L’Iran promet une «vengeance» après l’assassinat d’un colonel

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Ebrahim Raïssi
Le président iranien, Ebrahim Raïssi. Crédit: DR.

L’Iran a promis lundi de venger « l’assassinat » d’un officier des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du pays, tué la veille par balles à Téhéran. 

Le colonel Sayyad Khodaï a été tué par deux motards qui ont ouvert le feu sur lui dans l’est de la capitale, selon des sources officielles. Il a été atteint de cinq balles alors qu’il rentrait chez lui, selon l’agence de presse officielle Irna.

L' »assassinat » de cette figure importante s’est produit près de deux ans après celui du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, tué en novembre 2020 près de Téhéran dans une attaque contre son convoi imputée par l’Iran à Israël, son ennemi juré.

« Je ne doute pas que le sang de ce grand martyr sera vengé », a déclaré le président Ebrahim Raïssi à la télévision d’Etat au lendemain du meurtre de Sayyad Khodaï.

« La main de l’arrogance mondiale peut être vue dans ce crime », a ajouté M. Raïssi, une expression faisant référence aux Etats-Unis et à leurs alliés, dans la phraséologie officielle iranienne.

Les Gardiens de la Révolution ont eux aussi dénoncé un « acte terroriste » commis par des « éléments liés à l’arrogance mondiale », et présenté Sayyad Khodaï comme un « défenseur du sanctuaire ».

Le terme de « défenseur du sanctuaire » désigne toute personne travaillant pour le compte de la République islamique d’Iran en Syrie et en Irak, deux pays abritant des lieux de culte chiites et où l’Iran affirme être présent par le biais de « conseillers militaires ».

Selon la télévision iranienne, le colonel était « connu » en Syrie, pays en guerre depuis 2011 où l’Iran aide militairement le régime de Bachar al-Assad, son allié.

« Mort à l’Amérique, Mort à Israël »

« Ceux qui ont perdu sur le champ (de bataille) face aux défenseurs du sanctuaire manifestent leur désespoir » avec le meurtre de Sayyad Khodaï, a dit M. Raïssi, sans plus de précisions.

Une « cérémonie d’adieu » au colonel a eu lieu à Téhéran où sa dépouille a été transportée au « Meraj al-Shohada » (« Ascension des martyrs »), un lieu de mémoire du centre de la capitale iranienne.

Plusieurs Iraniens se sont rassemblés sur place, et certains ont scandé « Mort à l’Amérique, Mort à Israël », selon l’agence de presse iranienne Mehr.

Lire aussi: Rare visite du président syrien en Iran

Ses funérailles doivent se tenir mardi matin sur la place Imam-Hossein, dans le centre de Téhéran, selon les Gardiens de la Révolution.

Après l’attaque contre le colonel iranien, l’agence Irna a publié des photos montrant un homme couvert de sang, assis sur le siège du conducteur d’une voiture aux vitres brisées.

Selon l’agence de presse Tasnim, Khodaï se trouvait « près de chez lui » quand il a été tué et « sa femme a été la première personne à découvrir le corps ».

« Les circonstances de cet assassinat font l’objet d’une enquête », a indiqué le porte-parole de l’état-major interarmées iranien, le général Abolfazl Shekarchi, cité par les médias locaux.

Plus important personnage

Le colonel Khodaï est le personnage le plus important tué en Iran depuis l’assassinat en novembre 2020 de Mohsen Fakhrizadeh.

Ce dernier avait été présenté comme un vice-ministre de la Défense et le chef de l’Organisation de la recherche et de l’innovation en matière de défense (Sépand), ayant notamment contribué à la « défense anti-atomique » de l’Iran.

L’Iran avait aussitôt accusé le Mossad, les services secrets israéliens, d’avoir commandité l’attentat contre Mohsen Fakhrizadeh.

Le meurtre du colonel iranien est intervenu alors que les négociations à Vienne entre l’Iran et les puissances mondiales pour relancer un accord international conclu en 2015 et visant à encadrer le programme nucléaire iranien, sont en panne.

En 2018, les Etats-Unis s’étaient retirés unilatéralement de cet accord et avaient rétabli les sanctions contre l’Iran.

Les négociations de Vienne, lancées il y a plus d’un an, sont à l’arrêt depuis deux mois, alors même qu’un projet de texte semblait à portée de signature.

L’un des derniers obstacles est la demande de Téhéran que les Etats-Unis retirent les Gardiens de la Révolution de la liste noire américaine des « organisations terroristes étrangères ».

Washington et Téhéran n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980.

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