débat. Ce fut également l’élément déclencheur de ladite campagne. Les réseaux sociaux, Instagram comme X (anciennement Twitter) ont été le terrain d’une vague de haine, de harcèlement, de messages insultants et de menaces de mort. Pire, certains ont même lancé des appels pour des actes terroristes à leur encontre.
🚨 Depuis plusieurs jours, une liste de militantes féministes marocaines fait le tour des réseaux sociaux pour nous intimider, harceler et menacer. Certaines ont reçu des menaces de mort contre elles et leurs enfants. Les auteurs semblent bien renseignés sur chacune. pic.twitter.com/EifKTeT7M3
— Rim (@psyaumaroc) March 28, 2024
“Vous et beaucoup d’autres (…) sont condamnées à la peine de mort pour la promotion des LGBT, de la «Zina» (fornication), et d’autres choses qui nuisent à la société marocaine. L’exécution sera douloureuse et totalement inattendue, wallah”, avait écrit un compte anonyme sur le profil d’une des activistes en question. “Tu vas mourir douloureusement, je promets, dis à tes collègues que tu seras tuée dans vos locaux de Rabat comme Charlie Hebdo en 2015”, a reçu une consœur journaliste sur son compte.
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D’autres ont aussi menacé les familles de ces dernières. En effet, Rim Akrache, psychologue et activiste féministe a vu des clichés de ses parents publiés sur les réseaux. Des militantes ont reçu des menaces de mort de leurs enfants: “je sais où tu habites, je sais quelles écoles ils fréquentent”.
En plus de ces messages d’une violence inouïe, une liste de plusieurs noms a été publiée par ces comptes anonymes où l’on retrouve plusieurs noms du mouvement féministe marocain à l’image de l’avocate et cofondatrice de l’association Kif mama Kif baba, Ghizlane Mamouni.
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Face à cette situation, plusieurs plaintes ont été déposées par les victimes de ce harcèlement qui ont publié une déclaration conjointe contre ces attaques et menaces de mort.
“Ces attaques sont d’une extrême gravité. Les militantes bénévoles se retrouvent exposées à des messages d’insultes, de menaces et de mort. La prolifération du discours haineux sexiste dirigé contre les femmes engagées en ligne, l’intimidation, le harcèlement systématique et l’incitation à la violence contre les voix féminines qui osent se faire entendre sont inacceptables”, fustigent-elles.
“Nous condamnons fermement ces actes d’une extrême violence relevant du terrorisme et sévèrement sanctionnés par la loi”, ont ajouté Sarah Benmoussa, Ghizlane Mamouni, Salma Ksikes, Karima Nadir, Mouna Rahiani, Zainab Fasiki, Meryem Gamar, Ibtissame Lachgar, signataires de ladite déclaration.
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Parallèlement, l’on apprend qu’une organisation non gouvernementale a adressé une lettre au président du ministère public concernant cette affaire. Dans cette lettre, le Front national de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme appelle à l’ouverture d’une enquête sur les menaces, mais surtout l’incitation au terrorisme.
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Faisant référence aux messages reçus par les activistes marocaines, l’ONG considère “ces menaces comme des actes terroristes qui répandent la haine, la discrimination, l’insécurité et l’apologie du terrorisme”. L’association interpelle ainsi le ministère public pour intervenir dans ce dossier “car ces extrémistes de l’islam politique ont montré leurs dents publiquement”.
Et puisque la réforme du Code de la famille revient au Roi Mohammed VI (discours du 10/10/2003 et du 30/07/2022), le front considère “ces attaques comme une tentative d’entrave à l’initiative du Roi Mohammed VI pour la révision de la Moudawana via le lancement d’une série de concertations politiques et civiles loin de toute sacralisation et en parfaite harmonie avec les revendications du mouvement marocain des droits de l’Homme et les exigences de l’État dans son implication active aux Nations-Unies”.