Paris: des médecins maghrébins manifestent pour faire reconnaître leur diplôme étranger

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Credits: S.Toubon

« Médecins pas cher, la bonne affaire »: une centaine de praticiens diplômés hors de l’Union européenne mais travaillant dans des hôpitaux français sous des statuts précaires se sont rassemblés jeudi à Paris pour réclamer leur régularisation, a constaté une journaliste de l’AFP.
« Halte à la précarité des médecins étrangers », ont scandé les manifestants rassemblés devant le ministère de la Santé, en blouse blanche et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « médecins en détresse ».
Ces médecins, mais aussi pharmaciens ou encore dentistes, formés pour la plupart au Maghreb et dont le diplôme n’est pas reconnu en France, répondaient à l’appel du syndicat national des praticiens à diplôme hors Union européenne (padhue), soutenu par une quinzaine de syndicats hospitaliers, un an quasiment jour pour jour après une précédente manifestation.
En cause, la « situation alarmante » de 4.000 praticiens travaillant dans le public comme « faisant fonction d’interne » (FFI) ou comme « praticien attaché associé » pour de faibles rémunérations et « sans perspectives d’évolution ».
« Je fais le même travail que les autres mais j’ai honte quand je regarde ma fiche de paie », a témoigné Elya (prénom modifié), une pédiatre exerçant comme FFI depuis plus de quatre ans et rémunérée « moins qu’une aide-soignante ».
 
Lire aussi: Portugal: démission collective de médecins face à la dégradation de leur hôpital
 
Ces praticiens, parfois indispensables au fonctionnement des services, sont pourtant selon leur syndicat menacés de ne plus pouvoir travailler dans les hôpitaux français au 1er janvier 2019.
Jusque fin 2016, des mesures dérogatoires permettaient à ceux arrivés en France avant août 2010 de valider leur diplôme en passant un examen au terme de trois années d’exercice.
Environ 1.000 médecins qui n’ont pas obtenu cet examen sont autorisés à exercer jusque fin décembre 2018 en vertu d’une dérogation qui devrait être prolongée de deux ans, grâce à une proposition de loi discutée le 4 décembre à l’Assemblée nationale, déposée par Julien Borowczyk (LREM).
Mais cela ne fait que « prolonger la précarité », s’est indigné Salem Ould Zein, le président du syndicat des padhue, et ne résout pas la situation de quelque 3.000 médecins recrutés depuis l’été 2010. L’examen a aujourd’hui été supprimé au profit d’un concours beaucoup plus sélectif.
Le gouvernement veut arranger les choses
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a « indiqué à plusieurs reprises » vouloir « améliorer (le) processus d’intégration » de ces professionnels dans le système français, a rappelé la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), qui a reçu une délégation.
A l’issue de cette rencontre, Samia Laoufi, du syndicat des padhue, s’est dite « rassurée ». Outre la proposition de loi, le gouvernement prévoit d’aborder la question de la reconnaissance des padhue dans la loi santé prévue pour « le 1er semestre 2019 », à côté notamment de la suppression du « numerus clausus », a-t-elle expliqué.
Une nouvelle réunion sera organisée le 23 novembre au ministère, a-t-elle précisé, espérant obtenir du « concret ».
Sans quoi les padhue pourraient se mettre « en grève pour les fêtes de fin d’année », période à laquelle ils sont fortement sollicités, a prévenu Mme Laoufi.

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